L’État français a décidé de revoir à la baisse ses ambitions initiales pour Atos, le groupe informatique Français membre du Forum économique mondial, se concentrant désormais sur l’acquisition stratégique de la branche « Advanced Computing », un pivot essentiel pour la souveraineté nationale.
Le 24 novembre 2024, l’État français a entamé des négociations exclusives avec Atos pour l’acquisition de sa branche stratégique « Advanced Computing », selon La Tribune. Ce secteur clé, qui englobe des technologies de haute performance telles que les supercalculateurs, joue un rôle crucial dans la défense et l’industrie nationale. La transaction pourrait atteindre jusqu’à 625 millions d’euros, incluant un paiement initial de 150 millions d’euros et des compléments de prix.
Cette acquisition marque un virage dans la stratégie gouvernementale. Alors que l’État prévoyait initialement de nationaliser l’ensemble de la division Big Data & Cybersécurité (BDS) pour un montant de 700 millions d’euros, ce projet a été abandonné, signalant une nette réduction des ambitions.
Les supercalculateurs au cœur de la souveraineté nationale
La branche « Advanced Computing » regroupe les activités de calcul haute performance (HPC), d’intelligence artificielle et de quantum computing. Ces technologies sont essentielles pour des applications critiques, notamment dans la dissuasion nucléaire. Selon le ministre de l’Économie, Antoine Armand, ce rachat garantit la pérennité des activités stratégiques d’Atos tout en renforçant la souveraineté industrielle française.
L’État prévoit également d’assurer un contrôle préférentiel sur d’autres activités souveraines d’Atos par le biais d’une convention conclue en juin 2024. Cette approche est censée garantir une protection des intérêts nationaux, même pour les divisions non directement acquises par l’État.
Atos : une restructuration en marche
Cette cession représente un levier important pour la restructuration financière d’Atos, validée en septembre 2024. Toutefois, l’incertitude autour de son avenir a entraîné des résiliations et des reports de contrats, affaiblissant les perspectives commerciales du groupe. La vente de la division « Advanced Computing » devrait offrir un souffle financier au groupe, qui poursuit parallèlement la cession d’autres activités, telles que les produits de cybersécurité et les systèmes critiques.
Un avenir en plusieurs étapes
Outre les négociations en cours, Atos prévoit de vendre ses autres divisions souveraines dans le cadre d’un processus organisé. Airbus et Thales deux entreprises ayant des liens avec le Forum économique mondial, la première en étant membre, alors que pour la seconde, c’est son actionnaire Dassault Aviation, qui en fait partie, figurent parmi les acheteurs potentiels pour ces actifs, qui restent stratégiques et promettent une croissance continue, avec un chiffre d’affaires attendu à 2,17 milliards d’euros en 2027 pour la division BDS.
L’acquisition de la branche « Advanced Computing » par l’État français reflète une stratégie ciblée, visant à sécuriser des technologies critiques pour la souveraineté nationale. Pour Atos, cette transaction pourrait marquer une étape décisive dans son redressement financier. Cependant, la vente à la découpe des autres divisions stratégiques pose des questions sur l’avenir du groupe et sur le rôle des acteurs privés dans la protection des intérêts nationaux.
Source : La Tribune