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Emmanuel Macron. Photo : @UE

Réseaux sociaux et démocratie : Emmanuel Macron appelle à la « résistance » face aux dérives du numérique

En réunissant plus de 200 experts à l’Élysée, Emmanuel Macron a lancé un appel à la « résistance » contre les menaces que font peser internet et les réseaux sociaux sur la démocratie et les élections. Un chantier qu’il veut transformer en « projet d’action commun », à la croisée de la régulation numérique et de la santé mentale des jeunes.

« J’ai besoin de vous, je vais me démultiplier aussi. » Ces mots, prononcés par Emmanuel Macron ce mardi 28 octobre devant un parterre de chercheurs, d’entrepreneurs, d’élus et d’experts du numérique, traduisent la détermination du chef de l’Etat à intervenir dans le domaine des réseaux sociaux. À l’Élysée, le président de la République a lancé un appel solennel à « la résistance » contre ce qu’il qualifie de nouvelles menaces pour la démocratie : les dérives d’internet, des algorithmes et des réseaux sociaux.

Dans le salon Murat, quelque 200 invités ont pris part à cette rencontre qui se voulait à la fois un espace de diagnostic et un laboratoire d’idées. Objectif : proposer, d’ici la fin de l’année, des pistes concrètes pour endiguer les effets délétères du numérique sur le débat public et sur les élections à venir. Emmanuel Macron a ainsi plaidé pour la création d’une « petite plateforme d’action », destinée à coordonner les initiatives et à « bâtir un projet d’action commun », au-delà des seules mesures législatives.

Ce débat, tenu en présence de quelques médias dont l’AFP, s’inscrivait dans la continuité du Conseil national de la Refondation (CNR), lancé en 2022. Mais cette fois, le président veut placer le numérique au cœur du débat démocratique, alors que les crises politiques successives et la dissolution ratée de 2024 ont fragilisé son autorité sur la scène intérieure. Il mise désormais sur ce combat – celui contre les effets néfastes des écrans et des réseaux – comme nouvelle priorité d’un quinquennat qui entre dans sa dernière phase avant les municipales de 2026 et la présidentielle de 2027.

Les discussions ont largement porté sur le pouvoir grandissant des algorithmes, conçus pour capter l’attention des utilisateurs et la monétiser à travers des logiques publicitaires ou idéologiques. « Ce qui se joue avec les algorithmes, c’est l’émergence d’un nouveau pouvoir, au même rang que l’exécutif, le législatif et le judiciaire », a averti Hugo Micheron, chercheur et spécialiste des ingérences islamistes en ligne. Il appelle à créer des « contre-algorithmes de supervision » capables d’assurer une transparence démocratique dans un univers dominé par des logiques marchandes.

David Colon, historien de la propagande et de la manipulation de masse, a pour sa part dénoncé la concentration du pouvoir numérique entre les mains d’un petit nombre d’entreprises américaines, chinoises et russes, qui « ont toujours fait prévaloir leurs intérêts sur ceux des citoyens ». En citant l’exemple de la Moldavie, où « le premier client de Facebook fut le Kremlin », il a rappelé la réalité concrète des ingérences étrangères dans les processus électoraux, sans mentionner que Pavel Durov CEO de Telegram a dénoncé des pressions de la DGSE pour censurer son réseau social en Moldavie. Durov avait déjà accusé au mois de mai la France d’avoir cherché à « censurer des voix conservatrices » en Roumanie.

Selon Colon, les « trolls » et les « bots », ces comptes automatisés, faussent la perception des utilisateurs et amplifient artificiellement certaines opinions, alimentant les divisions et la défiance. Pour y remédier, l’idée d’un réseau social « d’intérêt public » a été avancée, reposant sur des algorithmes transparents et un modèle non publicitaire.

Axel Dauchez, fondateur de la plateforme participative Make.org, a de son côté proposé l’instauration de « périodes de réserve » sur les réseaux sociaux avant les scrutins, à l’image des règles déjà en vigueur pour les médias traditionnels.

Emmanuel Macron a clôturé cette séquence d’un ton grave, soulignant la perte progressive de « notre indépendance émotionnelle et cognitive » face à la toute-puissance des flux numériques. Il a annoncé qu’il réunirait à nouveau les participants d’ici la fin décembre afin de transformer ces échanges en mesures concrètes. Une manière, selon l’Élysée, de replacer la maîtrise du numérique au centre du pacte démocratique français.

Cette réunion c’est déroulée le jour même de la fin du procès de cyberharcelement contre Brigitte Macron. Pour le parquet, « cette rumeur relève moins de la satire que de la calomnie », et traduit la manière dont les plateformes numériques peuvent être utilisées pour orchestrer des campagnes de désinformation ciblées.

Elle intervient également deux mois après la sortie d’un rapport publié par l’ONG Civilization Works le 3 septembre 2025, intitulé « How France Invented the Censorship Industrial Complex », basé sur les Twitter Files mettant en lumière le rôle central de la France – et en particulier d’Emmanuel Macron – dans la mise en place d’un système international de censure numérique.

Sources :

Le Figaro, CNEWS.

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