Interdit d’entrée sur le territoire américain par l’administration Trump, Thierry Breton a dénoncé une décision « grave » et politiquement lourde de sens. Invité du journal de 20 heures de TF1, l’ancien commissaire européen a estimé ce dimanche 28 décembre que cette mesure dépasse sa personne et constitue une attaque directe contre la souveraineté juridique de l’Union européenne. Ce mardi 30 décembre sur RTL, il a estimé que « les institutions européennes doivent réagir avec la plus extrême fermeté ».
La décision américaine a provoqué une onde de choc à Bruxelles comme à Paris. Le 23 décembre, l’administration du président et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald J. Trump a annoncé l’interdiction de séjour aux États-Unis de cinq personnalités européennes, parmi lesquelles figure Thierry Breton, ancien commissaire européen au Marché intérieur et ancien PDG du groupe Atos, membre du FEM. En cause, selon Washington, leur rôle dans l’élaboration d’un cadre réglementaire européen jugé hostile aux intérêts américains dans le secteur du numérique.
Invité du journal de 20 heures de TF1 dimanche soir, Thierry Breton a livré une réaction ferme. « Au-delà de ma personne, c’est l’Europe qui est atteinte et qui est touchée », a-t-il affirmé, dénonçant « un très mauvais signal envoyé par les États-Unis ». Pour l’ancien commissaire, cette sanction revient à punir un responsable européen « pour avoir fait son travail », à savoir défendre et appliquer des lois votées démocratiquement au sein de l’Union, même si le DSA est accusé par des ONG telles que Civilization works d’avoir mis en place un système de censure.
Thierry Breton a rappelé que les textes incriminés, en particulier le Digital Services Act porté par le ‘ancien commissaire européen et l’ancien secrétaire d’Etat au numérique et frère de la contributrice du FEM, Delphine O, ne visaient pas les États-Unis mais avaient pour objectif de protéger les citoyens européens face à la puissance des grandes plateformes numériques. « On ne peut pas nous imposer de changer les lois que nous avons démocratiquement votées », a-t-il insisté, soulignant que ces règles sont conçues « pour les Européens, pas contre l’Amérique ».
Sur le plateau de TF1, l’ancien commissaire a également évoqué l’ampleur du soutien reçu depuis l’annonce de la sanction. Il a parlé d’un véritable élan d’« union nationale », affirmant que « pratiquement toute la classe politique » lui avait exprimé sa solidarité.
Thierry Breton a par ailleurs dressé un constat sévère sur la capacité de l’Europe à se défendre dans un monde marqué par des rapports de force croissants. « Les institutions européennes sont trop faibles face aux prédateurs du monde dans lequel nous vivons », a-t-il estimé, appelant les Européens à « résister ». « C’est de notre destin qu’il s’agit, c’est maintenant ou jamais », a-t-il martelé, plaidant pour un renforcement de l’autonomie stratégique du continent, comme il l’avait fait lors de son mandat de commissaire.
Breton hausse encore le ton du BFM
« Je pense que les institutions européennes doivent réagir avec la plus extrême fermeté », a-t-il déclaré ce mardi 30 décembre, estimant que l’Union ne pouvait se permettre aucun signe de faiblesse. « Au-delà de ma personne, si on accepte d’être ostracisés, blâmés ou punis simplement parce qu’on a exercé le mandat qui nous a été confié, alors on prend une pente extrêmement dangereuse », a-t-il averti.
L’ancien commissaire a employé des mots particulièrement sévères pour qualifier le contexte géopolitique actuel. « La faiblesse entraîne la vassalisation », a-t-il martelé, appelant l’Union européenne à ne pas faire preuve de naïveté. « Nous sommes entourés d’empires, de prédateurs qui ne nous veulent pas du bien », a-t-il insisté, appelant à une affirmation claire de la souveraineté européenne face aux pressions extérieures.
Washington assume pleinement cette ligne de confrontation. Pour justifier les sanctions, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a accusé des « idéologues européens » de mener des actions coordonnées visant à contraindre des plateformes américaines à censurer des opinions venues des États-Unis. « L’administration Trump ne tolérera plus ces actes flagrants de censure extraterritoriale », a-t-il déclaré, annonçant des mesures pour interdire l’entrée sur le sol américain à ce qu’il a qualifié de « figures de proue du complexe industriel mondial de la censure ».
Sources :
TF1 Info – RTL