Avant une possible annonce d’Emmanuel Macron sur la création d’un service militaire volontaire, Louis Sarkozy défend une version radicalisée du dispositif. Le candidat à la mairie de Menton propose de sélectionner par tirage au sort une partie des immigrés légaux pour servir dans l’armée française. Une idée choc qui prétend renforcer la cohésion nationale, mais qui soulève de vives interrogations éthiques et politiques.
À l’approche du déplacement d’Emmanuel Macron à Varces, dans l’Isère, où pourrait être officialisé un service militaire volontaire, Louis Sarkozy s’invite dans le débat avec une proposition aussi inattendue que polémique. Sur les ondes de RMC, le fils de l’ancien chef de l’État a suggéré hier qu’une « loterie » puisse désigner environ « 10 % » des immigrés en situation régulière afin de les intégrer aux rangs de l’armée française. Une idée qui s’inscrit dans son programme municipal à Menton et qu’il présente comme une réponse à la fois aux enjeux d’immigration et de cohésion nationale.
Selon lui, l’institution militaire pourrait redevenir le lieu d’une fusion sociale, un creuset où se mêleraient origines et parcours. Louis Sarkozy invoque le rôle symbolique de la caserne, s’inspirant du propos d’Hubert Lyautey pour affirmer que l’armée doit « fabriquer des Français ». Dans ses mots, l’uniforme effacerait les appartenances et les divisions, ne laissant subsister qu’une communauté nationale réunifiée. Le projet, dans sa philosophie, prétend dissuader de nouveaux arrivants et offrir aux immigrés déjà présents un parcours d’intégration intensif, presque initiatique.
L’ambition de l’intéressé ne s’arrête pas là. Il imagine également que ce service militaire puisse servir d’outil contre la petite délinquance. Inclure ce dispositif dans les peines permettrait, selon lui, de placer certains condamnés sous un encadrement strict, assuré par des légionnaires et des formateurs aguerris. L’objectif serait d’en faire « des soldats », tout en maintenant la possibilité d’un retour en prison pour les individus jugés incontrôlables. Un discours qui assume pleinement une philosophie coercitive et disciplinaire, marquée par l’idée d’une remobilisation forcée et d’une rééducation par la rigueur militaire.
Cette vision contraste avec le projet exploré par l’exécutif depuis plusieurs mois, davantage tourné vers un engagement volontaire et modulable. Emmanuel Macron, lors d’un discours prononcé le 13 juillet devant des hauts gradés, avait défendu l’idée d’un cadre rénové permettant à la jeunesse de servir autrement dans les forces armées. Une manière de répondre à une Europe fragilisée par la « menace durable » russe et de préparer une nation « capable de tenir » dans un contexte de réarmement généralisé. Les annonces prévues jeudi devraient préciser les contours d’un dispositif qui, jusqu’ici, se veut ouvert, souple et non contraignant.
En proposant d’y intégrer des immigrés par tirage au sort, Louis Sarkozy en modifie radicalement la portée. Son initiative, frappante par son caractère sélectif et obligatoire, interroge autant qu’elle dérange. Elle soulève des enjeux juridiques majeurs, notamment en matière d’égalité devant la loi, tout en mettant en lumière une tendance plus large : la tentation d’utiliser l’institution militaire comme réponse à des défis sociétaux qui dépassent largement le champ de la défense. Dans un pays où le rapport à l’armée demeure chargé d’histoire et de symboles, la suggestion du candidat mentonnais pourrait bien ouvrir un nouveau front dans la conversation nationale.
Sources :
RMC, JDD, Le Parisien