Le criminologue Alain Bauer, ancien Grand Maître du Grand Orient de France, a lancé un avertissement particulièrement grave lors de son passage sur LCI le 8 décembre. Selon lui, la France fait face à un tournant historique dans le paysage du crime organisé. L’expression qui a marqué l’émission résume son analyse : « Les mafieux nous expliquent ce qu’ils sont en train de faire et nous n’y croyons toujours pas« .

Cette mise en garde intervient alors que les règlements de comptes explosent et que plusieurs services de l’Etat reconnaissent une recomposition profonde du trafic de stupéfiants. Pour Bauer, la thèse d’un simple banditisme éclaté ne tient plus. Une mafia est bien en train de s’installer.

La DZ Mafia : la première structure mafieuse implantée durablement en France

Pour Alain Bauer, la France a longtemps été traversée par des individus liés à des organisations criminelles étrangères, mais n’a jamais connu l’implantation d’une véritable mafia structurée. La situation a changé. Il affirme que la DZ Mafia a désormais posé ses fondations sur le territoire national.

Selon lui, cette organisation ne ressemble plus aux réseaux fragmentés qui dominaient autrefois les trafics locaux. Elle progresse en continu, s’étend et s’enracine. Sa zone d’influence s’étire de Marseille jusqu’aux frontières belges et hollandaises. Une emprise territoriale inédite qui marque une rupture dans l’histoire criminelle récente du pays, d’après le criminologue.

Une dynamique d’expansion : accords forcés ou élimination

Le criminologue décrit une mécanique classique des organisations mafieuses : l’extension par coopération ou par suppression. Selon lui, la DZ Mafia avance en imposant un choix clair aux groupes locaux. Les clans ont le choix entre signer un accord, se soumettre ou disparaître. Ce schéma explique, dans son analyse, l’augmentation massive des règlements de comptes observés ces dernières années.

La ville de Marseille illustre ce basculement. Selon Bauer, la DZ Mafia en a désormais pris le contrôle total. Il rappelle que le ministre de l’Intérieur Jean-Philippe Nunez a récemment détaillé le processus qui a permis à cette organisation de s’affirmer. Pour Bauer, les signaux étaient visibles, mais n’ont pas été reconnus à temps.

Une erreur récurrente : refuser de croire ceux qui annoncent leurs intentions

Le fil conducteur de l’intervention repose sur un constat sévère. Bauer estime que l’Etat et la société ont répété le même schéma que face aux menaces terroristes ou aux régimes autoritaires.

L’ancien Grand maitre du Grand Orient a d’ailleurs repris sa vieille marotte : « il faut toujours écouter les dictateurs et les terroristes qui passent leur temps à vous expliquer ce qu’ils vont faire, nous passons notre temps à ne pas y croire ». « Les mafieux nous expliquent ce qu’ils sont en train de faire et nous n’y croyons toujours pas », a-t-il conclu.