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Erdogan et Poutine. Image : Capture d'écran France 24.

Sommet des Brics : La Turquie pays membre de l’OTAN ferait partie des nouveaux « pays partenaires »

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Le XVIe sommet des BRICS, organisé en Russie à Kazan du 22 au 24 octobre 2024, semble avoir permis à la Turquie de concrétiser sa volonté de rejoindre ce groupe influent des puissances émergentes. Le président Recep Tayyip Erdogan avait exprimé l’ambition de son pays de devenir un « pays partenaire » des BRICS, mais avait dû se rendre précipitamment à Ankara frappé par un attentat du PKK. Cette adhésion, si elle se confirme témoigne d’un repositionnement diplomatique et économique d’Ankara.

Avant cette intégration, le gouvernement turc avait clairement affiché son intention de se rapprocher des BRICS, un groupe alternatif au G7 comprenant des pays comme le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Toutefois, le journaliste Français Frédéric Aigouy, présent à Kazan, affirmait qu’au moment du départ d’Erdogan, le président affirmait que la Turquie était « déterminé à améliorer son dialogue avec la famille des BRICS », même s’il n’y a pas de « demande formelle d’adhésion », « en dépit de ce que laissaient penser les échanges lors du sommet ».

Cette adhésion a été confirmée par le média indien the Barrat Current : « La Turquie est désormais officiellement un pays partenaire des BRICS ». « Ankara est depuis longtemps candidate à l’adhésion à l’UE, mais cette perspective reste jusqu’à présent de plus en plus lointaine, poussant le pays à chercher à nouer des liens plus étroits avec les pays du Sud. »

Cette adhésion est perçue comme une volonté d’Ankara de diversifier ses alliances internationales, à une époque où les relations avec l’Occident sont sous tension. La Turquie devient ainsi le premier pays membre de l’OTAN à intégrer ce bloc, marquant une étape historique.

Lors du sommet, Recep Tayyip Erdogan a rencontré son homologue russe Vladimir Poutine pour renforcer la coopération énergétique entre les deux pays, mais l’enjeu principal était clairement l’intégration de la Turquie aux BRICS. Le président russe a remercié le président Erdoğan lors du sommet affirmant que la Turquie, sous votre présidence, mène une politique souveraine. « Nous sommes engagés dans un dialogue actif pour résoudre les problèmes régionaux et mondiaux. Nous pensons que les contacts de la Turquie avec les BRICS seront bénéfiques », déclarait Poutine.

Une décision qui reflète l’aspiration de la Turquie à développer ses relations avec les puissances émergentes, tout en consolidant son influence en Asie centrale et en Afrique, où elle est devenue un acteur économique incontournable.

La stratégie « d’un pied dans chaque camp »

La démarche d’Ankara n’est pas surprenante compte tenu de sa politique étrangère actuelle, marquée par un « en même temps » diplomatique. Recep Tayyip Erdogan cherche à installer la Turquie en tant que puissance pivot entre l’Orient et l’Occident. En septembre 2024, un porte-parole de l’AKP avait confirmé cette stratégie, expliquant que la Turquie ne pouvait atteindre ses objectifs en se tournant uniquement vers l’Occident. L’intégration aux BRICS ouvre de nouvelles perspectives commerciales et économiques pour Ankara, tout en adressant un message clair à ses alliés occidentaux.

Un rééquilibrage délicat entre Moscou et l’Occident

L’entrée de la Turquie dans les BRICS est un jeu d’équilibriste stratégique qui lui permet de naviguer entre ses liens avec l’OTAN et ses relations personnelles avec Vladimir Poutine. La guerre en Ukraine a mis en lumière la capacité d’Erdogan à tirer parti de cette position unique, en augmentant les échanges commerciaux avec la Russie tout en soutenant l’Ukraine via des partenariats industriels et des ventes d’armes. Le pays jouait déjà un triple jeu dans le détroit des Dardanelles.

Pour de nombreux observateurs, cette adhésion marque un tournant dans l’identité géopolitique de la Turquie, qui vise à installer son propre pôle de puissance en dehors des influences traditionnelles occidentales. Cette posture est perçue comme un avertissement aux alliés de l’OTAN et de l’UE, qui doivent désormais réfléchir à la relation qu’ils souhaitent entretenir avec Ankara.

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