Sébastien Lecornu souhaite créer une allocation sociale unique qui regrouperait APL, RSA et autres prestations. Une réforme ambitieuse interroge par sa complexité, selon l’éditorialiste Nicolas Doze.

Le gouvernement Lecornu veut engager l’une des réformes sociales les plus structurantes de ces dernières années avec la création d’une allocation sociale unique. L’annonce a été faite lors des Assises des Départements de France, dans le Tarn, où le Premier ministre a confirmé le dépôt d’un projet de loi dès le mois de décembre. L’objectif affiché est clair : réunir au sein d’un versement unique des aides aujourd’hui éclatées entre de multiples organismes, comme les APL, le RSA ou d’autres prestations sociales.

Pour Sébastien Lecornu, cette réforme est un symbole d’efficacité administrative dans un pays qui peine depuis longtemps à simplifier ses dispositifs sociaux. Il estime que la France ne peut continuer à multiplier les guichets et les critères, au risque de perdre les allocataires dans une complexité administrative devenue incompréhensible. Le chef du gouvernement défend ainsi une allocation plus lisible, centralisée et facile d’accès.

Cette volonté politique se heurte toutefois à une réalité technique selon, Nicolas Doze, éditorialiste économie sur LCI. Selon lui, réunir des aides gérées par des institutions différentes relève d’un chantier colossal. Il souligne l’écart entre la promesse de simplicité et l’architecture administrative actuelle, composée d’une mosaïque de règles, de caisses, de modalités d’attribution et de systèmes d’information qui ne communiquent pas toujours entre eux. L’idée séduit par son ambition, mais la mise en œuvre pourrait se révéler longue, coûteuse et semée d’obstacles, selon l’éditorialiste.

La création d’un guichet unique serait pourtant un tournant pour des millions de ménages qui peinent à naviguer entre les dispositifs existants. Une allocation consolidée pourrait réduire le non-recours aux droits, améliorer la lisibilité du système social et offrir une meilleure prévisibilité des ressources. Mais l’équilibre à trouver entre efficacité, justice sociale et faisabilité technique reste fragile.

Alors que le débat public s’engage, les prochains mois permettront de mesurer si cette réforme peut réellement voir le jour ou si elle rejoindra la longue liste des ambitions sociales freinées par la complexité de l’administration française. Le gouvernement en fait un marqueur fort de son action. Les experts, eux, rappellent que la route sera longue avant de concrétiser un tel bouleversement.