Mercredi 8 octobre, dans la cour de l’Hôtel de Matignon, Sébastien Lecornu a assuré que la perspective d’une dissolution de l’Assemblée nationale « semble s’éloigner ». Le Premier ministre, chargé par Emmanuel Macron de trouver une issue à la crise politique, mise désormais sur la formation d’une coalition pour adopter un budget avant le 31 décembre et éviter une paralysie institutionnelle.
Dans une prise de parole très attendue, Sébastien Lecornu a tenté de ramener un souffle de stabilité politique. Face à la presse réunie dans la cour de Matignon ce mercredi 8 octobre, le Premier ministre a dressé le bilan de ses 24 premières heures de consultations avec les principales forces politiques du pays. Et, pour la première fois depuis la démission du gouvernement, un message d’apaisement a semblé émerger : « La dissolution semble s’éloigner », a-t-il déclaré, tout en appelant à un sursaut de responsabilité collective.
Depuis sa nomination éclair, le chef du gouvernement s’efforce de rassembler les formations politiques autour d’un objectif commun : voter un budget avant le 31 décembre. Car l’enjeu est majeur. Sans budget adopté à temps, la France risquerait non seulement une crise institutionnelle, mais aussi une dégradation de sa crédibilité financière internationale. Lecornu l’a rappelé avec insistance : « Il y a une volonté d’avoir pour la France un budget avant le 31 décembre de cette année. Et cette volonté crée un mouvement, une convergence, qui éloigne les perspectives de dissolution. »
Derrière ces mots, une stratégie se dessine. Le Premier ministre a confirmé vouloir bâtir une coalition de gouvernance, en rassemblant autour d’une même table les partis du centre, de la droite modérée et de la gauche républicaine. UDI, Horizons, MoDem, Renaissance, Les Républicains ou encore Place Publique : tous ont été consultés ces dernières 24 heures, selon Matignon. Lecornu dit y avoir perçu une “ volonté sincère de responsabilité ”. Ce front inédit viserait à offrir au pays un minimum de stabilité jusqu’aux élections municipales de 2026, tout en maintenant le cap sur la réduction du déficit public.
Sur le fond, le Premier ministre a fixé la ligne : tenir la cible d’un déficit inférieur à 5 % du PIB, “ entre 4,7 et 5 % de manière définitive ”. Un engagement qu’il juge “ clé pour la crédibilité de la signature de la France à l’étranger ” et pour éviter une hausse des taux d’intérêt qui pénaliserait l’État, mais aussi les ménages et les entreprises. En filigrane, Lecornu tente de renouer la confiance avec les marchés et les partenaires européens, inquiets d’une instabilité politique française prolongée.
Mais la manœuvre est délicate. Si la perspective d’une dissolution semble s’éloigner, elle reste suspendue à un fragile équilibre entre les partis. La gauche républicaine, que Lecornu devait recevoir dans la journée, a posé ses conditions : davantage d’efforts sociaux dans le budget et un encadrement plus fort des dépenses publiques non prioritaires. Des concessions que le Premier ministre dit prêt à examiner “ dans un esprit de responsabilité partagée ”.
Au-delà des chiffres, Lecornu veut aussi donner un signal d’exemplarité. En fin d’intervention, il a annoncé la suspension des indemnités ministérielles pour les membres du gouvernement ayant exercé “ seulement quelques heures ”. Un geste symbolique mais lourd de sens : “ On ne peut pas vouloir faire des économies si l’on ne maintient pas par ailleurs une règle de rigueur et d’exemplarité .”
Reste à savoir si cette coalition de raison parviendra à dépasser les réflexes partisans. Ce soir encore, Sébastien Lecornu devait se rendre à l’Élysée pour présenter au président de la République les “ solutions sur la table ”. En attendant, son message du jour se veut clair : la dissolution n’est plus l’horizon immédiat, mais le compte à rebours budgétaire, lui, continue de tourner.