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Photo : @Zara Farrar / HM Treasury

Vente de Warner Bros Discovery : Paramount riposte et l’ombre de Trump plane sur Hollywood

Trois jours après l’annonce choc du rachat de Warner Bros Discovery par Netflix, Paramount Skydance dégaine une contre-offre spectaculaire. Portée par David Ellison, proche de Donald Tump appuyé par Jared Kushner, gendre du président américain et des fonds souverains du Golfe, cette initiative ravive les tensions politiques autour du rôle du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Trump, dans une bataille industrielle aux allures de duel pour le contrôle d’Hollywood sur fond de bataille des réseaux mondialistes.

L’industrie du divertissement, déjà secouée par l’annonce du rachat de Warner Bros Discovery (WBD) qui comptait parmi ses actionnaires des poids lourds du Forum économique mondial, comme Vanguard ( 11 %), State Street Corporation (6 %) et BlackRock (environ 5 à 6%) par Netflix, autre poids lourd du Forum, voit surgir un nouvel acte dans une lutte stratégique digne des plus grandes fresques hollywoodiennes. David Ellison, patron fraîchement installé à la tête de Paramount Skydance, fusion de Skydance média qui lui appartenait et de Paramount Global, membre du FEM a choisi l’offensive totale. « Nous sommes ici pour finir ce que nous avons commencé », a-t-il lancé, vexé de s’être fait doubler après six tentatives infructueuses de reprise. Fils de Larry Ellison, cofondateur d’Oracle, entreprise spécialisée dans la gestion de base de données membre du WEF et figure centrale des réseaux trumpistes, il a déposé le 8 décembre une OPA hostile sur WBD, mobilisant l’appui stratégique de Jared Kushner et des puissants fonds souverains d’Arabie saoudite, du Qatar et d’Abou Dhabi.

L’ombre de Donald Trump

Mais cette manœuvre industrielle ne s’analyse pleinement qu’à l’aune des déclarations du président américain Donald Trump. La veille du dépôt de l’offre, celui-ci exprimait publiquement ses doutes quant au projet de fusion entre Netflix et WBD, évoquant une concentration excessive. L’ombre du pouvoir politique plane dès lors sur l’opération. Trump affirmait n effet qu’il sera « impliqué » dans l’examen antitrust, tandis qu’Ellison était aperçu dans sa loge lors d’un gala au Kennedy Center. Un décor qui nourrit les interrogations sur l’imbrication entre influence politique, puissance financière et ambitions médiatiques.

Paramount n’est pourtant pas seule dans cette bataille. Les fonds du Golfe prévoient d’injecter environ 24 milliards de dollars, en renonçant à leurs droits de vote pour éviter l’examen du comité de contrôle des investissements étrangers. La famille Ellison apporterait pour sa part près de 12 milliards, consolidant une alliance où l’argent circule avec fluidité, mais où la transparence institutionnelle reste un exercice délicat.

L’offensive s’inscrit dans un contexte politique troublé, où l’interventionnisme présumé du président alimente les critiques. La sénatrice démocrate Elizabeth Warren, également proche du WEF y voit le signe d’un système dans lequel l’allégeance serait devenue une monnaie d’échange. Elle appelle à une décision strictement fondée sur le droit, loin des jeux d’influence qui agitent Washington.

Les nouvelles déclarations financières rendues publiques par le Bureau américain de l’éthique gouvernementale le mois dernier soulèvent en effet une nouvelle controverse autour du président américain. Entre le 28 août et le 2 octobre 2025, il a acheté pour au moins 82 millions de dollars d’obligations, parfois émises par des entreprises directement avantagées par ses décisions politiques et presque toujours membres du WEF.

Paramount s’aligne sur l’offre de Netflix

L’offre de Paramount, en réalité, reprend la dernière proposition confidentielle formulée le 4 décembre : 30 dollars en numéraire par action, incluant notamment CNN et les chaînes du groupe, pour une valorisation globale d’environ 78 milliards de dollars. Dette comprise, l’opération grimperait à plus de 108 milliards. À titre de comparaison, Netflix propose 23,30 dollars en cash et 4,50 dollars en actions, pour un total de 72 milliards, sans reprise intégrale de la dette. Une différence d’appréciation majeure réside dans la valeur de CNN et des chaînes câblées, estimées à 1 dollar par action par Ellison mais plutôt à 3 dollars selon le conseil de WBD, ce qui changerait substantiellement la hiérarchie des offres.

David contre Goliath ?

Cette rivalité prend des allures de duel asymétrique. Paramount ne pèse « que » 15 milliards en Bourse, loin des 410 milliards affichés par Netflix. Malgré l’immense fortune des Ellison, l’OPA hostile s’apparente à un pari démesuré, financé par 54 milliards de dollars de prêts garantis par Bank of America, Citi et Apollo, d’autres poids lourds du WEF. Le marché réagit pourtant avec nervosité : l’action Paramount rebondit tandis que celle de Netflix se replie, signe d’un environnement où chaque geste stratégique est scruté comme un écho de la fragilité du modèle hollywoodien.

David Ellison joue la carte antitrust, soulignant qu’un Netflix fusionné avec WBD atteindrait une puissance commerciale colossale, dépassant les 400 millions d’abonnés. Il y voit une menace pour la diversité créative et la concurrence, un discours qui résonne dans une industrie encore secouée par les consolidations successives. Mais nombre d’observateurs considèrent au contraire que le rachat par Netflix pourrait éviter un dépérissement progressif de WBD, comme ce fut le cas pour 20th Century Fox absorbé en 2019 par Disney, entre groupe membre du Forum, selon un article d’opinion du Wall Street Journal.

Reste que Netflix affiche une confiance inébranlable. Ses co-PDG, Ted Sarandos et Greg Peters, assurent que leur projet sera approuvé, qualifiant la contre-offre de Paramount de « prévisible ». Le conseil d’administration de WBD maintient pour l’heure son soutien à l’accord avec Netflix, tout en promettant d’examiner attentivement la proposition concurrente, comme l’y oblige la procédure.

À l’heure où la tech investit massivement le cinéma et où l’intelligence artificielle recompose les chaînes de valeur, cette bataille pour Warner Bros Discovery cristallise plus qu’un simple affrontement financier. Elle révèle un moment de bascule, où les dynamiques politiques, économiques et culturelles se croisent dans une lutte pour le contrôle du récit mondial. Et dans cette fresque aux allures de thriller, Hollywood, qui compte de nombreux contributeurs du FEM, comme George Clooney ou Leonardo DiCaprio n’a pas encore tourné la dernière scène.

Sources :

Le Monde, Les Échos, weforum.

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