Le 1er juillet marque le début du service militaire pour plus de 8200 jeunes recrues en Suisse. Parmi eux, 231 jeunes femmes, représentant 2,8% de l’effectif total. Bien que ce chiffre soit stable par rapport aux années précédentes, il est loin d’être suffisant pour le Conseil fédéral, qui cherche désespérément à augmenter les effectifs de l’armée. Pour ce faire, le gouvernement envisage une série de mesures visant à rendre le service civil moins attractif.
La session estivale de l’école de recrues voit 8217 jeunes suisses troquer leurs sacs à dos pour le paquetage militaire, débutant ainsi 18 semaines de formation intense axée sur la défense. Malgré cette affluence, les chiffres restent inférieurs à ceux de la session de janvier, qui comptait 12 126 recrues. Cette diminution des effectifs est préoccupante pour le Conseil fédéral Suisse, dont les conseillers fédéraux, Guy Parmelin et Ignazio Cassis sont des contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial. Le Conseil a en effet pour objectif de maintenir une armée solide et bien équipée.
Le service civil jugé trop attractif
Contrairement au service militaire, le service civil connaît une popularité croissante. Les admissions ont augmenté de 1,8% en 2023 et de 7,9% en 2022. Cette tendance inquiète les autorités, qui voient dans le service civil une alternative trop séduisante pour les jeunes suisses.
Une proposition de loi pour rendre le service civil moins attractif
Une proposition de loi a été faite pour inverser cette tendance en rendant le service civil moins attrayant. La motion à l’origine des nouvelles régulations sur le service civil provient de l’UDC, soutenue par le PLR et le Centre. Le Centre estime que le service civil s’est éloigné de son esprit originel, destiné aux personnes en conflit de conscience avec l’armée. Actuellement, un tiers des inscrits au service civil ont déjà passé par l’armée avant de déclarer un conflit de conscience. Le Centre souligne l’importance de la sécurité militaire, rappelée par la guerre en Ukraine.
Le PLR accepte également les mesures, les considérant comme une solution transitoire, mais insiste sur la nécessité de faire plus pour résoudre les problèmes d’effectifs de l’armée et de la protection civile. Le parti croit que ces modifications bénéficieraient à tous les citoyens suisses en assurant sécurité et résilience nationale tout en respectant les droits de conscience individuels.
Pour encourager les jeunes à choisir le service militaire plutôt que le service civil, le Conseil fédéral propose plusieurs mesures. Cette stratégie s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer la capacité de défense du pays en augmentant le nombre de recrues militaires.
Les mesures envisagées pour réduire l’attractivité du service civil
Durée minimale de 150 Jours : toute personne quittant l’armée pour rejoindre le service civil après l’école de recrues devra effectuer un minimum de 150 jours de service civil, indépendamment du nombre de jours restants à accomplir dans l’armée.
Restrictions pour les futurs médecins : Les médecins et étudiants en médecine ne pourront plus être affectés à des domaines médicaux s’ils choisissent le service civil, une option qui leur permettait auparavant de compléter leur formation.
Prolongation du service civil pour les sous-officiers : Les sous-officiers quittant l’armée pour le service civil devront effectuer plus de jours de service civil que ce qui est actuellement stipulé par le règlement.
Fin des échappatoires aux tirs obligatoires : Les personnes ayant accompli l’intégralité de leur service militaire ne pourront plus s’inscrire au service civil, ce qui leur permettait jusqu’à présent d’échapper aux services d’appui de l’armée et aux tirs obligatoires.
Service civil annuel dès l’inscription : Il ne sera plus possible de s’inscrire au service civil et de reporter cette obligation. Dès l’année d’inscription, les jours de service devront être effectués chaque année jusqu’à ce que les obligations totales soient remplies.
Affectation immédiate après l’inscription : Les personnes s’inscrivant au service civil pendant ou avant l’école de recrues devront accomplir leur affectation longue dans l’année qui suit leur inscription. Actuellement, ils disposent de trois ans pour le faire.
Les résistances à ce projet de loi
Le Groupe pour une Suisse sans armée fait partie des plus farouches opposants à ce projet de loi. Il juge que «le service civil est tenu pour bouc émissaire» , selon des propos rapportés par 20 Minutes et remet en cause les calculs de la Confédération, qui assure que l’armée va manquer d’effectifs.
Au niveau politique, le Conseil d’État du canton de Vaud estime que les six mesures proposées pour réduire les admissions au service civil sont «abruptes». Il estime que c’est en augmentant l’attractivité de l’armée que les effectifs pourront être assurés, et non en restreignant les options du service civil. Selon eux, une réduction significative du nombre de jours de service civil aurait des répercussions importantes sur des secteurs d’activités essentiels.
Toutefois, cette opinion semble minoritaire. Le Conseil d’État neuchâtelois, par exemple, soutient les propositions, les jugeant «bien compréhensibles dans le contexte géopolitique actuel».
Formation intense pour les nouvelles recrues du service militaire
En attendant que le Parlement se prononce sur ces propositions, les nouvelles recrues, dont 1753 ont opté pour le service long, suivront une formation rigoureuse. Encadrés par environ 2300 cadres, ils recevront une instruction de base centrée sur la capacité de défense. Ce programme intensif est conçu pour préparer les jeunes soldats à répondre aux exigences croissantes de la défense nationale.
Défis logistiques en Valais
Cependant, toutes les recrues ne pourront pas commencer leur formation à temps. En raison des récentes inondations en Valais, les militaires de l’école de recrues de Sion ne débuteront probablement leur service que mercredi.
Le Conseil fédéral devrait prochainement présenter une version finale de sa proposition de loi visant à rendre le service civil moins attractif au Parlement. Des propositions similaires avaient été rejetées en juin 2020, juste avant la guerre en Ukraine.