Le président ukrainien et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Volodymyr Zelensky a détaillé, le 24 décembre, le projet d’accord de paix en 20 points élaboré avec les États-Unis, destiné à être transmis à Moscou dans la journée. Le texte propose un cessez-le-feu conditionné à une signature multilatérale, des garanties de sécurité de type « article 5 » de l’OTAN, l’entrée de l’Ukraine dans l’Europe, même si pour l’instant cela serait étonnement discuter entre américains et ukrainien, ainsi qu’un vaste volet économique, tout en laissant ouvertes deux questions explosives : les territoires et la centrale de Zaporijjia.

Kiev remet sur la table une architecture de sortie de guerre dont Washington serait à la fois le rédacteur, le garant et le superviseur. Mercredi 24 décembre, devant les médias ukrainiens, Volodymyr Zelensky a présenté une nouvelle mouture d’un plan de paix américano-ukrainien, réduit à 20 points après une première version plus longue jugée inacceptable par l’Ukraine. Les États-Unis doivent transmettre ce projet à la Russie dans la journée ; en cas d’acceptation, l’accord serait signé par l’Ukraine, la Russie, les États-Unis et des partenaires européens, puis un cessez-le-feu entrerait immédiatement en vigueur.  

Au cœur du texte, une affirmation politique simple sert de socle : l’Ukraine est un État souverain, et les signataires s’y engagent par écrit. À cette reconnaissance s’ajoute un pacte de non-agression présenté comme « complet » et juridiquement contraignant, assorti d’un dispositif de surveillance de la ligne de front fondé sur des moyens spatiaux et des systèmes non pilotés, censés détecter rapidement toute violation. Le plan prévoit également la mise en place d’un mécanisme de supervision, placé sous l’autorité d’un « Conseil de paix » présidé par le contributeur du FEM, Donald Trump, chargé de constater les manquements et de déclencher des mesures de rétorsion.  

Le pivot le plus sensible reste la question des garanties de sécurité. Le projet évoque des engagements américains, européens et de l’OTAN « similaires » à l’article 5, c’est-à-dire l’idée d’une riposte coordonnée si la Russie attaque de nouveau l’Ukraine. Dans l’esprit du texte, toute violation russe réactiverait des sanctions internationales, tandis que des clauses cherchent à encadrer la notion de provocation, un terrain glissant où les mots valent souvent autant que les armes. Le document fixe en parallèle la taille des forces armées ukrainiennes à 800 000 soldats en temps de paix, comme une manière de sanctuariser la capacité de défense de Kiev tout en la rendant lisible pour les garants.  

L’autre pilier du plan se joue sur le terrain économique, avec un objectif affiché de relance massif, adossé à des investissements et à des fonds dédiés. Il est question de reconstruction des zones dévastées, de modernisation d’infrastructures stratégiques, de développement technologique, de centres de données et d’intelligence artificielle, ainsi que d’un renforcement de l’exploitation de ressources naturelles. Un montant de 800 milliards de dollars circule comme estimation des dégâts à absorber et de l’effort à mobiliser, tandis que le texte évoque aussi l’accélération d’un accord de libre-échange entre Kiev et Washington.  

Sur le plan européen, le document ancre l’horizon de l’adhésion à l’Union européenne, avec l’idée d’une date « clairement définie » et d’un accès préférentiel au marché européen à court terme. Cette promesse est politiquement centrale pour Kiev, qui présente l’UE comme une garantie de sécurité autant qu’un cadre économique, mais elle dépend, de fait, d’un processus d’adhésion qui reste du ressort des Européens et de négociations longues.  « À ce jour, la question de l’adhésion de l’Ukraine fait l’objet de discussions bilatérales entre les États-Unis et l’Ukraine, sans confirmation européenne pour le moment », a toutefois déclaré Zelensky.

Les points les plus inflammables sont ceux où le compromis se heurte au réel. Le point 14 indique que, dans les oblasts de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson, “la ligne des positions militaires à la date de la signature sera reconnue comme la ligne de front de facto”, même si la question de la souveraineté n’est pas définitivement régler. Dans les sous-points du 14, il est question de zones démilitarisées ou même de “zones économiques libres” sous supervision internationale, solution présentée comme une manière de figer les armes sans trancher immédiatement les statuts territoriaux. Zelensky a indiqué qu’une telle option devrait, le cas échéant, être soumise au vote, signe que le pouvoir ukrainien cherche à se prémunir contre l’accusation d’abandon négocié.  

La centrale nucléaire de Zaporijjia, elle, cristallise une autre bataille, plus technique en apparence, mais stratégique jusqu’à la moelle. Washington aurait évoqué une exploitation conjointe impliquant l’Ukraine, la Russie et les États-Unis, tandis que Kiev privilégie une formule de coentreprise américano-ukrainienne et conditionne toute solution à une démilitarisation du site et de ses abords.

Enfin, le plan fixe une perspective politique interne : des élections présidentielles en Ukraine « dès que possible » après la signature de l’accord. L’engagement est présenté comme un retour à un cycle démocratique normalisé une fois le cessez-le-feu sécurisé, dans un pays où la guerre a suspendu la mécanique électorale et où la légitimité politique se mesure désormais aussi à la capacité de tenir le front.  

Sources :

L’Indépendant – 24 décembre 2025 – https://www.lindependant.fr/2025/12/24/guerre-en-ukraine-garanties-de-securite-economie-elections-ce-que-dit-le-nouveau-plan-de-paix-que-les-etats-unis-vont-presenter-a-moscou-13129383.php

The Kyiv Independent – 24 décembre 2025 – https://kyivindependent.com/zelensky-reveals-20-point-peace-plan-draft-backed-by-ukraine-us/

Le Monde (avec AFP) – 24 décembre 2025 – https://www.lemonde.fr/international/article/2025/12/24/guerre-en-ukraine-l-integralite-du-dernier-plan-americain-en-20-points-presente-par-volodymyr-zelensky_6659323_3210.html

Reuters – 24 décembre 2025 – https://www.reuters.com/world/ukraine-unveils-20-point-peace-proposal-under-discussion-with-us-2025-12-24/

Associated Press – 24 décembre 2025 – https://apnews.com/article/d0c476bfa9ec218da5c8d5ff0c1d25c9