En France, la vérification d’âge sur les sites pornographiques via AgeGo soulève de vives inquiétudes. Collecte d’IP, d’e-mails et de données sensibles : l’anonymat promis aux internautes est loin d’être garanti.
En France, l’accès aux sites pornographiques est désormais conditionné à une vérification d’âge censée protéger les mineurs. Mais derrière cette mesure, présentée comme un rempart contre les dérives numériques, se cache une réalité plus complexe : la promesse d’anonymat n’est pas tenue.
Sous la pression de l’Arcom, de nombreux sites pour adultes ont adopté la solution AgeGo. Développée sous le cadre juridique britannique, bien moins exigeant que la législation française en matière de protection des données, cette technologie est aujourd’hui au cœur des critiques. Selon un rapport de l’ONG AI Forensics, AgeGo transfère lors de chaque contrôle des informations sensibles vers les serveurs d’Amazon Web Services. Le processus implique la collecte du flux vidéo de la caméra du smartphone ou de la webcam, de l’adresse IP, de l’agent utilisateur du navigateur et même de l’adresse e-mail. Autant d’éléments qui permettent potentiellement d’identifier un internaute, alors même que l’anonymat constituait un argument central pour faire accepter ce dispositif.
Plusieurs acteurs du secteur reconnaissent que cette solution a été déployée dans l’urgence, sans véritable débat public ni garanties solides. « Ce n’était pas idéal, on l’avait signalé, mais la mise en place s’est faite dans la précipitation », confie un professionnel cité par le média Tech&Co. Faute d’alternative crédible et uniformisée au niveau européen, AgeGo s’est imposé comme une solution par défaut. Mais son utilisation soulève une inquiétude majeure : la confiance des internautes, déjà fragile, pourrait être encore plus ébranlée.
Face à ces pratiques, de nombreux utilisateurs se tournent vers les VPN, espérant contourner un système perçu comme intrusif. Ce regain d’intérêt pour les outils de contournement traduit une méfiance croissante à l’égard des dispositifs imposés par les autorités et les plateformes.
Source : Les Numériques.