Un avion de patrouille maritime Atlantique 2 de la Marine nationale française a été « illuminé » par le radar de conduite de tir d’un système de défense sol-air S-400 russe dans la nuit du 15 au 16 janvier 2024. L’incident, survenu alors que l’appareil effectuait une mission de surveillance au-dessus de la mer Baltique, a été qualifié de « mesure d’intimidation » par le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, qui a fermement condamné l’action russe sur le réseau social X.
L’illumination par un radar de conduite de tir est une procédure militaire qui précède un tir effectif. En ciblant directement l’appareil français, la Russie envoie un message clair aux forces de l’OTAN qui patrouillent dans la région. Selon les informations disponibles, la batterie S-400 à l’origine de l’incident serait positionnée dans l’enclave de Kaliningrad, territoire stratégique entre la Pologne et la Lituanie.
Ce n’est pas la première fois que des forces russes adoptent des tactiques d’intimidation. En décembre 2024, un hélicoptère militaire allemand avait déjà été visé par des munitions de signalisation tirées par un navire russe.
L’opération Baltic Sentry et la surveillance accrue des infrastructures sous-marines
Depuis plusieurs mois, la mer Baltique est au cœur des inquiétudes stratégiques des pays occidentaux. L’OTAN a déployé un dispositif de surveillance renforcé, baptisé « Baltic Sentry », visant à protéger les infrastructures sous-marines essentielles, notamment les câbles Internet et électriques reliant les pays scandinaves.
L’Atlantique 2 français joue un rôle crucial dans cette mission. Doté d’une autonomie de vol de 14 heures, il est spécialisé dans la lutte anti-sous-marine et peut détecter les navires suspects ainsi que les sous-marins grâce à son équipement de guerre électronique. Il est conçu pour transporter un large arsenal comprenant des missiles, des bombes et des torpilles.
Une guerre hybride en expansion ?
L’incident avec l’Atlantique 2 s’inscrit dans un contexte plus large de tensions entre la Russie et l’Europe. La stratégie de Moscou reposerait de plus en plus sur des tactiques relevant de la « guerre hybride », selon les autorités françaises visant à affaiblir ses adversaires sans entrer dans un conflit armé direct, avec des actions tels que les sabotages de câbles sous-marins, les campagnes de désinformation, et l’instrumentalisation des crises migratoires.