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Tensions États-Unis–Colombie : Trump contre Petro, la rupture qui couve

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Tarifs douaniers brandis par Washington, aides suspendues, ambassadeur colombien rappelé, visa du chef de l’État révoqué : depuis septembre, l’escalade verbale et diplomatique entre Donald Trump et Gustavo Petro a fait basculer une relation jadis stratégique. Retour sur les griefs croisés — immigration, narcotrafic, Gaza — et sur ce qu’ils révèlent d’un tête-à-tête électrique.

Le ton est mombé d’un cran — ou plutôt il a dévalé la pente. Dimanche, Donald Trump a traité Gustavo Petro d’« de dealer de drogues illégales » et menacé d’augmenter les droits de douane sur les produits colombiens tout en annonçant la fin des « paiements » américains à Bogota.

Lundi, la Colombie a rappelé pour consultations son ambassadeur à Washington, acte rare entre alliés de si longue date. Le ministre colombien de l’Intérieur Armando Benedetti a déclaré le même jour sur Blu Radio que la Colombie fait face à une « menace d’invasion ou d’action terrestre ou militaire ». Évoquant la possibilité que les États-Unis procèdent à la pulvérisation de glyphosate sur les cultures de drogue Armando Benedetti a également prévenu qu’une telle opération constituerait une atteinte à la « souveraineté » de son pays.

Les annonces s’inscrivent dans une séquence commencée début septembre, lorsqu’une série de frappes américaines en mer des Caraïbes, menées au nom de la lutte antidrogue, a fait au moins 32 morts selon plusieurs médias — dont un pêcheur colombien, cas que Bogota qualifie d’atteinte à sa souveraineté. 

Sur le fond, la Maison-Blanche accuse la Colombie de « laisser prospérer » la production de coca, quand Gustavo Petro rétorque que la consommation américaine est la première responsable de la violence chez lui. Concrètement, les menaces américaines portent sur deux leviers structurants : le commerce — les États-Unis sont le premier partenaire de Bogota — et l’aide, déjà réduite ces derniers mois. L’annonce tarifaire, au-delà d’une surcharge politique, fait d’ores et déjà tanguer la monnaie colombienne et inquiète un tissu exportateur très dépendant. 

Au-delà du narcotrafic, l’immigration a mis le feu aux poudres. À la suite de reconduites de Colombiens et d’autres Latino-Américains menottés, Bogota a refusé l’atterrissage de certains vols militaires américains. Dans ce climat, Gustavo Petro a comparé début octobre la politique migratoire de Donald Trump aux méthodes d’Hitler — une outrance dénoncée par des opposants en Colombie, mais qui a scellé la personnalisation du conflit.

Point d’orgue de l’enchaînement : fin septembre, lors d’une manifestation pro-palestinienne à New York, le président colombien, keffieh sur les épaules, a exhorté des militaires américains à « désobéir » aux ordres du président des États-Unis au sujet de Gaza. Le Département d’État a aussitôt annoncé la révocation de son visa, mesure inhabituelle visant un chef d’État en exercice — ce que Petro a publiquement tourné en dérision. 

Côté sécurité, Washington assume une doctrine de « frappes préventives » en mer contre des cibles présumées liées aux cartels, quand Bogota dénonce des opérations létales juridiquement fragiles. La controverse sur la légalité de ces actions — et sur l’identité des victimes — a alimenté l’explosion diplomatique, jusqu’au rappel de l’ambassadeur colombien. Une nouvelle frappe a eu lieu ce dimanche. Elle s’inscrit dans le cadre d’une expansion de l’opération militaire de Washington dans la mer des Caraïbes, où sont déployés des navires de guerre américains, au large du Venezuela, depuis le mois d’août. Sept bateaux ont été ciblés faisant trente morts.

En toile de fond, une décennie d’alliances sécuritaires se trouve fragilisée : partenariats police-justice, certification américaine annuelle sur les efforts antistupéfiants, mécanismes d’assistance technique. Les analystes redoutent un effet domino : des tarifs punitifs et des aides suspendues pourraient reconfigurer les équilibres économiques de la Colombie, tout en affaiblissant la coopération opérationnelle contre des groupes armés toujours actifs.

Sources :

Reuters – 20/10/2025 – « Trump says US will increase tariffs on Colombia as drug trade feud escalates ». Reuters
Reuters – 20/10/2025 – « Colombia recalls US ambassador amid tariff/drug spat ». Reuters
The Guardian – 20/10/2025 – « Colombia recalls US ambassador amid spat with Trump over strikes on alleged drug boats ». The Guardian
Le Monde (édition internationale) – 21/10/2025 – « Colombia criticizes the US after strikes under the pretext of fighting ‘narco-terrorism’ ». Le Monde.fr
Politico – 27/09/2025 – « State Department revokes Colombian president’s visa ». Politico
The Guardian (vidéo) – 27/09/2025 – « Petro calls on US soldiers to disobey Trump ». The Guardian
ABC News (Australia) – 21/10/2025 – « Colombia recalls US ambassador after Trump tariff increase ».

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