You are currently viewing Qatargate : une campagne israélienne secrète pro-Qatar a continué malgré les liens avec le Hamas
Image : ChatGPT X X-Pression média.

Qatargate : une campagne israélienne secrète pro-Qatar a continué malgré les liens avec le Hamas

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:MONDE
  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Une enquête explosive du média Israélien Haaretz révèle que des proches de Netanyahou ont orchestré une campagne numérique pour promouvoir l’image du Qatar, malgré ses liens avec le Hamas. Des contenus ont été effacés juste avant la publication de l’enquête.

Moins d’un mois après l’attaque sanglante du Hamas contre Israël, un article anonyme paraissait sur un faux site d’information, Worldwide & Business News (WBN), vantant « le rôle de médiateur impartial du Qatar au Moyen-Orient ». Ce texte, relayé massivement sur les réseaux sociaux, défendait les relations entre Doha et le Hamas, en les présentant non comme un soutien, mais comme un canal diplomatique nécessaire.

Ce site était l’un des nombreux « actifs numériques » utilisés dans le cadre d’une campagne d’influence secrète, baptisée Project Lighthouse, imaginée par des conseillers de Benjamin Netanyahou. Objectif initial : améliorer l’image du Qatar avant la Coupe du monde 2022. Mais selon Haaretz, l’opération s’est poursuivie bien après le déclenchement de la guerre à Gaza.

Des articles pro-Qatar, même en pleine guerre

Selon Haaretzdes dizaines d’articles et de tweets favorables au Qatar ont été publiés entre 2022 et 2024, y compris après l’attaque du 7 octobre. L’un d’eux vantait les négociations menées par Doha ayant conduit à la libération de 80 otages israéliens et 240 prisonniers palestiniens. Un autre assurait que « même Donald Trump reconnaissait le rôle central du Qatar dans l’aide humanitaire à Gaza ».

En mars 2025, après les sollicitations du journal israélien, tous les articles pro-Qatar ont été discrètement supprimés des plateformes liées à la campagne.

Des avatars, des blogs et des images générées par IA

La stratégie s’appuyait sur un réseau complexe de comptes fictifs, ou « avatars », conçus pour paraître réels. Ces faux utilisateurs relayaient la ligne narrative de la campagne : Qatar comme médiateur humanitaire et diplomatique essentiel. Certaines publications allaient jusqu’à vanter le rôle du Qatar dans des négociations internationales (Russie-Ukraine, États-Unis-Taliban…).

La campagne a utilisé un blog sur Medium, prétendument écrit par un Juif américain, et un compte satirique sur X/Twitter nommé The Imaginary Times. Des images d’une colombe de la paix entre les drapeaux israélien et qatari, générées par intelligence artificielle, circulaient dans ces contenus.

Une opération financée par des proches du pouvoir israélien

Derrière cette opération : Perception, société de communication fondée par Israel Einhorn, et Koios, entreprise sous-traitante qui emploie des équipes aux Philippines et en Argentine. Les deux structures auraient reçu des financements via une filiale britannique appartenant à un ancien officier du Mossad et à Yoav Mordechai, ancien porte-parole de l’armée israélienne.

L’un des architectes de la campagne, Yonatan Urich, proche conseiller de Netanyahou, a reconnu avoir touché de l’argent du Qatar en 2022. Il est actuellement assigné à résidence. L’enquête évoque également Eli Feldstein, porte-parole du Premier ministre, soupçonné d’avoir relayé des propos anti-égyptiens au profit du Qatar, en lien avec le lobbyiste américain Jay Footlik.

Une enquête en cours, des démentis en cascade

Contactées par Haaretz, les entreprises impliquées dans la campagne nient toute implication directe. Perception parle de « mésinterprétations » et affirme que le projet avait été commandé par des « anciens responsables de la sécurité ». Koios nie toute collaboration avec Perception.

Quant aux figures centrales du scandale, certaines sont sous enquête policière, tandis que d’autres refusent de commenter publiquement, invoquant des interdictions judiciaires.

Un scandale aux ramifications internationales

Ce que révèle Haaretz, c’est un système sophistiqué de manipulation de l’opinion, visant autant les publics israéliens que les diasporas et les milieux diplomatiques. L’objectif : blanchir l’image du Qatar, même après l’attaque du Hamas, tout en affaiblissant le rôle de médiateurs concurrents comme l’Égypte.

Cette affaire, surnommée Qatargate par Haaretz, pourrait bien ébranler davantage le pouvoir israélien déjà fragilisé, tout en soulevant une question centrale : jusqu’où les gouvernements sont-ils prêts à aller dans la guerre de l’information ?

Laisser un commentaire