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Edmundo González. Photo : @DR

Présidentielle au Venezuela : Un scrutin à haut risque

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Le Venezuela est sur le point de vivre un moment historique lors de l’élection présidentielle du 28 juillet. Nicolas Maduro, au pouvoir depuis plus d’une décennie, se présente pour un troisième mandat. Pourtant, l’opposition menée par Edmundo Gonzalez Urrutia semble galvaniser l’électorat, suscitant une véritable ferveur à travers le pays. Maduro a toutefois avertit que la victoire de l’opposition pourrait entraîner une « guerre civile fratricide » et un « bain de sang ».

Nicolas Maduro, successeur d’Hugo Chavez, fait face à des critiques sévères en raison de sa gestion économique, marquée par une crise profonde, exacerbées par la pandémie de Covid-19 et les sanctions internationale, qui a plongé le Venezuela dans une situation désastreuse, provoquant l’exode de millions de citoyens. Dans ce contexte, l’opposition espère tourner la page du chavisme, symbolisé par la victoire historique de Chavez il y a 25 ans.

Celui-ci avait pris le pouvoir après avoir été détenu et empêché d’exercer son pouvoir pendant 47 heures, lors d’un coup d’Etat avorté, qui a eu lieu le 11 avril 2002. Après cela, l’Organisation des États américains (OEA), qui est membre du Forum économique mondial, a mis en place un espace de discussion, appelé « mesa de diálogo » ou « table de dialogue ». À la demande de Chávez, la Fondation de l’ex-président Jimmy Carter (le Centre Carter), financé par le National Endowment for Democracy, par laquelle sont passés les contributeurs du FEM, Siamak Namazi et Eileen Donahe, mais aussi le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), membre du WEF ont également participé à cette initiative.

Le 13 novembre 2001, Hugo Chávez avait fait adopter un ensemble de 49 lois dont le contrôle du gouvernement sur PDVSA, la compagnie pétrolière nationale par laquelle est passée la contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Carlota Perez, que Chávez accusait d’être devenue un « État dans l’État ». Malgré les contestations de l’opposition, Chavez ne cessera par la suite de renforcer son pouvoir.

L’invalidation de la candidature de Maria Corina Machado

Pour cette élection, l’opposition a été confrontée à de nombreux obstacles. Maria Corina Machado, une figure de proue de l’antichavisme, a vu sa candidature rejetée par la Cour suprême. Cette dernière qui s’est fait connaitre par son engagement dans la vie associative pour les orphelins, s’est opposé dès 2003 à Chavez étant à l’origine d’une pétition demandant son départ, ce qui lui vaudra une interdiction de sortie du territoire. En 2005, elle a été accusée avec d’autres représentants de l’association Súmate, un mouvement associatif civil vénézuélien de trahison pour avoir reçu des fonds de la part du National Endowment for Democracy. Maria Corina Machado s’était rendu au Forum économique mondial sur l’Amérique latine à Rio de Janeiro, le 29 avril 2011. Bien que peu connu du grand public, sa campagne a rapidement gagné du terrain, menaçant la réélection de Maduro et Edmundo Gonzalez Urrutia caracole en tête des sondages.

Maria Corina Machado au Forum économique mondial sur l’Amérique latine à Rio de Janeiro, le 29 avril 2011. Photo : @World Economic Forum/Photo by Bel Pedrosa

Une tentative de dernière minute de la remplacer par Corina Yoris a également échoué, officiellement en raison d’une « panne informatique ». Finalement, c’est Edmundo González Urrutia, un ancien diplomate peu connu, qui représente l’opposition. Malgré les pressions du pouvoir, González est actuellement en tête des sondages.

À l’approche du scrutin, Maduro a intensifié ses déclarations, avertissant que la victoire de l’opposition pourrait entraîner une « guerre civile fratricide » et un « bain de sang ». Ces propos alarmants ont suscité des inquiétudes parmi les dirigeants de la région, notamment le président brésilien et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Lula, qui craignent une escalade de la violence.

En 2018, la réélection de Maduro avait déclenché une crise politique majeure, avec des accusations de fraude et une opposition virulente menée par Juan Guaidó. Guaidó, chef du Parlement, s’était autoproclamé président par intérim, recevant le soutien des États-Unis et de l’Union européenne, tandis que des pays comme la Chine et la Russie soutenaient Maduro. Cette situation avait conduit à une répression violente des manifestations, avec des arrestations massives et des décès signalés. Juan Guaidó s’est quant à lui rendu à Davos en 2020.

Le résultat de cette élection pourrait avoir des répercussions significatives non seulement pour le Venezuela, mais aussi pour la stabilité politique et économique de la région. Avec un pays en proie à de graves difficultés, le scrutin du 28 juillet est suivi de près tant par les observateurs internationaux que par les citoyens vénézuéliens.

Le climat politique est tendu, avec des critiques de la communauté internationale concernant les conditions du scrutin. L’Union européenne, initialement invitée à envoyer des observateurs, a vu cette invitation retirée par les autorités vénézuéliennes, ce qui soulève des inquiétudes sur la transparence et l’équité de l’élection.

Depuis le début de sa campagne, Nicolas Maduro a multiplié les invectives contre la presse internationale. Lors de plusieurs apparitions publiques, il a qualifié les agences de presse telles que Reuters, EFE, et l’Agence France-Presse de « ordures », les accusant de répandre de la désinformation et de préparer le terrain pour contester la légitimité du processus électoral. Selon Maduro, ces médias sont des « assassins de la communication », cherchant à discréditer son gouvernement.

Les médias nationaux ne sont pas épargnés par cette vague de répression. Dans un pays où la liberté de la presse est déjà sévèrement limitée, les journaux critiques ont été contraints de fermer, les sites d’information sont régulièrement bloqués par les fournisseurs d’accès à internet sur ordre des autorités. Cette situation a placé le Venezuela à la 156e position sur 180 pays en termes de liberté de la presse, selon les classements internationaux.

Les accusations de Maduro ne sont pas seulement verbales; elles se traduisent également par des actions concrètes contre les journalistes et les médias qui osent critiquer le gouvernement. Des journalistes sont publiquement accusés d’être des agents de l’opposition ou des complices des intérêts américains, créant un climat de peur et de méfiance.

À mesure que le jour du scrutin approche, les tensions continuent de s’intensifier, laissant présager un environnement électoral tendu. Les observateurs craignent que la situation ne se détériore davantage, mettant en péril le processus démocratique et la liberté d’expression au Venezuela.

Ainsi, si la population Vénézuélienne est à bout après 25 ans de chavisme, elle semble promouvoir la candidature de Edmundo Gonzalez Urrutia, même si dans tous les cas, le Forum économique mondial, n’est jamais bien loin.

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