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Alexeï Navalny en 2006. Photo : @Олег Козырев/Wikipedia.

Russie : L’administration pénitentiaire annonce la mort du militant anti-corruption Alexeï Navalny

Le célèbre opposant russe Alexeï Navalny est décédé, selon l’annonce officielle de l’administration pénitentiaire russe ce vendredi 16 février. Agé de 47 ans, Navalny était une figure emblématique de la lutte contre la corruption en Russie et était considéré comme l’ennemi principal du président Vladimir Poutine.

Passé par l’université de Yale qui est membre du Forum économique mondial, Navalny, fondateur de la Fondation anti-corruption (FBK) qu’il avait créer un 2011, dénonçait régulièrement des affaires sur son blog Navalny hébergé sur LiveJournal et sur le site Rospil. En 2010, il avait par exemple accusé l’entreprise énergétique Transneft, qui compte dans son board le CEO du Russian Direct Investment Fund et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Kirill Dmitriev, de détournement de fonds pour un montant de 2,9 milliards d’euros lors de la construction d’un oléoduc en Sibérie.

Alexeï Navalny a exprimé son opposition au régime en place en Russie, notamment à Vladimir Poutine, dès février 2011, lorsqu’il qualifiait le parti au pouvoir, Russie unie, de « parti des voleurs et des escrocs ». Il a été arrêté le 5 décembre de la même année, durant la contestation des élections législatives russes. À sa libération le 20 décembre, il lançait un appel à l’unité des Russes contre Poutine, afin d’empêcher sa réélection à l’élection présidentielle de 2012, se déclarant prêt à y participer lui-même.

En mai 2012, Navalny s’est trouvé impliqué dans une manifestation qui dégénère en affrontements avec la police, ce qui conduisit à son arrestation et à une brève période de détention administrative. Cette arrestation marquait le début d’une série de confrontations avec les forces de l’ordre et le gouvernement russe.

Il a siégé de juin 2012 à février 2013 au conseil d’administration de la compagnie arienne russe, Aeroflot sur proposition de l’oligarche russe, Alexandre Lebedev, mais poursuivra son activisme politique, se présentant même comme candidat à la mairie de Moscou en 2013. Malgré sa défaite électorale face au maire sortant Sergueï Sobianine, Navalny continuait à critiquer ouvertement le gouvernement et à mobiliser ses partisans.

En 2014, il fût placé en résidence surveillée pour avoir violé les conditions d’une condamnation antérieure, puis condamné pour diffamation. Malgré ces obstacles juridiques, Navalny a maintenu son engagement politique et est devenu un symbole de l’opposition à Vladimir Poutine. Il souhaitait notamment que Russie rejoigne l’Union européenne et se rapproche de l’OTAN.

En 2017, il est de nouveau arrêté lors de manifestations anti-corruption et voit ses ambitions présidentielles entravées par une condamnation qui l’inéligibilité. Cette décision a suscité des critiques nationales et internationales quant à son caractère politique. Il sera de nouveau arrêté en 2018, faisant réagir Amnesty International, l’ONG membre du Forum économique mondial, reprochant une utilisation « disproportionnée » de la force par la police.

En juillet 2020, Alexeï Navalny a lancé une campagne contre le référendum constitutionnel russe, dénonçant ouvertement celui-ci comme un « coup d’État » et une « violation de la constitution », affirmant que les modifications proposées permettraient à Vladimir Poutine de devenir « président à vie ». Les réformes ont été approuvées autorisant Vladimir Poutine à briguer deux autres mandats présidentiels après l’élection de 2024, lui ouvrant la voie pour rester au pouvoir jusqu’en 2036.

Dans la foulée Navalny a été victime d’une tentative d’assassinat présumée le 20 août. Hospitalisé d’urgence après avoir été empoisonné au Novitchok, un agent neurotoxique développé par l’Union soviétique, il est transféré en Allemagne pour y recevoir des soins médicaux par Cinéma For Peace, une ONG allemande qui a été créée après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, avec pour objectif “d’influencer par les films la perception et la résolution des défis mondiaux sociaux, politiques et humanitaires” et qui est proche du groupe de médias Axel Springer, membre du Forum économique mondial. La chancelière allemande et contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial Angela Merkel et le chef de la Diplomatie européenne et contributeur du FEM, Josep Borrell, exhortent alors Moscou à mener une enquête approfondie et transparente sur l’incident présumé d’empoisonnement de l’opposant. Ils demandent également que les responsables de cet acte soient traduits en justice.

Le 2 septembre 2020, le gouvernement allemand affirmait détenir des preuves irréfutables de l’utilisation d’un agent neurotoxique de type Novitchok contre l’opposant russe, une affirmation confirmée le 14 septembre par deux laboratoires de référence français et suédois de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) dirigée par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Ahmet Üzümcü.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, déclarait ensuite que tout le monde en Russie souhaitait le rétablissement d’Alexeï Navalny et qu’il serait libre de retourner dans son pays, exprimant le désarroi de Moscou face au fait que les laboratoires français et suédois aient pu analyser les échantillons médicaux alors que la Russie n’avait pas eu un accès similaire.

Après sa convalescence, Navalny a décidé de retourner en Russie malgré les risques. Son arrestation immédiate dès son arrivée, suivie de son procès et de sa condamnation à plusieurs années de prison, a suscité une vague de protestations tant en Russie qu’à l’étranger.

En janvier 2022, le nom d’Alexeï Navalny a été ajouté à la liste des individus terroristes par l’organisme fédéral russe chargé du contrôle des transactions financières. En mars 2022, il était de nouveau condamné à neuf ans d’emprisonnement dans un régime strict, puis sa peine fût alourdie à 19 ans en août 2023.

La disparition de Navalny au début du mois de décembre 2023 avait suscité de vives inquiétudes, ses proches n’ayant pas eu de nouvelles durant plusieurs jours. Il avait ensuite été révélé qu’il avait été transféré vers une colonie pénitentiaire de l’Arctique russe, éloignée de son lieu de détention précédent dans l’oblast de Vladimir, à l’est de Moscou.

Selon le communiqué des services pénitentiaires de la région arctique de Iamal publié ce vendredi 16 février, Navalny a été pris d’un malaise après une promenade et a rapidement perdu connaissance. Malgré les efforts du personnel médical et des équipes d’ambulanciers pour le réanimer, toutes les tentatives ont été vaines et son décès a été constaté. Les circonstances exactes de sa mort font encore l’objet d’une enquête. Selon la porte-parole de Navalny, Kira Yarmysh, son avocat va se rendre sur place. Elle souligne ne « pas encore avoir confirmation » de la mort de l’opposant russe.

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