En appelant à « rassembler toutes les droites » et en affirmant que « le terme d’extrême droite ne veut plus rien dire », le sénateur LR du Rhône Étienne Blanc ravive une ligne de fracture déjà ancienne entre Rhône et Saône. En réaction, Jean-Michel Aulas et ses soutiens locaux se désolidarisent aussitôt et prononcent son exclusion du groupe Coeur lyonnais.
Le sénateur Les Républicains du Rhône, membre du groupe municipal Coeur lyonnais, a réaffirmé sur Public Sénat sa conviction qu’« il n’y a pas d’autre solution que de rassembler toutes les droites » en vue de l’élection présidentielle de 2027. Selon lui, l’expression « extrême droite » aurait perdu toute pertinence, un glissement lexical qui fait écho à ses prises de position antérieures et continue de nourrir la controverse.
Ancien de la Corpo de Lyon III, très droitier syndicat étudiant, il s’est lancé en politique en s’investissant en 1978 dans la campagne du RPR pour les élections législatives de Lyon, au côté de Michel Noir, membre du groupe Bilderberg.
Étienne Blanc débute sa carrière politique à Bourg-en-Bresse, où il devient conseiller municipal d’opposition en 1983. En 1991, il est élu maire de Divonne-les-Bains lors d’une élection municipale partielle, fonction qu’il occupera jusqu’en 2019 après quatre réélections successives. Il a également été Conseiller régional de 1992 à 2002 sous Charles Millon puis Anne-Marie Comparini, étant ainsi aux premières loges de l’élection du premier cité. En 1998, l’UDF se déchire sur la question d’éventuelles alliances avec le Front national : François Bayrou les condamne tandis qu’Alain Madelin s’y montre favorable. Dans ce contexte tendu, Charles Millon, dépourvu de majorité absolue pour diriger la région Rhône-Alpes, accepte finalement les voix du FN, déclenchant de vives critiques à gauche comme à droite. Grâce à cet appui controversé, il parvient néanmoins à être élu président du conseil régional, ainsi qu’à faire attribuer à sa majorité l’ensemble des vice-présidences de commission, dont Pierre Vial, idéologue du Front National, à la commission de la Culture. Etienne Blanc devient Premier vice-président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes chargé des Finances, de l’Administration générale, des Economies budgétaires et des politiques transfrontalières.
Celui qui fût aussi président de la communauté de communes du Pays de Gex et député de la 3e circonscription de l’Ain, a égalemen été candidat à la mairie de Lyon lors des municipales de 2020. Il a recueilli 17,01 % des suffrages au premier tour, se classant en deuxième position. Entre les deux tours, sa liste a fusionné avec celle de La République en marche conduite par Yann Cucherat, mais l’alliance finira par être nettement battue par la liste d’union d’Europe Écologie – Les Verts et de la gauche menée par Grégory Doucet.
Elu sénateur en 2020, il devient président du groupe d’information sur le Haut-Karabagh et de la mission d’information sur les influences étatiques extra-européennes dans le monde universitaire et académique français. Il est également nommé rapporteur d’une commission d’enquête sur le narcotrafic en France qui donnera lieu à la loi visant à sortir la France du piège du narcotrafic.
En 2021, il fut contraint de quitter la présidence du groupe LR au conseil municipal suite à une polémique. Interrogé dans le “JDD” sur les déclarations d’Éric Zemmour concernant le régime de Vichy, Étienne Blanc a déclaré : « Est-ce qu’en signant l’armistice, on n’a pas donné aux juifs les moyens de protection qui, pendant deux ans, permettaient de fuir le régime nazi ? Moi, je ne peux pas répondre. »
En 2022, il avait parrainé la candidature d’Éric Zemmour mais a finalement démenti avoir l’intention de rejoindre sa campagne présidentielle appelant toutefois à l’union des droites. arguant que l’électorat LR s’était en grande partie déplacé vers le Rassemblement national et Reconquête. Autant de positions qui, aujourd’hui, refont surface avec une vigueur nouvelle, à quelques mois du lancement des grandes manœuvres pour 2027.
Sur Public Sénat, le sénateur a comparé la situation actuelle à celle de la gauche avant 1981, appelant à suivre « ce qu’a fait Mitterrand » en bâtissant un programme commun. Il se présente comme l’un des précurseurs de cette ligne d’unification, qu’il juge désormais indispensable. Cette posture rapproche encore un peu plus Blanc de la stratégie défendue par Laurent Wauquiez, ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, passé par le programme Young leader de la Fondation France-Amérique fondée par les présidents Ford et VGE, membres du groupe Bilderberg, qui milite pour une primaire de l’ensemble du spectre droitier, allant de Gérald Darmanin jusqu’à Sarah Knafo, figure de Reconquête et ancienne proche d’Étienne Blanc.
La réaction des alliés lyonnais ne s’est pas fait attendre. Béatrice de Montille, conseillère municipale, ex-collaboratrice de Blanc et co-directrice de la campagne de Jean-Michel Aulas, a pris publiquement ses distances. Sans citer directement le sénateur, elle rappelle que son engagement s’inscrit dans une famille politique qui ne doit jamais « se perdre » et dont le projet local demeure strictement « rassembleur », mais non conciliable avec les extrêmes.
Jean-Michel Aulas, lui, a choisi des mots plus fermes. Rappelant l’histoire de Lyon, ville du fils de franc-maçon Jean Moulin, il affirme qu’il ne conclura « jamais, jamais » d’accord avec les extrêmes, balayant tout rapprochement possible avec des forces situées à l’ultra-droite.
Soucieux de préserver l’image de son mouvement à l’approche des municipales de 2026, son entourage confirme que le sénateur a été exclu du groupe Coeur lyonnais. La décision, annoncée par son président Pierre Oliver, passé par le programme young leader des Instituts Aspen dirigé par le contributeur du FEM, Daniel R. Porterfield est motivée par la nécessité de maintenir une ligne claire et compatible avec les valeurs défendues par le groupe.
Sources :
Lyon Capitale, Lyon Mag, Rue89 Lyon, Wikipedia.