Le Congrès américain relance l’enquête autour de Jeffrey Epstein en assignant à comparaître Bill et Hillary Clinton. Le couple démocrate est convoqué en octobre, dans le cadre d’auditions très attendues sur les zones d’ombre de l’affaire qui continue de secouer les élites politiques américaines.
C’est un tournant spectaculaire dans une affaire qui n’en finit plus de révéler ses ramifications. Le Congrès des États-Unis, à majorité républicaine, a assigné à comparaître l’ancien président Bill Clinton ainsi que son épouse, Hillary Clinton, dans le cadre de son enquête parlementaire sur l’affaire Jeffrey Epstein, du nom du financier américain reconnu coupable d’exploitation sexuelle de mineures et retrouvé mort dans sa cellule en 2019.
La convocation du couple a été annoncée mardi 5 août par James Comer, président de la commission de supervision de la Chambre des représentants. Dans une lettre adressée à Bill Clinton, l’élu républicain rappelle que l’ex-chef d’État a voyagé à bord du jet privé d’Epstein à quatre reprises entre 2002 et 2003. Pour Hillary Clinton, ancienne secrétaire d’État et candidate à la présidentielle de 2016, les parlementaires s’interrogent sur la proximité de sa famille avec Epstein, mais aussi avec Ghislaine Maxwell, complice du financier, condamnée en 2022 à vingt ans de prison pour trafic sexuel de mineures.
Les auditions prévues à Washington s’étaleront de mi-août à mi-octobre, selon un calendrier révélé par les instances parlementaires. Hillary Clinton est convoquée le 9 octobre, Bill Clinton le 14. Les deux anciens locataires de la Maison Blanche ne sont pas les seuls visés. La commission a également assigné six anciens ministres de la Justice ainsi que deux anciens directeurs du FBI, dont James Comey, pour témoigner sur la manière dont l’enquête judiciaire sur Epstein a été conduite, en particulier avant son arrestation en 2019.
Depuis le décès controversé de Jeffrey Epstein à la prison fédérale de Manhattan, de nombreuses théories ont fleuri sur les circonstances exactes de sa mort, officiellement classée comme un suicide. L’homme était accusé d’avoir organisé, pendant plusieurs années, un vaste réseau d’exploitation sexuelle de jeunes filles, avec la participation présumée de figures politiques, économiques et culturelles de premier plan, aux États-Unis comme à l’étranger.
Ces nouvelles assignations surviennent alors que le numéro deux du ministère de la Justice, Todd Blanche, s’est récemment rendu en Floride pour interroger en personne Ghislaine Maxwell, toujours incarcérée. L’audition publique initialement prévue pour le 11 août a toutefois été reportée sans nouvelle date. Trois hauts responsables ont indiqué à CNN que le ministère disposait d’un enregistrement audio complet de cet entretien, dont la transcription pourrait être rendue publique dans les prochaines semaines.
Donald Trump, dont le nom a lui aussi été associé à Epstein dans le passé, tente d’instrumentaliser politiquement le dossier à l’approche des échéances électorales. Mais les révélations promises tardent à se concrétiser. En juillet dernier, le département de la Justice a annoncé ne pas disposer d’éléments nouveaux permettant de justifier la publication de documents supplémentaires. Une annonce qui a suscité la frustration jusque dans les rangs trumpistes.
Dans ce contexte électrique, la comparution annoncée des Clinton pourrait raviver les tensions autour d’une affaire qui, au-delà de ses dimensions judiciaires, reste un terrain hautement inflammable sur le plan politique et médiatique.
Sources :
People, 5 août 2025
Associated Press (AP), 6 août 2025
Fox News, 5 août 2025
The Guardian, 6 août 2025