L’atmosphère s’est alourdie au sommet annuel des Brics ce lundi 7 juillet, après la publication par Donald Trump de menaces de droits de douane supplémentaires visant les pays jugés trop proches de ce bloc de puissances émergentes. « Tout pays s’alignant sur les politiques anti-américaines des Brics se verra appliquer un droit de douane SUPPLEMENTAIRE de 10 %. Il n’y aura pas d’exception », a averti le président américain sur sa plateforme Truth Social.
La mise en garde a jeté un froid à Rio de Janeiro, où se tient la rencontre des cinq membres fondateurs – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – et de leurs invités. Dans leur déclaration conjointe, les Brics avaient exprimé dès dimanche leurs « sérieuses préoccupations » face à l’augmentation de mesures douanières et non-douanières unilatérales qui, selon eux, « faussent le commerce » et menacent les perspectives de développement économique mondial. Ensemble, ces pays représentent près de la moitié de la population mondiale et 40 % du PIB global.
Des surtaxes qui pourraient atteindre 50 %
Les menaces de Donald Trump ne sont pas qu’oratoires. Le ministre américain du Trésor, Scott Bessent, a prévenu que sans accord commercial rapide, les surtaxes pourraient grimper jusqu’à 50 % dès le 1er août. Pour l’heure, les droits de douane annoncés début avril avaient été suspendus, le temps de mener des négociations.
Dès lundi, la Maison Blanche a commencé à envoyer des lettres d’avertissement aux pays jugés récalcitrants. Celle adressée à l’Afrique du Sud, membre fondateur des Brics, prévoit une surtaxe immédiate de 30 %. Sur Truth Social, Donald Trump a publié la lettre en pleine nuit, accentuant encore la tension diplomatique.
Pékin appelle au calme, Moscou rassure
En réponse, la Chine a exhorté à éviter toute escalade commerciale. « La Chine a toujours affirmé sa position selon laquelle les guerres commerciales et tarifaires ne font pas de gagnants », a déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, rappelant que les Brics « prônent l’ouverture, l’inclusion et la coopération gagnant-gagnant ». Pékin poursuit néanmoins ses négociations commerciales avec Washington, alors que seuls le Royaume-Uni et le Vietnam ont pour l’instant réussi à conclure un accord avec les États-Unis.
De son côté, le Kremlin a assuré que la coopération des Brics n’était « pas dirigée contre des pays tiers », selon Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine. « L’interaction au sein des Brics n’a jamais été et ne sera jamais dirigée contre d’autres États », a-t-il insisté, minimisant la portée des menaces américaines.
Le premier ministre Narendra Modi qui vient de réaliser un tour du monde du Sud global déclare quant à lui sur X qu’à Rio les dirigeants des BRICS réaffirment leur « engagement en faveur d’une coopération plus étroite et d’une croissance partagée ». « Les BRICS recèlent un immense potentiel pour façonner un avenir mondial plus inclusif et plus équitable. »
Xi Jinping, grand absent du sommet
Si la Chine reste la puissance dominante du bloc, son président Xi Jinping brille par son absence à Rio, alors que le sommet se poursuit dans un climat d’inquiétude. Pour nombre d’observateurs, les menaces de Donald Trump illustrent sa volonté de freiner l’influence grandissante des Brics, considérés par Washington comme un contrepoids stratégique à l’Occident.
Source : RFI.
