Face à la saturation des prisons françaises, Emmanuel Macron s’est dit favorable à l’idée d’incarcérer des détenus hors du territoire national, à l’image de certains voisins européens.
Lors de son intervention télévisée sur TF1, mardi 13 mai, Emmanuel Macron a jugé « pertinente » l’idée de louer des places de prison à l’étranger, une option déjà mise en œuvre par plusieurs pays d’Europe. Le président répondait ainsi à une proposition du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dans un contexte de surpopulation carcérale record : plus de 80 000 détenus pour 62 000 places au 1er décembre dernier.
Le Danemark a déjà signé un accord avec le Kosovo
La location de cellules pénitentiaires hors frontières n’est pas une innovation française. En 2021, le Danemark a conclu un accord avec le Kosovo pour l’utilisation de 300 cellules dans la prison de Gjilan, destinées à des migrants expulsables. Le contrat, d’un montant de 200 millions d’euros, doit entrer en vigueur en 2027.
Le but : augmenter la capacité carcérale danoise tout en externalisant la détention de certaines catégories de détenus, notamment étrangers. Le Kosovo, de son côté, espère tirer profit de l’investissement et du transfert d’expertise.
La Belgique, précurseur en matière de prisons externalisées
Entre 2010 et 2023, la Belgique a loué des cellules aux Pays-Bas, notamment à Tilbourg, Breda et Lelystad, pour héberger jusqu’à 650 détenus belges. Cette pratique a pris fin avec la décrue de la surpopulation carcérale belge, mais elle reste un précédent européen notable.
La Suède sur le point de franchir le pas
Plus récemment, en janvier 2025, la Suède a également annoncé envisager cette solution, en se concentrant sur les ressortissants étrangers en instance d’expulsion, mais sans exclure ses propres citoyens. Un accord intergouvernemental, avec validation parlementaire, serait nécessaire pour concrétiser cette politique.
Une solution pour la France ?
Avec un taux d’occupation carcérale supérieur à 130 %, la France cherche à désengorger ses établissements pénitentiaires. La location de cellules à l’étranger pourrait apparaître comme une solution pragmatique, mais elle pose aussi de nombreuses questions juridiques, logistiques et éthiques : quel pays partenaire ? Quel cadre législatif ? Quel coût réel ?
Un débat européen sur la souveraineté pénitentiaire
L’externalisation de l’incarcération interroge les fondements de la souveraineté judiciaire. Si elle offre une bouffée d’oxygène logistique, elle risque aussi de créer des zones grises en matière de droits des détenus et de creuser les écarts entre justice nationale et détention délocalisée.
La France prendra-t-elle le virage de la prison hors sol comme l’a déjà fait le président Trump aux Etats-unis ? Emmanuel Macron semble y réfléchir sérieusement.
Source : Le Point.