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Vladimir Poutine. Photo : @Kremlin.ru

Empoisonnement au Novitchok : une enquête britannique attribue à Poutine une « responsabilité morale » dans la mort de Dawn Sturgess

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Une enquête indépendante publiée au Royaume-Uni conclut que Vladimir Poutine porte une « responsabilité morale » dans l’empoisonnement fatal de Dawn Sturgess en 2018. Londres a réagi en convoquant l’ambassadeur russe et en sanctionnant l’ensemble du renseignement militaire russe, accusé d’avoir conduit l’opération à l’origine du drame.

Plus de sept ans après l’empoisonnement au Novitchok qui avait bouleversé Salisbury, une enquête indépendante apporte une conclusion d’une rare sévérité : le président russe Vladimir Poutine porte une « responsabilité morale » dans la mort de Dawn Sturgess, Britannique de 44 ans décédée après avoir été exposée, par inadvertance, à l’agent neurotoxique utilisé quelques mois plus tôt contre l’ex-agent double Sergueï Skripal et sa fille Ioulia. Le rapport, rendu public jeudi par le juge Anthony Hughes, ravive les tensions diplomatiques entre Londres et Moscou, déjà mises à rude épreuve depuis 2018.

Dawn Sturgess, mère de famille et habitante d’Amesbury, avait été retrouvée agonisante en juillet 2018 après avoir vaporisé sur sa peau ce qu’elle pensait être un parfum contenu dans un flacon trouvé par son compagnon dans une poubelle. Ce contenant n’était autre qu’un emballage dissimulant du Novitchok abandonné par les agents du renseignement militaire russe (GRU) responsables de la tentative d’assassinat visant les Skripal. Ceux-ci, selon l’enquête, avaient « imprudemment jeté » la bouteille dans un lieu public, sans se soucier du risque mortel encouru par des innocents.

Pour Anthony Hughes, les faits sont établis : « Il existe un lien direct entre les actions de ces individus et la mort de Dawn Sturgess. Ils portent, à eux seuls, la responsabilité morale de cet événement », déclare-t-il, en ajoutant que cette chaîne de responsabilités s’étend « jusqu’à ceux qui ont autorisé la mission, y compris le président Poutine ». La formulation, mesurée mais implacable, replace le Kremlin au cœur d’une affaire que Moscou nie catégoriquement depuis son origine.

Dans la foulée de la publication, le Foreign Office a convoqué l’ambassadeur russe Andreï Kelin et annoncé une salve de sanctions visant « l’intégralité » du GRU ainsi qu’onze personnes accusées d’« activités hostiles » pour le compte de l’État russe. Le Premier ministre et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Keir Starmer  a dénoncé « le mépris du Kremlin pour les vies d’innocents » et rappelé l’onde de choc provoquée en 2018 par ce qui constitue l’une des attaques chimiques les plus graves en Europe depuis la fin de la guerre froide.

L’enquête publique pointe également certains manquements des autorités britanniques, notamment dans les mesures de sécurité autour de Sergueï Skripal, tout en concluant qu’aucune protection réaliste n’aurait pu empêcher l’attaque. Les Skripal, toujours sous identité secrète et protégés par la police, n’ont pas été auditionnés pour des raisons de sécurité. Dans un témoignage écrit, Sergueï Skripal avait lui-même mis en cause Vladimir Poutine.

Si onze nouvelles sanctions visent des acteurs du GRU, trois agents russes sont déjà inculpés dans le volet pénal britannique et font l’objet de mandats d’arrêt. Mais l’enquête laisse plusieurs zones d’ombre qui inquiètent les proches de Dawn Sturgess. Ceux-ci saluent la reconnaissance de son statut de « victime totalement innocente », mais regrettent l’absence de recommandations concrètes pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise. À leurs yeux, l’affaire demeure un traumatisme national et un symbole de la vulnérabilité des civils face aux opérations clandestines d’États hostiles.

Sources :

AFP, Blick.

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