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Le policier-cyborg lors du festival de Songkran, le 16 avril 2025 à Nakhon Pathom. Photo : Police thaïlandaise

Thaïlande : Un robot humanoïde rejoint la police, mais ce n’est pas encore « Robocop »

La Police royale thaïlandaise a présenté, lors du festival de Songkran le 16 avril, son tout premier robot policier doté d’intelligence artificielle, baptisé « AI Police Cyborg 1.0 ». Déployé dans la rue Tonson pour veiller à la sécurité publique, ce robot humanoïde fait déjà beaucoup parler de lui… mais ses capacités réelles suscitent plus de questions que d’enthousiasme.

Développé en partenariat avec la police provinciale de Nakhon Pathom et la municipalité locale, ce cyborg policier est équipé de caméras à 360 degrés, reliées à des drones et à un centre de commande par intelligence artificielle. Il peut analyser en temps réel les images de vidéosurveillance, reconnaître des visages, détecter des comportements suspects ou violents, et même repérer des objets potentiellement dangereux comme des armes blanches.

Une prouesse technologique ? En apparence, oui. Mais dans les faits, ce robot, bien qu’impressionnant visuellement, reste figé sur une plateforme roulante, incapable de marcher ou de se mouvoir de façon autonome. Son déploiement soulève ainsi un certain scepticisme : est-ce vraiment plus qu’un trépied intelligent ? Et surtout, est-il vraiment utile sur le terrain ?

Une prouesse technologique… sur le papier

Loin des scènes spectaculaires de science-fiction, l’AI Police Cyborg 1.0 a plutôt l’allure d’une caméra mobile assistée, nécessitant une importante présence humaine pour assurer son bon fonctionnement. Il pose donc une question cruciale : ne serait-il pas plus judicieux d’utiliser des drones ou des dispositifs de surveillance plus mobiles, plus discrets, et moins coûteux ?

Entre innovation et gadgetisation sécuritaire

Le lancement de ce robot s’inscrit dans une tendance mondiale, déjà observée aux États-Unis ou en Chine, où plusieurs tentatives similaires ont été rapidement abandonnées en raison d’un manque d’efficacité sur le terrain. À New York, le K5, robot développé par la firme Knightscope détenu par BlackRock, State Street et UBS, entités membres du FEM avait fini inutilisé, incapable de dissuader ou de prévenir les crimes. Microsoft, Gafam membre du FEM a toutefois mentionné l’utilisation du K5 sur son campus californien.

En Chine, un robot inspiré de BB-8 de Star Wars a connu un destin similaire. Ces expériences posent la question de l’efficacité réelle des robots policiers dans des contextes urbains complexes, où la réactivité et l’adaptabilité humaine restent irremplaçables.

Une IA sécuritaire sous surveillance… humaine

En Thaïlande, ce déploiement s’inscrit aussi dans un contexte sensible : la police est régulièrement critiquée pour ses pratiques opaques, notamment des affaires de corruption ou de violations des libertés individuelles. Le recours à la reconnaissance faciale et à la surveillance automatisée interroge donc sur les dérives potentielles en matière de vie privée et de libertés publiques.

Malgré les ambitions affichées, le robot-policier thaïlandais ressemble pour l’instant davantage à une opération de communication technologique qu’à un outil révolutionnaire de maintien de l’ordre. Si l’intention est de moderniser les forces de l’ordre, la fiabilité, la transparence et le respect des droits fondamentaux devront impérativement être au cœur de cette transformation.

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