Dix ans après son ouverture, l’affaire pénale visant les anciens dirigeants de la FIFA et de l’UEFA se clôt en Suisse. Le ministère public renonce à tout recours contre leur relaxe, scellant une décennie de procédures judiciaires à forte portée médiatique et politique.

Le rideau tombe sur une affaire qui a durablement marqué l’histoire du football mondial. Le ministère public de la Confédération helvétique a annoncé, jeudi 28 août 2025, sa décision de ne pas former de recours contre la relaxe confirmée en mars dernier de Michel Platini et Sepp Blatter. Cette décision consacre la fin définitive des poursuites pénales engagées pour escroquerie, gestion déloyale, abus de confiance et faux dans les titres.

Les deux anciens présidents de l’UEFA et de la FIFA étaient jugés pour un versement de deux millions de francs suisses effectué en 2011 par la FIFA à Michel Platini, censé correspondre à un reliquat de salaire pour des services rendus entre 1998 et 2002. Selon les prévenus, ce paiement reposait sur un contrat verbal validé à l’époque par Blatter.

Déjà acquittés en première instance, les deux hommes avaient vu leur relaxe confirmée en appel en mars 2025, au bénéfice du doute. La cour avait estimé que l’accusation n’avait pas été en mesure de démontrer une volonté d’enrichissement personnel ou une contrepartie politique directe, notamment en lien avec l’élection de Blatter à la tête de la FIFA en 2011. La nature orale de l’accord, bien qu’inhabituelle, a été jugée conforme aux pratiques de l’époque.

Michel Platini, suspendu de toute fonction par la FIFA en 2015, a toujours dénoncé un complot destiné à l’empêcher de briguer la présidence de l’organisation. Son avocat, Me Dominic Nellen, a évoqué des conséquences « personnelles et professionnelles considérables », évoquant désormais l’éventualité d’actions juridiques contre les responsables de la procédure.

Les rebondissements de ce dossier ont révélé les tensions internes à la FIFA à l’aube de l’après-Blatter. Plusieurs témoignages et documents judiciaires évoquent une stratégie délibérée pour écarter Platini, notamment à travers la divulgation ciblée de cette affaire. L’ancien secrétaire général Jérôme Valcke aurait reconnu que « suffisamment de matériel » existait pour empêcher la candidature du Français.

Si la procédure pénale est close, la FIFA poursuit Platini et Blatter au civil devant un tribunal de Lausanne pour obtenir le remboursement des deux millions versés en 2011. Un dernier chapitre judiciaire pourrait donc encore s’écrire, dans une affaire où les motivations politiques et les logiques de pouvoir n’ont jamais cessé d’alimenter les zones d’ombre.

Sources :
Le Monde – Michel Platini et Sepp Blatter définitivement relaxés en Suisse – 28 août 2025