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Venezuela : Donald Trump décrète un blocus maritime contre les pétroliers 

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Le président américain et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald Trump a annoncé ce mardi 16 décembre la mise en place d’un blocus maritime total contre les pétroliers vénézuéliens, une décision qui marque une escalade majeure dans la politique américaine envers Caracas. Officiellement justifiée par la lutte contre la drogue et l’immigration illégale, cette opération semble surtout viser l’effondrement économique et politique du régime de Nicolas Maduro. Le cadre juridique et les objectifs réels de Washington demeurent toutefois entourés d’un profond flou.

L’annonce a été faite sans détour, par un message publié sur Truth Social dans la soirée du 16 décembre. Donald Trump y affirme que l’armée américaine organise un blocus maritime « total » du Venezuela, destiné à empêcher toute circulation de pétroliers liés au pays, déjà soumis à un régime de sanctions sévères. Le président évoque une mobilisation militaire d’ampleur inédite dans la région, parlant de « la plus large armada jamais assemblée dans l’histoire de l’Amérique du Sud ». L’objectif affiché est clair : priver Caracas de ses ressources pétrolières afin de provoquer l’effondrement du régime, sans recourir à une intervention terrestre américaine, jugée trop risquée.

Cette initiative s’inscrit dans une montée en tension rapide. Début décembre, Donald Trump évoquait déjà la possibilité imminente de frappes aériennes contre le territoire vénézuélien. Désormais, l’option choisie privilégie l’asphyxie économique, au cœur de laquelle se trouve le pétrole, pilier historique de l’économie du pays. Selon les autorités américaines, dix-huit navires pétroliers seraient actuellement présents dans les eaux vénézuéliennes et pourraient être saisis.

Le discours officiel de la Maison Blanche mêle plusieurs registres. Donald Trump accuse le « régime illégitime » de Nicolas Maduro d’utiliser les revenus pétroliers pour financer des activités criminelles, allant du trafic de drogue au trafic d’êtres humains, en passant par des actes de violence. Washington affirme également que Caracas aurait spolié des intérêts économiques américains, notamment dans le secteur énergétique. Dans cette logique, le président américain a annoncé son intention de classer le régime vénézuélien comme « organisation terroriste étrangère », une qualification déjà appliquée depuis janvier à plusieurs cartels accusés d’opérer avec la bénédiction du pouvoir en place.

Les sanctions américaines contre le Venezuela ne sont pas nouvelles. Elles remontent à 2005 et se sont considérablement durcies sous la première administration Trump, avec le gel des avoirs du gouvernement vénézuélien aux États-Unis en 2019. L’administration du contributeur du FEM, Joe Biden avait tenté, sans succès, une approche plus incitative, conditionnant un allègement des sanctions à des avancées démocratiques. Les élections organisées depuis ont été jugées frauduleuses, refermant la parenthèse du dialogue. La candidate pro américaine María Corina Machado a été empêcher de se présenter. En 2005, elle avait été accusé dans son pays de trahison pour avoir reçu des fonds de la part du National Endowment for Democracy, une fondation privée à but non lucratif proche de la CIA. En 2011, elle a également participé a une édition du Forum économique mondial dédié à l’Amérique du Sud organisée à Rio de Janeiro.

Le secteur pétrolier reste toutefois au centre de toutes les stratégies états-uniennes. Nationalisé dans les années 1970, il a longtemps attiré des groupes étrangers avant que Hugo Chavez, en 2007, n’impose une reprise en main de l’État sur les coentreprises, au prix d’expropriations massives. Malgré les sanctions, certains acteurs américains ont continué à opérer. Fin 2022, Chevron, groupe membre du FEM avait obtenu une licence exceptionnelle pour exploiter et exporter du pétrole vénézuélien, un dispositif dont l’impact semble, pour l’heure, limité par les nouvelles opérations militaires américaines.

Sur le terrain, la présence militaire des États-Unis dans les Caraïbes s’est intensifiée de manière spectaculaire. Près de 15 000 soldats seraient déployés dans la région, tandis que des frappes menées contre des embarcations présentées comme liées au narcotrafic ont causé la mort de dizaines de personnes. La légalité de ces opérations est vivement contestée au Congrès et par de nombreux juristes, qui dénoncent de possibles exécutions extrajudiciaires. Selon plusieurs médias américains, la densité des manœuvres militaires a même entraîné des situations dangereuses, avec des collisions évitées de justesse avec des avions civils.

En coulisses, l’objectif de changement de régime semble de moins en moins dissimulé. Dans un portrait récent de Susie Wiles, cheffe de cabinet de Donald Trump, celle-ci confiait que le président souhaitait poursuivre les frappes contre les navires jusqu’à ce que Nicolas Maduro « jette l’éponge ». Une stratégie qui affaiblit l’argument officiel de la lutte antidrogue et renforce l’idée d’une offensive politique assumée.

Cette orientation suscite de vives critiques à Washington. Plusieurs élus démocrates rappellent qu’un blocus maritime constitue un acte de guerre, lequel ne peut être engagé sans l’aval du Congrès. Le sénateur Mark Warner a publiquement demandé des explications, invoquant le lourd héritage des interventions américaines en Amérique latine. D’autres, comme le représentant Joaquin Castro, dénoncent une escalade militaire rejetée par l’opinion publique.

Donald Trump se retrouve ainsi pris dans une équation politique délicate. Sa base électorale, largement hostile à toute nouvelle aventure militaire extérieure, observe avec méfiance cette démonstration de force. Dans un contexte où le coût de la vie demeure la principale préoccupation des Américains, la stratégie vénézuélienne du président pourrait bien se transformer en pari risqué, tant sur le plan international que domestique.

Sources :
Le Monde – « Donald Trump impose un blocus maritime contre les pétroliers du Venezuela » – 17 décembre 2025 – https://www.lemonde.fr/international/article/2025/12/17/donald-trump-impose-un-blocus-maritime-contre-les-petroliers-du-venezuela-semblant-viser-la-chute-de-nicolas-maduro_6658289_3210.html

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