Alors que François Bayrou mise tout sur un vote de confiance le 9 septembre, l’hypothèse d’une nouvelle dissolution plane sur la vie politique française. Officiellement, Emmanuel Macron s’y dit opposé, mais l’Élysée ne ferme aucune porte, alimentant les spéculations dans une rentrée déjà explosive.
À peine François Bayrou a-t-il annoncé son intention de solliciter un vote de confiance le 9 septembre que la question de son avenir, et par ricochet celui de l’Assemblée nationale, s’impose avec fracas. Le Premier ministre, fragilisé par une majorité introuvable et un plan d’économies radical, semble condamné à un échec. Dès lors, l’hypothèse d’une nouvelle dissolution, un an seulement après celle de juin 2024, refait surface, attisée par une opposition déterminée et une majorité présidentielle divisée.
Depuis le 8 juillet, Emmanuel Macron dispose à nouveau de son pouvoir constitutionnel de dissoudre l’Assemblée. Mais après avoir reconnu que sa précédente décision avait « apporté davantage de divisions que de solutions », le chef de l’État se montre prudent. Son entourage l’affirme à RMC : la dissolution « n’est pas son souhait », tout en admettant qu’il ne s’en privera pas si la situation l’exige. Une ambiguïté qui n’étonne guère à Paris, où les équilibres politiques sont désormais si précaires qu’aucune option n’est exclue.
L’opposition, elle, n’attend qu’un faux pas. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, réclame ouvertement un retour aux urnes, estimant qu’« il n’y a qu’une seule possibilité pour sortir de l’impasse politique ». Jean-Luc Mélenchon va plus loin, appelant Emmanuel Macron à démissionner afin d’empêcher la nomination d’un nouveau Premier ministre « qui ferait la même politique ». Dans la foulée, le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a exhorté les électeurs à s’inscrire massivement sur les listes électorales, signe que la gauche prépare déjà la bataille.
À gauche comme à l’extrême droite, l’éventualité d’un scrutin anticipé est donc perçue comme une opportunité. Mais même au sein du camp présidentiel, certains commencent à envisager sérieusement l’idée, tout en soulignant ses risques. « Il vaut mieux pouvoir trouver un compromis avec les groupes politiques à l’Assemblée », plaide Gérald Darmanin, rappelant le coût politique et économique d’une dissolution. Pourtant, un cadre de la majorité confie à l’AFP que ce scénario est « inexorable ».
L’équation est d’autant plus complexe que François Bayrou, affaibli mais combatif, continue de se présenter comme le seul capable de porter la rigueur budgétaire. Mais sa survie politique est suspendue à un vote dont l’issue semble scellée. Emmanuel Macron, contraint à l’équilibrisme, pourrait bien devoir trancher dans l’urgence. À deux ans de la présidentielle, la France s’avance vers une rentrée où la menace du chaos parlementaire n’a jamais été aussi palpable.
Sources :
Le HuffPost – « Une nouvelle dissolution après un départ de François Bayrou de Matignon ? L’Élysée entretient l’ambiguïté » – lien