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Pascal Praud et Sonia Mabrouk. Image : Capture d'écran chaine Youtube de l'Assemblée nationale.

CNews au cœur des débats : Entre enjeux éditoriaux et liberté d’expression

Une série de cadres de CNews, y compris des présentateurs de renom tels que Pascal Praud, Laurence Ferrari, Christine Kelly, ou Sonia Mabrouk, ainsi que le directeur de l’information, Thomas Bauder, ont été interrogés ce jeudi par une commission d’enquête à l’Assemblée nationale française, menée par le député Renaissance, Quentin Bataillon, et son rapporteur, l’insoumis Aurélien Saintoul. Au delà de la question de la ligne éditoriale de la chaine dirigée par Vincent Bolloré, se pose la question de la liberté d’expression et de l’influence du Forum économique mondial dans son recul dans notre pays.

La délégation de CNews était convoquée au Palais-Bourbon dans le cadre d’une commission d’enquête à l’occasion de la prochaine attribution des fréquences de la TNT. L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) est en effet en train de déterminer si elle décide de redonner ou non un certain nombre de fréquences à des chaînes comme C8 ou CNews.

Les chaînes de Bolloré ont eu maille à partir avec l’Arcom ces derniers mois. Éric Zemmour, ayant quitté l’antenne, c’est désormais Cyril Hanouna qui est l’une des principales causes des déboires du groupe. La chercheuse au CNRS, Claire Sécaille, avait notamment rendu un rapport analysant le rôle joué par les émissions de Hanouna dans l’ascension des idées d’extrême droite et son traitement défavorable de La France Insoumise. Les rapports avec LFI s’étaient ensuite encore détériorés lors du clash qu’il y avait eu sur le plateau de TPMP au mois de novembre 2022, entre Cyril Hanouna et le député Insoumis, Louis Boyard, un ancien chroniqueur de l’émission. Le premier avait fait valoir au second qu’il était sur la chaîne de Bolloré quand Louis Boyard a critiqué le milliardaire, or justement, les fréquences sont des biens publics et les animateurs doivent en théorie garantir la liberté d’expression.

Le député Renaissance, Quentin Bataillon, n’a pas manqué de rappeler dans un communiqué publié avant l’audition que cette commission avait été « initiée par La France Insoumise en décembre », même si cela ne semblait pas, pour lui, déplaire. Il précisait en effet qu’elle « met particulièrement sous les projecteurs CNews, ainsi que Canal+, C8, et CStar, dans le cadre de l’examen de leurs pratiques journalistiques et éditoriales ».

Bataillon, qui est un proche du Young Global Leader du Forum économique mondial, Gabriel Attal, et qui a réalisé un stage chez Bygmalion en 2012, expliquait que Rachida Dati, ministre de la Culture, proche du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Nicolas Sarkozy et nommée par le contributeur du FEM, Emmanuel Macron, était également appelée à témoigner, ce qui, selon le député Renaissance, témoignait de « l’importance » et de la « gravité de cette enquête ».

Quentin Bataillon, en sa qualité de président de la commission, soulignait « l’importance de cette commission dans le paysage audiovisuel français, rappelant que les fréquences de la TNT, appartenant à l’État, doivent servir l’intérêt public en respectant un cahier des charges strict, incluant le pluralisme des débats et la diversité ».

Selon lui, « L’audition de figures médiatiques telles que Cyril Hanouna, ainsi que des dirigeants de Canal+», témoignait « de la volonté de la commission de s’attaquer frontalement aux problématiques de contrôle et de responsabilité dans le secteur ».

Quentin Bataillon en avait en effet particulièrement après Cyril Hanouna, qu’il avait invité en même temps que Vincent Bolloré le 14 mars au Palais Bourbon, mais le présentateur a fait savoir que son emploi du temps ne lui permettait pas de s’y rendre.

Dans son communiqué, Bataillon insistait aussi sur « la nécessité d’un média TNT protégé et réglementaire, défendant l’idée que l’espace public télévisé doit rester un lieu d’information fiable et équilibré ». Face aux critiques et aux inquiétudes, le député rappelait que « la commission n’a pas pour but de préjuger du renouvellement des autorisations de chaînes mais de vérifier la conformité de leurs opérations avec les exigences réglementaires ».

Des voix s’élèvent pour la liberté d’expression

Le traitement infligé à CNews n’avait en effet pas été sans susciter quelques critiques. Récemment, Alexis Poulin, alors qu’il interrogeait sur les ondes de Sud Radio l’ancien journaliste de RT France, Frédéric Aigouy, après qu’il ait été interdit de point presse à l’Élysée suite à une question qui avait indisposé la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, sur le sabotage des gazoducs Nord Stream, a déploré que Reporters sans frontières s’en prenne à CNews, alors que cette association « devrait défendre les journalistes ». C’est en effet, le secrétaire général de RSF et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Christophe Deloire, qui avait obtenu au mois de février de la part du Conseil d’Etat, qu’il enjoigne l’Arcom à mettre en demeure CNews « de se conformer à ses obligations en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information ». Cela lui avait d’ailleurs valu de nombreuses critiques. En réponse Deloire a organisé une conférence de presse le 20 février au cours de laquelle, il a mis en avant la défense de l’indépendance et du pluralisme de l’information. 

