Lors d’une interview avec Darius Rochebin sur LCI, Jean–Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères et de l’Europe, a réaffirmé ce dimanche la position de la France face à la montée des critiques contre l’Union européenne, notamment de la part de Donald Trump et de son vice-président JD Vance. Barrot a dénoncé une tentative de changement de paradigme politique par une « internationale réactionnaire » qui menace l’intégrité de l’Europe.
Le JDD de Bernard Arnault, patron du groupe LVMH, membre du forum économique mondial, s’était déjà enflammé le 15 février dernier en titrant « Jean-Noël Barrot recadre J.D. Vance après son discours à Munich », mais le ministre des Affaires étrangères a martelé dimanche que l’approche populiste et idéologique de Trump et de son entourage pourrait mener au démantèlement de l’Union européenne.
Pour le ministre, ces attaques contre l’UE reflètent une vision qui ne correspond pas aux réalités géopolitiques actuelles, où la crise ukrainienne et la pandémie de Covid-19 ont renforcé l’importance stratégique de l’Union européenne.
Il a ajouté que malgré les pressions, les Européens ne renonceraient pas à leur modèle d’intégration et de coopération. « L’Europe est leur assurance-vie, et ils n’accepteront pas une idéologie qui conduirait au démantèlement de l’Union », a-t-il précisé.
Un appel au réveil stratégique
Barrot a également évoqué la réunion convoquée par Emmanuel Macron pour ce lundi 17 février, soulignant qu’elle intervient à un moment clé de l’histoire de l’Europe. « Nous devons accélérer le développement de notre autonomie stratégique », a affirmé le ministre. Pour lui, les Européens doivent assumer davantage de responsabilités en matière de sécurité, notamment en réponse à l’agression russe en Ukraine, afin de ne plus dépendre des États-Unis.
Le ministre a fait référence au discours de Macron en 2017, où il appelait déjà à un réveil stratégique de l’Europe. Ce moment, a-t-il ajouté, marque un tournant pour la défense et la sécurité du continent européen. « Nous devons garantir la paix en Ukraine tout en devenant autonomes dans la défense de notre continent », a-t-il déclaré.
La question de l’OTAN et de la défense européenne
Sur la question de l’OTAN, Jean-Noël Barrot a souligné que la meilleure garantie pour l’Europe face à la menace russe était de renforcer la coopération au sein de l’Alliance atlantique. Toutefois, il a aussi affirmé la nécessité de construire une défense européenne plus indépendante. « Nous devons prendre les mesures nécessaires pour garantir notre sécurité, sans être les vassaux de puissances extérieures », a-t-il ajouté.
En ce qui concerne la situation en Ukraine, le ministre a évoqué les efforts militaires et financiers de l’Europe, première contributrice mondial et de la France pour soutenir Kiev dans sa lutte contre l’agression russe. Barrot a souligné que les sanctions contre la Russie seraient intensifiées pour asphyxier son économie et limiter ses capacités à poursuivre la guerre.
Barrot a également assuré ne pas renoncer à l’intégration de l’Urkaine dans l’OTAN, alors que la Russie martelle qu’il s’agissait d’une ligne rouge et que l’envoyé spécial des États-Unis pour l’Ukraine, Keith Kellogg, a déclaré que cela n’était pas réalisable dans ce contexte.
Jean-Noël Barrot explique qu’il ne souhaite pas reprendre contact avec Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russes, tant que la menace russe sur la sécurité de l’Europe persiste. Il précise qu’une fois cette menace surmontée, la France pourra envisager des échanges. Actuellement, il n’est pas disposé à répondre à un appel de Lavrov, sauf si cela concerne des avancées concrètes, comme des garanties de sécurité pour l’Ukraine ou son éventuelle adhésion à l’OTAN.
Sa défiance à l’égard de la Russie
Jean-Noël Barrot a expliqué qu’il ne souhaitait pas reprendre contact avec Lavrov, tant que la menace russe sur la sécurité de l’Europe persiste. Il a toutefois précisé qu’une fois cette menace surmontée, la France pourra envisager des échanges. Actuellement, il n’est pas disposé à répondre à un appel de Lavrov, sauf si cela concerne des avancées concrètes, comme des garanties de sécurité pour l’Ukraine ou son éventuelle adhésion à l’OTAN.
Jean-Noël Barrot a conclu l’entretien en appelant les Européens à rester unis et déterminés face aux défis posés par les États-Unis et la Russie. « L’Europe doit être capable de se défendre seule et de garantir sa place sur la scène internationale », a-t-il insisté. Le ministre a également évoqué l’importance d’une solidarité forte au sein de l’Union européenne, afin de préserver la paix et la stabilité sur le continent.
La liberté d’expression
Alors que J.D. Vance a proféré de lourdes accusations à l’égard de l’Europe, l’accusant de porter atteinte à la démocratie et à la liberté d’expression, dénonçant notamment le DSA, le texte réglementant la modération des réseaux sociaux sur le territoire européen, Barrot qui était auparavant en charge du Numérique et avait menacé le réseau social d’Elon Musk d’exclusion, a rejeté l’idée selon laquelle il y aurait une tendance excessive à la censure aujourd’hui, estimant que la liberté d’expression doit être encadrée par des bornes pour éviter qu’elle ne devienne la « liberté du plus fort ». Il a rappellé que les révolutionnaires français avaient déjà posé des limites à cette liberté, notamment pour protéger le débat démocratique et garantir l’équité, en particulier pendant les campagnes électorales.
Barrot a insisté sur le fait que les bornes à la liberté d’expression doivent être fixées contre des pratiques comme l’apologie du terrorisme et des crimes, et que la loi, avec ses condamnations, doit intervenir lorsque ces limites sont franchies. Enfin, il critique ce qu’il appelle l’« internationale réactionnaire », suggérant que ceux qui appellent à l’abolition de ces bornes cherchent à affaiblir ces principes démocratiques.