L’image du groupe Thales a été écornée à la suite de l’« affaire Zuma » mettant en cause Jacob Zuma, l’ancien vice-président et président de l’Afrique du Sud et contributeur du Forum économique mondial avec des filiales sud-africaines du géant français, Think et Think Holding.
L’affaire trouve son origine dans un programme d’achat d’armement de 1998-1999 sous le gouvernement du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Nelson Mandela, qui comprenait l’achat de corvettes, de sous-marins, d’hélicoptères légers, d’avions de combats. Les filiales sud-africaines de Thales, Think et Think Holding étaient soupçonnées de corruption et de trafic d’influence avec des hauts responsables du Congrès national africain (ANC).
Une affaire aux nombreux rebondissements
L’enquête, initiée en 2000 a conduit à des accusations contre Zuma en 2003. Toutefois, le procureur général Bulelani Ngcuka a renoncé à le poursuivre, malgré des preuves suffisantes. L’affaire impliquait un pacte de corruption présumé entre Jacob G. Zuma, lorsqu’il dirigeait la province Kawzulu-Natal et les filiales de Thales, avec des paiements de 62 500 euros pour protéger Thales des enquêtes et favoriser des projets futurs.
Shabir Shaik, conseiller financier de Zuma et intermédiaire présumé, a été condamné en 2005 pour corruption, bien qu’il ait nié les faits. Malgré sa condamnation et les preuves accablantes contre Zuma, celui-ci est devenu chef de l’ANC en 2007 et président de l’Afrique du Sud en 2009.
Après le verdict contre Shaik, Zuma et les filiales de Thales ont été inculpés de corruption et autres délits. Cependant, les accusations ont été abandonnées à plusieurs reprises, notamment en 2006 pour vice de procédure, et en 2009, juste avant l’élection de Zuma à la présidence.
En 2015, une commission d’enquête, nommée par Zuma, l’a blanchi des accusations. Cependant, en 2017, le parquet sud-africain a ouvert une nouvelle enquête contre sa personne pour corruption, en lien avec Thales. En 2019, Zuma a contesté sa mise en accusation mais a été débouté par la Haute Cour de Pietermaritzburg. Malgré des soucis de santé, il a été convoqué en 2021 pour répondre à seize chefs d’accusation, dont la fraude, le trafic d’influence et l’extorsion, en lien avec les filiales de Thales. Le procès, initialement prévu pour mai 2021, a été reporté à mai 2022.
En 2021, Zuma a été condamné à 15 mois de prison pour avoir refusé de témoigner devant une commission d’enquête sur la corruption. Cette incarcération a provoqué plusieurs jours d’émeutes, et sa peine a été par la suite réexaminée.
En août 2023, le président sud-africain et contributeur de l’Agenda 2030 du Forum économique mondial, Cyril Ramaphosa, graciait Jacob Zuma. Ramaphosa a été lui même impoqué dans un scandale en 2020. Son domicile avait été la cible de cambrioleurs, qui furent promptement maîtrisés et retenus par son service de sécurité. Lors de cet incident, 580 000 euros en espèces furent découverts chez le président. Cependant, Ramaphosa n’avait ni rapporté l’incident à la police, ni déclaré cette somme au fisc.
Retour politique et élections de 2024
À l’approche des élections de 2024, Ramaphosa a face à une contestation croissante au sein de l’ANC. Lors d’une conférence de presse en décembre 2023, Zuma a annoncé qu’il ne soutiendrait pas Ramaphosa et a appelé à voter pour le parti radical, Mkhonto We Sizwe (MK), du même nom que l’ancienne branche militaire de l’ANC dont Zuma avait été l’ancien chef du renseignement.
L’ancien président a été suspendu de l’ANC, en janvier, pour avoir apporter son soutien à une formation rivale. L’ANC vient d’ailleurs de confirmer aujourd’hui, son exclusion après le rejet de son appel.
Zuma s’est toutefois présenté aux élections qui se sont déroulées au mois de juin, à la tête du MK se plaçant en troisième position, derrière Ramaphosa, qui a représenté l’ANC et Julius Malema de l’EFF, remportant 14% des suffrages.
Le soutien du Françai, Éric Léandri, fondateur de Qwant et proche de Thales
Selon Africa Intelligence, Zuma a bénéficé du soutien d’Éric Léandri, l’ancien PDG de la société Qwant, éditrice du moteur de rechercher éponyme, echerche, basé sur le respect de la vie privée. Éric Léandri participe activement au débat public sur les nouvelles technologies et l’exploitation commerciale des données par les GAFAM. En tant que président du lobby Open Internet Project, il a contribué à faire condamner Google pour abus de position dominante. Selon nos confrères, Léandri qui est établi à Abdu Dhabi, mais est très actif sur le continent Africain, a dépêché une équipe cyber à Johannesburg pour appuyer la campagne de l’ancien président Sud-Africain.
Léandri a été au coeur de plusieurs affaires. En décembre 2022, Politico a publié une enquête portant sur les pratiques d’intelligence économique de la société Altrnativ (anciennement Qwant Med), fondée par Éric Léandri. L’investigation mettait en lumière des activités controversées, notamment le fichage de candidats selon leurs opinions politiques et convictions religieuses pour Dassault Aviation, actionnaire de Thales et membre du Forum économique mondial, ainsi que l’identification des amis et de la famille d’un journaliste pour Naval Group, groupe industriel français spécialisé dans la construction naval de défense, détenu à 62,25 % par l’État français et à 35 % par Thales, soulevant des questions sur le respect de la vie privée.