La décision française de reconnaître officiellement l’État de Palestine suscite de vives tensions diplomatiques. Le gouvernement israélien de Benjamin Nétanyahou a mis en garde Paris contre une « réponse forte », évoquant la fermeture du consulat français à Jérusalem et une remise en cause des propriétés françaises dans la Ville sainte.
Le 18 septembre 2025, le président Emmanuel Macron a confirmé par courrier adressé à Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, que la France reconnaîtrait prochainement l’État de Palestine. Cette annonce, prévue pour être officialisée lors de la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, marque un tournant majeur dans la diplomatie française au Proche-Orient.
La réaction israélienne ne s’est pas fait attendre. Le 19 septembre 2025, plusieurs médias, dont TASS et The New Arab, ont rapporté que le gouvernement de Benjamin Nétanyahou préparait un train de mesures de rétorsion contre la France. Parmi celles-ci, la fermeture du consulat général de France à Jérusalem est envisagée, tout comme une remise en cause de l’administration française des domaines nationaux situés dans la Ville sainte. Ces propriétés, héritées des accords passés avec l’Empire ottoman au XVIᵉ siècle et confirmées par des traités ultérieurs, pour protéger les pèlerins Chrétiens, comprennent notamment l’église Sainte-Anne, le monastère du Pater Noster sur le mont des Oliviers et le Tombeau des Rois.
Ces menaces s’inscrivent dans une longue histoire où la France conserve un rôle particulier à Jérusalem. Depuis des siècles, elle est garante de certains lieux chrétiens grâce à des « domaines nationaux » acquis ou concédés. Le consulat général de France, ouvert en 1843, possède un statut unique : il ne dépend pas de l’ambassade à Tel Aviv, mais directement du Quai d’Orsay, reflétant l’importance symbolique et politique de sa présence à Jérusalem.
Israël considère cependant la reconnaissance d’un État palestinien par la France comme une atteinte directe à ses intérêts stratégiques et diplomatiques. « Une réponse forte sera apportée », ont déclaré des responsables israéliens, sans préciser le calendrier ni la forme exacte des mesures. Selon le quotidien The New Arab, d’autres options pourraient inclure un durcissement des politiques d’occupation en Cisjordanie, voire une accélération de l’annexion de certaines zones.
Du côté palestinien, la perspective d’une reconnaissance par Paris est perçue comme une victoire diplomatique après des décennies d’impasse. Mahmoud Abbas a salué cette décision comme « un geste historique », tandis que le Hamas a également appelé la communauté internationale à suivre l’exemple français. Pourtant, cette reconnaissance reste largement symbolique : elle n’implique pas de changement immédiat sur le terrain, où les affrontements, les blocus et les tensions perdurent.
Cette confrontation diplomatique entre Paris et Tel-Aviv pourrait marquer un tournant dans les relations bilatérales. Depuis la guerre de Gaza en 2023, les positions françaises ont progressivement évolué vers une reconnaissance accrue des droits palestiniens, tout en condamnant fermement les violences contre les civils israéliens. La décision de septembre 2025 s’inscrit dans cette trajectoire. Reste à savoir si les menaces israéliennes se concrétiseront et si elles auront un impact sur la présence séculaire de la France à Jérusalem, véritable point d’équilibre entre mémoire religieuse, héritage diplomatique et tensions contemporaines.
Sources :
TASS – Israel preparing harsh response to France’s potential recognition of Palestine – 19 septembre 2025 – tass.com
The New Arab – Israel threatens France over Palestine recognition – 19 septembre 2025 – newarab.com
Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères – Annonce de la reconnaissance de la Palestine – 18 septembre 2025 – diplomatie.gouv.fr
Wikipedia – Domaine national français en Terre sainte – consulté en septembre 2025 – fr.wikipedia.org