Sur les ondes de Sud Radio, Frédéric Aigouy estimait quant à lui que de ce point de vu là, nous sommes actuellement « en pleine dérive ». « Si on se coupe de tout point de vue extérieur à la doxa et que d’un autre côté on dit ‘on va aller faire la guerre à la Russie’, cela devient très dangereux. Il faut que tout le monde se rappelle que la pluralité des médias est quelque chose d’essentiel. Et la pluralité des médias, ce n’est pas seulement avoir l’avis de LCI et de BFM. Il faut que le gouvernement soit confronté à un autre point de vue. »

Aigouy et Poulin ont évoqué de graves atteintes à la liberté de la presse, dans un contexte marqué par la mise en place du DSA, le texte régulant les plateformes de réseaux sociaux sur le territoire de l’Union européenne ; le réseau social X, qui est dans le collimateur de Thierry Breton, Commissaire européen et ancien PDG du géant numérique français affilié au FEM, Atos ; les difficultés actuelles à évoquer l’Histoire et notamment des événements tels que l’Euromaïdan. Aigouy a posé la question cruciale de la « désinformation », se demandant qui « juge », de ce qui est de la bonne information ou de la désinformation.

Quentin Bataillon rapporteur sur l’audiovisuel public préconise de lutter contre les fake news

Il se trouve justement que Quentin Bataillon a été le rapporteur d’un rapport sur l’avenir de l’audiovisuel public, qui préconisait de renforcer la cellule de fact-checking de France Télévisions pour lutter contre la désinformation. Lorsque nous l’avions rencontré en avril 2022, il nous avait confié que « Le rôle de l’audiovisuel public sera d’autant plus fort aujourd’hui avec l’ensemble des menaces que l’on peut avoir avec les parties extrêmes, les menaces de désinformation, de Fake News, que l’on peut avoir parfois émanant d’autres pays ».

CNews s’est étonnamment retrouvé dans l’œil du cyclone ces derniers temps. Sa présentatrice, Sonia Mabrouk, a notamment répondu aux attaques du journaliste Thomas Legrand, qui l’avait accusée sur France Inter de ne pas être une « vraie journaliste », lors de la Matinale animée par Léa Salamé, la fille du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Ghassan Salamé. De plus, il convient de préciser que Legrand travaille pour Libération, qui est détenu par Altice, le groupe de Patrick Drahi, qui a soutenu la première campagne du contributeur du FEM, Emmanuel Macron. Le média a également obtenu différents prêts de la part de Daniel Kretinsky, dont le dernier datant d’octobre dernier s’élève à plus de 12 millions.

Thomas Legrand travaille également pour Slate France, le magazine cofondé par le Young Global Leader de la Fondation France-Amérique, Jean-Marie Colombani, par laquelle sont passés de nombreux contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, comme Emmanuel Macron, mais aussi François Hollande, ou Pierre Moscovici, côté Français, Bill Clinton côté américain. Parmi les autres cofondateurs de Slate.fr, on peut également citer le contributeur du FEM, Jacques Attali. La version américaine a quant à elle été créée en 1996 et est détenue par Microsoft, le GAFAM qui est membre du Forum économique mondial.

L’audition des cadres de CNews par la Commission parlementaire

Lors de l’audition de jeudi, la question de la représentativité des femmes dans les émissions de CNews a également été soulevée, indiquant un déséquilibre que la direction a reconnu et promis d’améliorer.

Il a également été reproché à Thomas Bauder, le directeur de l’information de CNews, une phrase qu’il aurait prononcé : « Tout le monde est le bienvenu à l’exception de ceux qui se servent de notre plateau pour faire scandale ou pour poursuivre leur agenda ».

Mais c’est surtout la question de la controverse liée à une infographie sur l’avortement diffusée dimanche sur CNews, lors de l’émission religieuse « En quête d’esprit » intitulée « L’avortement : une blessure de l’âme », qui a été au centre des débats. Au cours de cette émission consacrée à la constitutionnalisation de l’IVG qui devrait être débattue à l’Assemblée trois jours plus tard et qui a finalement été adoptée, est apparue à l’écran une infographie sur laquelle on pouvait lire que l’avortement était la première cause de mortalité dans le monde devant le cancer et le tabac. L’incident a servi de point central lors de l’audition, où les dirigeants de CNews ont été confrontés à des questions difficiles sur leur processus éditorial et la prétendue influence de Vincent Bolloré, qui détient par ailleurs le journal « France Catholique ».

La question de l’avortement dans le débat publique

Les députés ont demandé comment l’idée même de mettre une telle infographie a pu traverser l’esprit d’un journaliste ? Or, si la France se veut une démocratie, on doit pouvoir avoir un avis sur la question de l’avortement, quel qu’il soit…

La position de CNews sur cette question passe peut-être d’autant plus mal que des contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial comme Nicolas Sarkozy ou Bill Gates, s’inquiètent de la surpopulation mondiale. En 2009, The Times avait en effet publié un article dans lequel il affirmait que des milliardaires américains, dont les contributeurs de l’agenda 2030 du FEM, Bill Gates, mais aussi George Soros, Michael Bloomberg et Oprah Winfrey, s’étaient rencontrés secrètement au domicile de Sir Paul Nurse, président de l’université privée Rockefeller, « pour examiner comment leur richesse pourrait être utilisée pour ralentir la croissance de la population mondiale », « une menace environnementale, sociale et industrielle désastreuse ».

Quant à la question de l’égalité femme-homme citée plus haut, si elle est évidemment centrale, elle est aussi une marotte du FEM, qui sous prétexte de lutter pour la préservation de l’environnement et l’inclusion, ne cesse d’étendre son influence. Lors de son interview accordée à Joe Rogan au mois d’octobre 2023, Elon Musk accusait le contributeur du FEM, George Soros, de diffuser le « virus woke », qui aurait selon le milliardaire américain « un effet corrosif sur la civilisation ».

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