Le Premier ministre joue son avenir politique le 8 septembre avec un vote de confiance sur un plan d’économies de 44 milliards d’euros. Fidèle à son style offensif, François Bayrou préfère provoquer le débat plutôt que subir une motion de censure, quitte à risquer une sortie fracassante.
François Bayrou ne se dérobe pas. Malgré une impopularité record, le chef du gouvernement persiste à vouloir redresser les finances de la France, quitte à s’exposer à un rejet brutal de l’Assemblée nationale où il ne dispose pas de majorité. Son projet pour le budget 2026 prévoit un plan d’économies de 44 milliards d’euros, mesure radicale dans un contexte politique déjà saturé de tensions.
Dans l’entourage du Premier ministre, la stratégie n’a rien d’une surprise. « Il ne tombera pas sur une motion de censure, il préférera démissionner », avertissait dès le début du mois d’août Richard Ramos, député MoDem du Loiret et fidèle compagnon de route. Bayrou, fin tacticien, sait que la mécanique parlementaire peut parfois réserver des ouvertures. Le vote de confiance du 8 septembre, qu’il a lui-même initié, n’obéit pas aux mêmes règles qu’une motion de censure : une abstention du Rassemblement national pourrait suffire à sauver son gouvernement, tandis qu’un attentisme similaire du Parti socialiste ne le condamnerait pas automatiquement.
Mais la perspective est d’ores et déjà compromise. Marine Le Pen a annoncé que son parti voterait « évidemment contre la confiance au gouvernement François Bayrou », appelant à une nouvelle dissolution. Face à cette opposition frontale, le Premier ministre joue son va-tout, préférant s’exposer dans un bras de fer assumé que d’attendre sa chute.
La démarche rappelle celle de Pierre Mendès France, modèle revendiqué par Bayrou. En 1945, l’éphémère président du Conseil avait choisi la démission après le rejet de son plan de rigueur par le général de Gaulle. Le Béarnais, qui cultive l’image d’un homme politique intransigeant et visionnaire, pourrait bien suivre cette voie, transformant sa défaite annoncée en baroud d’honneur.
Au-delà de sa survie personnelle, ce vote cristallise l’impuissance chronique du système politique français depuis la dissolution de 2024. Emmanuel Macron, fragilisé et isolé, voit son gouvernement au bord de l’asphyxie. La rentrée parlementaire, sur fond d’appel à « bloquer le pays », pourrait faire basculer la France dans une nouvelle zone de turbulences, au moment même où l’Europe a besoin de stabilité..
Source :
Marianne – « LE BA(Y)ROUD D’HONNEUR » – lien