À partir du 3 novembre, LinkedIn mettra en œuvre une nouvelle politique de collecte de données destinée à nourrir ses modèles d’intelligence artificielle générative. Les profils, publications et interactions des membres seront concernés — sauf opposition expresse de leur part.
La décision ne passe pas inaperçue dans l’univers du numérique. Dès ce lundi 3 novembre 2025, le réseau social professionnel LinkedIn commencera à utiliser les données personnelles de ses membres pour entraîner ses modèles d’intelligence artificielle (IA) générative. Cette évolution, annoncée dès le 18 septembre sur le blog officiel de la plateforme, s’inscrit dans la stratégie globale de Microsoft, propriétaire du réseau, visant à renforcer l’intégration de l’IA dans ses produits.
Les utilisateurs ont reçu une notification les informant de la modification des conditions générales d’utilisation. Par défaut, leurs données pourront être exploitées à des fins d’entraînement d’IA, mais chacun peut refuser cette utilisation en se rendant dans les paramètres de confidentialité, à la rubrique Préférences de données, puis en décochant la case “Utiliser mes données pour entraîner les modèles d’IA de création de contenu”.
LinkedIn précise que les informations concernées incluent : les données de profil (nom, photo, parcours professionnel, formation, localisation, recommandations, etc.) ; les publications et commentaires publics ; les contributions aux groupes de discussion ; ainsi que certaines interactions avec les recruteurs ou avec les outils d’assistance alimentés par l’IA.
En revanche, le réseau assure que les messages privés et les informations relatives aux salaires seront exclus de ce processus. Par ailleurs, les profils identifiés comme appartenant à des utilisateurs mineurs ne seront pas intégrés, même si l’option d’autorisation est activée par erreur.
Cette collecte massive vise à améliorer les capacités d’analyse et de génération de contenu des outils d’intelligence artificielle intégrés à LinkedIn — comme l’assistant de rédaction de posts, la synthèse de candidatures ou encore la recherche d’emploi automatisée. Le réseau compte désormais plus de 1 milliard d’utilisateurs dans le monde, dont près de 26 millions en France.
Mais cette évolution soulève des préoccupations importantes en matière de protection des données. Plusieurs spécialistes du droit numérique pointent un risque d’ambiguïté quant au consentement explicite exigé par le Règlement général sur la protection des données (RGPD) européen. Le garde-fou unique du “opt-out”, consistant à décocher une case, pourrait ne pas suffire face aux exigences du droit européen en matière d’usage d’informations personnelles à des fins d’entraînement algorithmique.
Pour LinkedIn, la mesure s’inscrit dans une volonté d’« offrir une expérience plus intelligente et personnalisée », tout en promettant de maintenir « transparence et contrôle pour les membres ». Une promesse qui, selon les observateurs, ne manquera pas d’être testée par les régulateurs, alors que la frontière entre service personnalisé et exploitation des données personnelles n’a jamais été aussi ténue.
Sources :
Le Monde – « LinkedIn va utiliser à partir de lundi les données personnelles de ses utilisateurs pour entraîner son IA »(2 novembre 2025, republication de l’article du 22 septembre 2025) – https://www.lemonde.fr/pixels/article/2025/11/02/linkedin-va-utiliser-a-partir-de-lundi-les-donnees-personnelles-de-ses-utilisateurs-pour-entrainer-son-ia_6642418_4408997.html