Nommé par Donald Trump pour diriger le Bureau du procureur spécial, l’avocat d’extrême droite Paul Ingrassia a annoncé son retrait après la publication de propos racistes et antisémites révélés par Politico. Ces messages, jugés “inacceptables” jusque dans les rangs républicains, illustrent la dérive identitaire d’une partie du parti conservateur américain.
Le scandale a éclaté lundi 20 octobre, lorsque le média Politico a publié une série de messages internes échangés sur un groupe de discussion réunissant plusieurs figures des Jeunes républicains. Parmi eux, Paul Ingrassia, 30 ans, avocat et proche de Donald Trump, récemment nommé à la tête du Bureau du procureur spécial — une agence chargée d’enquêter sur des responsables fédéraux. Dans ces échanges, l’homme écrit notamment : « J’ai effectivement un côté nazi de temps en temps, je l’admets », avant d’ajouter : « Martin Luther King était le George Floyd des années 1960, le jour férié en son honneur devrait être supprimé et remisé à sa place, au septième cercle de l’enfer ».
Ces révélations ont provoqué une onde de choc jusque dans les rangs républicains. Face à la controverse, Paul Ingrassia a annoncé mardi 21 octobre son retrait de la nomination, alors que la Chambre haute du Congrès semblait désormais opposée à sa confirmation. Son audition devant le Sénat, initialement prévue jeudi, a été annulée.
Ce n’est pas la première fois que le jeune avocat est éclaboussé par des accusations d’extrémisme. Politico rappelle qu’en juillet déjà, la procédure de nomination avait été suspendue en raison de ses liens présumés avec des figures controversées telles que Nick Fuentes, influenceur négationniste, et Andrew Tate, connu pour ses prises de position misogynes.
Le New York Times souligne que l’affaire illustre la banalisation croissante des propos haineux dans certaines sphères du pouvoir républicain. « Le fait que son processus de nomination ait été aussi loin montre combien les discours antisémites et racistes sont désormais tolérés, voire récompensés », écrit le quotidien américain.
Cette affaire survient une semaine après un autre scandale révélant des messages haineux échangés au sein de la Fédération des Jeunes républicains, où certains membres évoquaient leur admiration pour Hitler ou utilisaient des insultes raciales. Malgré l’indignation, le vice-président J.D. Vance a relativisé ces faits, les qualifiant de « blagues stupides » qui « ne devraient pas gâcher la vie » de leurs auteurs.
Plusieurs sections locales du mouvement conservateur, notamment au Kansas et dans l’État de New York, ont depuis été suspendues, et certains responsables impliqués ont été limogés. Mais ces affaires successives soulignent le malaise grandissant d’un Parti républicain tiraillé entre modérés et militants nationalistes, au moment où Donald Trump prépare sa campagne pour 2026.
Sources :
Courrier International – « “J’ai un côté nazi” : un candidat de Trump se retire après la publication de messages choquants » – lien
Politico – « Trump nominee withdraws after racist, antisemitic messages surface » – 20 octobre 2025 – lien
The New York Times – « Trump Pick Withdraws Amid Racist Text Messages » – 21 octobre 2025 – lien
The Guardian – « Republican youth leaders suspended after antisemitic and racist group chats » – 18 octobre 2025 – lien