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Stephane de la Rocque. Photo : Compte LinkedIn de Stephane de la Rocque.

Une Seule Santé : L’OMS met en avant son outil d’évaluation conjointe des risques zoonotiques

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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a réuni, mardi 19 août 2025, plusieurs experts internationaux autour du Joint Risk Assessment Operational Tool (JRA OT). Cet outil, développé dans une approche « One Health », vise à mieux prévenir les menaces sanitaires émergentes à l’interface entre l’humain, l’animal et l’environnement.

Conçu par la Tripartite — FAO, OMS et Organisation mondiale de la santé animale (WOAH) —, ce dispositif propose une méthode facilitée permettant aux différents acteurs d’évaluer conjointement les risques liés aux maladies zoonotiques et autres menaces issues de l’interface homme-animal-environnement. Depuis 2018, 66 ateliers JRA ont déjà été organisés dans le monde, avec des applications variées selon les régions.

L’OMS insiste sur le fait que le JRA n’est pas seulement un exercice technique, mais un processus stratégique permettant de bâtir une approche intégrée face aux pandémies et aux risques sanitaires émergents. En renforçant la coordination entre ministères de la santé, de l’agriculture et de l’environnement, il ambitionne de consolider la résilience des systèmes de santé publique.

Dès l’ouverture, Stéphane de la Rocque, chef de l’unité « Évaluation des capacités, planification et préparation » au siège de l’OMS, fondateur de l’équipe Interface homme-animal au sein du Département Préparation à la sécurité sanitaire du programme d’urgence de l’agence onusienne et membre de l’Académie vétérinaire de France, a rappelé la genèse de cet outil. « Le JRA est avant tout un outil de dialogue », a-t-il rappelé. « Il permet de réunir les secteurs de la santé humaine, animale et environnementale autour d’une même table pour parvenir à une évaluation consensuelle des risques ». Conçu pour compléter le guide tripartite sur les zoonoses publié en 2019, le JRA OT répond au besoin d’une méthodologie pratique pour surmonter les difficultés de coordination intersectorielle.

Au fil du webinaire, les participants ont pu entendre plusieurs témoignages nationaux illustrant la diversité des mises en œuvre. Le Canada a ainsi présenté son cadre de gestion des risques « OHARA », directement inspiré du JRA, qui permet d’intégrer les différents secteurs dans l’évaluation des menaces émergentes. Du côté du Vietnam, l’institutionnalisation progressive de l’outil s’est traduite par des exercices conjoints sur l’influenza aviaire, la rage et l’anthrax, démontrant l’importance d’une collaboration régulière entre ministères et instituts de Santé. En Afrique, le Nigeria et la Zambie ont montré comment la méthode pouvait être adaptée aux niveaux nationaux et infranationaux pour renforcer la réponse face aux maladies prioritaires.

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont également partagé des expériences notables, avec une utilisation du JRA OT dans la préparation de grands événements internationaux tels que la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, afin de prévenir d’éventuelles menaces sanitaires comme le MERS-CoV. En Europe, un atelier sous-régional dans les Balkans du Nord a permis de mettre en place une coopération renforcée entre pays voisins pour évaluer ensemble les risques zoonotiques. Enfin, au Bhoutan, le processus a conduit à l’élaboration de profils de risques pour la rage et la leptospirose, facilitant la détection et la gestion rapide d’une flambée épidémique récente.

Au-delà des études de cas, plusieurs intervenants ont insisté sur la souplesse et la valeur ajoutée de l’outil. Ong-om Prasarnphanich, experte technique à l’OMS, a rappelé que le JRA OT propose une approche qualitative, adaptée même aux contextes où les données disponibles sont limitées, et qu’il constitue avant tout un « document vivant » pouvant être actualisé dès que de nouvelles informations sont disponibles. D’autres orateurs ont souligné que l’outil permet non seulement d’améliorer la surveillance, mais aussi de mobiliser des financements, de renforcer la confiance entre acteurs et d’orienter les plans nationaux de préparation.

Les échanges interactifs avec les participants ont mis en lumière une question centrale : dans quelle mesure l’évaluation conjointe des risques peut-elle réellement influencer la réponse à une crise sanitaire ? Plusieurs exemples, du Canada au Moyen-Orient, ont montré que le JRA OT ne se limite pas à un exercice méthodologique, mais qu’il a déjà servi à ajuster des mesures de prévention, à formuler des propositions de financement ou à orienter des plans de surveillance.

En conclusion, les modérateurs du webinaire ont rappelé que la clé du succès réside dans la régularité et la flexibilité de l’utilisation de l’outil. « Il n’est pas nécessaire d’attendre une crise majeure pour engager une évaluation », a insisté un intervenant. Le JRA OT se présente ainsi comme une étape pour opérationnaliser l’approche « Une seule santé » et mieux anticiper les menaces qui surgissent à l’interface entre l’homme, l’animal et l’environnement.

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