Les États-Unis ont mené, mercredi 22 octobre, deux nouvelles frappes contre des embarcations soupçonnées de transporter de la drogue au large des côtes pacifiques d’Amérique latine. Ces attaques, les premières dans la région, traduisent la volonté de Washington d’étendre sa lutte contre les cartels au-delà de la mer des Caraïbes. Mais cette stratégie militaire, qui a déjà fait 37 morts, suscite une vive controverse jusque dans les rangs du Congrès.
Pour la première fois, les États-Unis ont frappé dans l’océan Pacifique dans le cadre de leur campagne militaire contre le narcotrafic. Mercredi 22 octobre, le ministre de la Défense américain, Pete Hegseth, a annoncé la destruction de deux embarcations suspectées de transporter des stupéfiants au large de la côte pacifique de l’Amérique latine. Cinq personnes ont été tuées lors de ces opérations.
Sur le réseau social X (ex-Twitter), Hegseth a publié des images de l’attaque accompagnées d’un message explicite : « D’après nos renseignements, le navire était impliqué dans le trafic illicite de stupéfiants, empruntant une route connue pour le transit de drogue. » Le Pentagone n’a cependant pas précisé la localisation exacte des frappes.
Ces deux nouvelles attaques portent à neuf le nombre total d’opérations militaires menées par les forces américaines depuis le 2 septembre. Selon un bilan communiqué par le département de la Défense, trente-sept personnes ont été tuées lors de ces frappes contre des navires civils, jusqu’ici concentrées dans la mer des Caraïbes — notamment au large du Venezuela.
C’est la première fois que l’armée américaine agit dans les eaux pacifiques, souligne The Wall Street Journal, où circulent d’importantes cargaisons de cocaïne en provenance de Colombie et d’Équateur, convoyées par vedettes rapides, sous-marins artisanaux ou chalutiers.
Pour Washington, il s’agit d’un tournant stratégique. « Ces frappes continueront, jour après jour », a déclaré Pete Hegseth, affirmant que les États-Unis élargissaient leur “campagne contre le trafic de drogue et la criminalité transnationale”.
Mais ces actions unilatérales risquent d’attiser les tensions diplomatiques, notamment avec la Colombie. Le président américain Donald Trump, revenu à la Maison-Blanche depuis janvier, a accusé son homologue Gustavo Petro de “laisser dériver” le trafic de cocaïne, tandis que le chef d’État colombien a dénoncé des “atrocités” commises par Washington.
Le président Trump a par ailleurs qualifié les cartels de drogue d’“organisations terroristes étrangères” et a menacé d’étendre les frappes aux “cibles terrestres” en Amérique latine. “Ils seront également frappés sur le territoire”, a-t-il averti, ouvrant la voie à une possible escalade militaire régionale.
Aux États-Unis, la stratégie du président républicain divise. Plusieurs élus du Congrès réclament des explications sur la base juridique de ces opérations, soupçonnées de violer le droit international. Des ONG de défense des droits humains évoquent des “exécutions extrajudiciaires”. Le Pentagone, lui, assure que les frappes sont “légales” et “proportionnées”, arguant qu’elles visent exclusivement des embarcations identifiées comme liées aux réseaux de narcotrafic.
Cette militarisation de la lutte antidrogue, d’une ampleur inédite depuis la guerre contre les cartels des années 1990, relance le débat sur l’efficacité et la légitimité des moyens employés. Pour The Wall Street Journal, ces frappes traduisent autant “la détermination de Washington” que “son isolement croissant face à ses alliés latino-américains”.
Sources :
Courrier International – « En frappant dans le Pacifique, les États-Unis élargissent leur lutte contre le narcotrafic » – 23 octobre 2025 – lien
The Wall Street Journal – « U.S. Expands Anti-Drug Strikes to Pacific Waters » – 22 octobre 2025 – lien
AFP – Dépêche internationale sur les frappes américaines contre le narcotrafic – 22 octobre 2025 – lien