Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a durci le ton à l’égard des pays européens en définissant deux « lignes rouges » dont le franchissement pourrait provoquer une riposte militaire de Moscou , lors d’une table ronde qui s’est déroulée le 11 décembre à Moscou sur les relations internationales. Tout en affirmant ne pas vouloir la guerre avec l’Europe, le Kremlin accuse les capitales occidentales d’adopter une posture « destructrice » vis-à-vis du conflit ukrainien.
Dans une prise de parole relayée par les médias russes, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé que Moscou n’avait « aucune intention d’entrer en guerre contre l’Europe », tout en avertissant que certaines actions seraient considérées comme inacceptables. Selon lui, la paix entre la Russie et le continent européen resterait fragile tant que deux « lignes rouges » ne seraient pas respectées.
La première concerne le déploiement de forces militaires européennes en Ukraine. Sergueï Lavrov a explicitement évoqué l’éventualité d’une réaction russe si des contingents européens ou de l’Otan venaient à être engagés directement aux côtés des forces ukrainiennes. La seconde ligne rouge porte sur toute tentative d’« expropriation de territoires russes », une formule qui renvoie à la fois aux régions annexées par Moscou et aux débats occidentaux sur la restitution ou la remise en cause de ces territoires dans le cadre d’un règlement du conflit.
Le ministre, en poste depuis 2004 et figure centrale de la diplomatie russe, a insisté sur le fait que la Russie était « déjà préparée aux réponses adaptées » face à ce qu’elle considère comme des mesures hostiles. Il a assuré que les autorités russes travaillaient activement à la sécurisation des frontières occidentales du pays, en coordination avec le président Vladimir Poutine. Derrière le langage diplomatique, le message se veut dissuasif et s’adresse directement aux capitales européennes.
Ces déclarations interviennent alors que la Russie se montre plus conciliante à l’égard de Washington. Sergueï Lavrov a publiquement salué le rôle de Donald Trump dans la recherche d’une issue au conflit russo-ukrainien, contrastant avec ses critiques virulentes envers l’Union européenne, accusée de compromettre toute perspective de paix par son soutien militaire et politique à Kiev.
Le contexte international renforce la portée de ces propos. Au Royaume-Uni, plusieurs médias ont rapporté la mort récente d’un soldat britannique en Ukraine, survenue lors de tests d’une nouvelle arme défensive développée par Kiev. Londres a confirmé la présence d’un « petit nombre » de militaires britanniques sur le sol ukrainien, officiellement chargés de missions de sécurité diplomatique et de soutien. Une situation que Moscou observe avec la plus grande méfiance.
Parallèlement aux déclarations officielles, certains discours russes vont encore plus loin. Le politologue influent Sergueï Karaganov, proche de cercles du pouvoir, a affirmé dans un entretien relayé par Le Grand Continent que « la guerre avait déjà commencé » et que le véritable adversaire de la Russie n’était pas l’Ukraine, mais bien l’Europe. Selon lui, le conflit ne prendrait fin qu’après une « défaite morale et politique » du continent européen, décrit dans des termes extrêmement hostiles.
Karaganov a conclu ses propos par une menace à peine voilée, évoquant la possibilité de recourir à « l’arme la plus terrible qui soit » si l’Europe ne revenait pas à la raison. Bien que ces déclarations n’engagent pas officiellement le Kremlin, elles contribuent à installer un climat de tension extrême et à banaliser l’idée d’une confrontation directe entre la Russie et l’Europe.
Attention toutefois à ne pas trop apeuré les opinions européennes. En plein cycle de pourparlers destinés à mettre fin à la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a déclaré au début du mois de décembre que la Russie ne souhaitait pas un conflit avec l’Europe mais s’y tenait « prête », si l’Europe la commençait, mais les médias mainstream avaient évacué la dernière partie de la phrase dans la plupart de ses titres.
Sources :
CNEWS – Déclarations de Sergueï Lavrov, 12 décembre 2025 – https://www.cnews.fr
Reuters – Réactions officielles russes sur les tensions avec l’Europe, décembre 2025 – https://www.reuters.com
Le Grand Continent – Entretien avec Sergueï Karaganov, décembre 2025 – https://legrandcontinent.eu