Le 27 septembre 2024, le virus de Marburg, un proche parent d’Ebola, a fait sa première apparition au Rwanda. En moins d’un mois, les autorités rwandaises, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ont mis en place une réponse rapide et organisée pour juguler cette épidémie. Le pays a déployé des efforts en matière de dépistage, de suivi des contacts, et d’essais cliniques, suscitant les éloges du Directeur général de l’OMS, le Dr Tedros, qui était présent dimanche à Kigali.
Le mercredi 16 octobre, lors de la conférence hebdomadaire de l’OMS, son Directeur général de l’OMS affirmait que l’épidémie de virus de Marburg continuait de progresser au Rwanda, avec 62 cas signalés et 15 décès. Dimanche, depuis Kigali, il déclarait, qu’aucun nouveau cas n’a été signalé depuis plus de six jours, grâce aux mesures efficaces mises en place. Le Rwanda a réussi à éviter une propagation massive du virus, avec un taux de létalité de 24 %, inférieur à d’autres flambées de Marburg mais toujours inquiétant.
Dès l’apparition des premiers cas, le gouvernement a rapidement isolé les malades, tracé les cas contacts et déployé des essais cliniques pour évaluer des vaccins candidats. En collaboration avec l’OMS, le Rwanda a lancé une campagne de vaccination en anneaux, vaccinant plus de 850 personnes en seulement dix jours, principalement des soignants et des contacts proches des patients. Ces efforts ont été rendus possibles par la préqualification de vaccins par l’OMS, et à la donation de 1 700 doses par le Sabin Vaccine Institute.
Des essais sur des candidas vaccins
En parallèle de la campagne de vaccination, le Rwanda a entamé des essais contrôlés randomisés pour tester des traitements potentiels contre le virus de Marburg. Ces essais incluent l’utilisation du remdesivir, un antiviral repositionné après avoir été utilisé contre le Covid-19, et le MBP091, un anticorps monoclonal ciblant spécifiquement le virus de Marburg. Ces essais, bien que toujours en cours, sont essentiels pour évaluer l’efficacité de ces traitements.
En 2022, l’OMS avait déjà recommandé l’utilisation d’anticorps monoclonaux, le mAb114 (Ansuvimab, Ebanga) et le REGN-EB3 (Inmazeb) pour traiter le virus Ebola suite à une revue systématique et une méta-analyse d’essais cliniques, alors que ses experts avaient souligné à plusieurs reprises dans leur rapport le manque de clarté des données.
Les félicitations du Dr Tedros
Lors de sa visite, le Dr Tedros a salué les efforts du Président et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Paul Kagame et des autorités sanitaires rwandaises, déclarant que le Rwanda avait montré un leadership exemplaire dans la gestion de cette crise. Il a également souligné les avancées dans les soins intensifs, citant le succès des traitements pour les patients atteints de défaillances multiviscérales. Pour la première fois en Afrique, selon lui, des patients atteints du virus de Marburg ont été intubés et extubés avec succès, une étape majeure dans la gestion de cette maladie.
Le Dr Tedros a visité le Poste de Commandement National et s’est dit très impressionné « par la manière dont la technologie est utilisée pour fournir des informations en temps réel et améliorer l’efficacité opérationnelle ». « En reprenant les mots du Président Kagame, j’ai vu le Rwanda intelligent en action. »
Il s’est également rendu à l’usine de fabrication de vaccins de BioNTech, où il s’était déjà rendu, il y a deux ans, pour la pose de la première pierre. « L’une des leçons clés de la pandémie de COVID-19 a été la nécessité d’élargir la production locale de vaccins pour éviter l’accès inéquitable aux vaccins que nous avons observé, et nous sommes ravis de voir comment le Rwanda et BioNTech investissent dans la production locale », a-t-il lancé.
« Bien qu’il n’existe pas de vaccins ou de traitements approuvés pour le virus Marburg, nous félicitons le Rwanda pour la rapidité avec laquelle il a lancé des essais cliniques de vaccins et de traitements, et nous espérons que ces essais permettront de générer des données en vue de l’approbation de ces produits pour de futures épidémies », a déclaré le Dr Tedros, qui a également remercié « les nombreux partenaires qui ont soutenu ces essais, notamment le Sabin Vaccine Institute et l’Université d’Oxford » et la PDG de l’Institut Sabin, Amy Finan, qui était présente sur place. « Comme vous le savez, nous avons trois autres vaccins candidats en cours de développement, provenant de l’Université d’Oxford, de Public Health Vaccines et de l’IAVI, et je suis vraiment heureux que des maladies tropicales comme le virus Marburg, qui est dangereux, reçoivent enfin l’attention qu’elles méritent, et que des vaccins soient en préparation. »
Le DG de l’OMS a remercié les personnels de Santé et « les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni pour le financement qu’ils ont fourni à l’OMS et à d’autres partenaires ». À la suite d’une évaluation des risques, il a déconseillé les restrictions sur les voyages ou les échanges commerciaux, « car elles sont inutiles et peuvent nuire à l’économie du Rwanda ». « À part nuire, cela n’apporte rien. »
Sur X, le Dr Tedros a souligné que sa visite était motivée par la lutte contre l’épidémie de Marburg, mais également mais « pour faire progresser d’autres domaines de la santé publique afin d’atteindre la Health For All », le projet de Couverture sanitaire universel de l’OMS.