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Delphine d'Horvilleur, Anne Sinclair et Joann Sfar. Image : Chat GPT X X-Pression média.

Gaza : Télérama analyse les tensions autour de la parole juive sur Israël et la Palestine

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Le 8 mai 2025, trois figures publiques françaises — Delphine Horvilleur, Anne Sinclair et Joann Sfar — ont pris position sur la situation dramatique à Gaza. Une première pour ces personnalités juives, jusque-là perçues comme silencieuses ou prudentes quant aux exactions israéliennes. Télérama revient sur ce point dans un article publié le 16 mai et donne la parole au politiste Yoav Shemer-Kunz et à l’avocat Arié Alimi, tous deux juifs et engagés depuis longtemps pour la cause palestinienne, estimant que ces interventions sont importantes, même si elles sont timides.

Dans un texte publié dans Tenou’a, la rabbin Delphine Horvilleur évoque « une déroute politique et une faillite morale » d’Israël, et souligne « la souffrance terrible des enfants de Gaza ». Le lendemain, Anne Sinclair qualifie sur Instagram l’action israélienne de « légitime » mais « indéfendable », tandis que Joann Sfar dénonce « le nettoyage ethnique » en cours.

Un tournant symbolique dans un contexte de peur et d’autocensure

Si ces prises de parole ont un écho important, c’est aussi parce qu’elles surviennent après des mois de silence ou de positions ambiguës. Cette réserve, expliquent les intéressés, tient à une peur de nourrir l’antisémitisme ambiant. Tous évoquent une forme d’injonction communautaire à la loyauté.

« J’ai bâillonné ma parole pour ne pas donner de munitions au “camp d’en face” », écrit Delphine Horvilleur. Anne Sinclair déplore qu’« on ait été contraints de faire bloc ». Joann Sfar, quant à lui, regrette un climat où « chaque critique d’Israël semble suspectée d’antisémitisme ».

Des voix critiques saluées, mais aussi jugées tardives

Dans les colonnes de Télérama, le politiste Yoav Shemer-Kunz et l’avocat Arié Alimi, tous deux juifs et engagés depuis longtemps pour la cause palestinienne, estiment que ces interventions sont importantes, mais soulèvent des tensions.

Shemer-Kunz, chercheur à l’université de Strasbourg et cofondateur du réseau European Jews for Palestine rappelle que ces personnalités ont souvent contribué à stigmatiser les défenseurs de la Palestine, en confondant critique d’Israël et propos antisémites. « Je suis content qu’ils parlent, mais amer. Ils ont participé à réduire au silence des voix comme les nôtres », confie-t-il à nos confrères. «Ils restent dans l’émotion, comme s’il s’agissait d’une crise humanitaire due à un tsunami, alors qu’il faut agir politiquement, en exigeant que l’armée et le gouvernement responsables rendent des comptes », précise-t-il.

Arié Alimi adopte une position plus conciliante : « Il faut accueillir toute parole de solidarité avec les Palestiniens, même tardive. Disqualifier ces voix serait contre-productif face à l’urgence. »

Critiquer Israël quand on est juif : un tabou tenace

Télérama relève la difficulté structurelle, historique et communautaire à critiquer Israël quand on est juif. Une injonction, parfois implicite, à laver le linge sale « en famille ». Une peur, aussi, d’être marginalisé ou accusé de trahison.

« En Israël, il faut être mort pour la nation pour être légitime », ironise Yoav Shemer-Kunz. En France, les critiques d’Israël venant de Juifs sont souvent plus redoutées car elles brisent un mythe d’unanimité communautaire.

Vers un basculement dans le débat public ?

Malgré leur caractère tardif, ces prises de parole peuvent marquer un tournant dans l’opinion française, selon Arié Alimi. « Les moments de bascule tiennent à peu de voix. Ces paroles ont un effet symbolique fort, elles peuvent ouvrir un espace de critique légitime. »

Le débat ne fait que commencer, mais une chose est sûre : l’omerta qui pesait sur les voix juives critiques d’Israël commence à se fissurer, même si les réactions sont pour l’instant timides comme en témoigne ce tweet de Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images, relevant la dernière phrase de l’article de Télérama : « Sollicités, Delphine Horvilleur, Anne Sinclair et Joann Sfar ont décliné nos demandes d’interview ».

Source : Télérama.

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