Après cinq jours d’incertitude politique, Emmanuel Macron promet de désigner ce vendredi soir 10 octobre le nouveau Premier ministre. Il a reçu à l’Élysée les chefs de partis, à l’exception du RN et de LFI qui n’étaient pas invités. Leurs commentaires à l’issue de la réunion laissent présager une aggravation de la crise institutionnelle.
La réunion de crise s’est ouverte à 14h30 à l’Élysée, en présence des principaux dirigeants politiques : Gabriel Attal (Renaissance), Édouard Philippe (Horizons), Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau (LR), Marine Tondelier (Écologistes), Olivier Faure (PS) et Fabien Roussel (PCF). Le Rassemblement national et La France insoumise n’ont, eux, pas été conviés, décision justifiée par l’entourage du chef de l’État : ces deux formations “ont indiqué rechercher la dissolution de l’Assemblée nationale”.
Une exclusion vivement dénoncée par Marine Le Pen, qui a fustigé une “rupture avec la fonction présidentielle” et une “réunion de marchands de tapis” visant à éviter le verdict des urnes.
Les partis de gauche ressortent “sidérés” et déçus
À la sortie de la réunion, les dirigeants de gauche ont exprimé leur frustration et leur inquiétude.
“Nous sortons sidérés”, a lancé Marine Tondelier, patronne des Écologistes, affirmant qu’Emmanuel Macron avait confirmé que le futur Premier ministre “ne sera pas issu de la gauche”. Selon elle, le chef de l’État n’a proposé “aucune réponse concrète sur la réforme des retraites”, évoquant seulement un décalage dans le temps de la “mesure d’âge”.
🚨ALERTE INFO
"Nous sortons de cette réunion sidérées, [..] le prochain Premier ministre ne sera pas de notre camp politique", annonce Marine Tondelier
Le ton était tout aussi amer du côté du Parti socialiste :
“Nous n’avons eu aucune réponse sur aucun sujet”, a déploré Olivier Faure, dénonçant un président “pas prêt à nommer un Premier ministre de gauche”. Il a averti : “S’il n’y a pas de suspension de la réforme des retraites, nous censurerons immédiatement le gouvernement.”
Si le changement de cap n’est pas au rendez-vous, nous censurerons immédiatement.
Nous avons reçu un mandat des Français pour agir sur les retraites, le pouvoir d'achat la justice fiscale. Nous n'avons aucune autre préoccupation. Le Parlement doit pouvoir trancher sur ces… pic.twitter.com/W7Vsa4e3bf
Même constat pour Fabien Roussel (PCF), qui a regretté “l’absence totale d’éclaircies dans les réponses d’Emmanuel Macron”, ajoutant que si le futur Premier ministre reste “dans le camp macroniste, ce sera une vraie déception”.
Le président promet une décision “dans les prochaines heures”
Selon Laurent Panifous, chef du groupe Liot, Emmanuel Macron annoncera le nom du nouveau Premier ministre “dans les prochaines heures”. Il a également indiqué qu’il n’y aurait pas de dissolution immédiate, contrairement aux appels répétés de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon.
Deux hypothèses restent donc sur la table : la reconduction de Sébastien Lecornu, Premier ministre démissionnaire mais toujours en piste, ou la nomination d’une nouvelle figure, capable de fédérer un minimum de soutiens au Parlement avant l’examen du budget prévu lundi.
Une France suspendue à une décision cruciale
Cinq jours après la démission surprise de Sébastien Lecornu, l’exécutif reste paralysé. Emmanuel Macron tente d’éviter une motion de censure automatique qui pourrait faire tomber un gouvernement dès sa nomination. Mais les signaux envoyés par la gauche laissent entrevoir une rentrée parlementaire explosive, à moins d’un revirement de dernière minute.