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Photo : compte X de Pierre Bertonnetti.

Lyon : le nouveau Grand Maître du Grand Orient de France juge bénéfique l’absence de Grégory Doucet aux Voeu des échevins

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À la veille d’une conférence consacrée à la laïcité organisée ce samedi 29 novembre à Villeurbanne, le nouveau Grand Maître du Grand Orient de France, Pierre Bertinotti, a détaillé sa vision d’une franc-maçonnerie plus visible et engagée. Interrogé par Le Progrès dans un entretien publié le 28 novembre, il défend une laïcité « sans adjectif » et juge bénéfique l’absence du maire de Lyon au traditionnel Vœu des échevins.

La franc-maçonnerie, souvent enveloppée de mystère et placée au cœur d’innombrables spéculations, entend aujourd’hui réaffirmer son rôle dans le débat public. Dans le Rhône, où plus de 1 600 membres sont répartis dans les loges — dont 15 % de femmes, une proportion légèrement supérieure à la moyenne nationale — l’implantation du Grand Orient de France témoigne d’une longue histoire. Dès le XVIIIe siècle, Lyon, cité commerçante et carrefour artisanal, a vu affluer marchands, artisans et professions libérales dans les loges. Cette tradition fait encore de la ville l’un des foyers maçonniques les plus actifs de France, rappelle Pierre Bertinotti, nouvellement élu Grand Maître de la première obédience maçonnique française, forte de plus de 56 000 membres.

À l’occasion du 120e anniversaire de l’organisation, un « Tour de France » consacré à la laïcité et aux libertés a été lancé. Ancien fonctionnaire des finances et économiste, Bertinotti insiste sur la dimension sociale de l’engagement maçonnique. Selon lui, l’extériorisation n’est pas une rupture mais une évidence : participer au débat public et encourager l’action des « frères » et des « sœurs » reste au cœur de la vocation de l’obédience. Face à l’explosion des inégalités et au sentiment de déclassement qui fragilise la cohésion du pays, il appelle à replacer les valeurs sociales au premier plan, estimant que « la non-reconnaissance de chacun d’entre nous » nourrit le malaise contemporain.

La laïcité constitue néanmoins le fil rouge de son mandat. Bertinotti rappelle que le mot lui-même ne figure pas dans la loi de 1905, mais que celle-ci s’appuie sur un principe central : la liberté absolue de conscience. Dans un contexte marqué par la résurgence de formes extrêmes du religieux, il défend une laïcité « sans adjectif », garante de la possibilité pour chacun de croire ou de ne pas croire. À ses yeux, la constitutionnalisation des articles 1 et 2 de la loi de 1905 offrirait une protection supplémentaire face aux reculs idéologiques qui émergent dans de nombreux pays. Citant Victor Hugo — « l’Église chez elle, l’État chez lui » — il souligne la résonance contemporaine d’un principe pourtant formulé en 1850.

L’exemple lyonnais s’est naturellement invité dans l’entretien. Depuis son élection, le maire Grégory Doucet ne participe pas au traditionnel Vœu des échevins, cérémonie séculaire mêlant autorités civiles et religieuses. Un choix régulièrement débattu dans la capitale des Gaules. Pour Pierre Bertinotti, la position du maire relève d’une vigilance républicaine bienvenue. Il affirme qu’« éviter la confusion des idées » entre Église et affaires publiques constitue une exigence d’autant plus forte que l’opinion reste sensible à ces questions. L’enjeu, selon lui, dépasse toute considération partisane : il s’agit de préserver la cohésion et l’apaisement dans une période tendue. Il évoque toutefois un exemple à Metz, dans sa région d’origine, où un maire avait contribué à la construction d’une mosquée dans le strict respect de l’esprit de la loi de 1905, qui garantit la liberté de culte tant que les financements respectent le cadre légal.

Sources :
Le Progrès – Entretien avec Pierre Bertinotti (28 novembre 2025) – lien

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