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Siège d'Oracle. Photo : @Gregory Varnum

Oracle et la bulle IA : la situation du géant américain inquiète Wall Street

Le coût de couverture contre un défaut d’Oracle , géant de la tech américain spécialisé dans le gestion de données et membre du Forum économique mondial atteint des sommets inédits depuis la crise financière de 2008. Entre investissements massifs dans l’intelligence artificielle et endettement croissant, l’inquiétude grandit sur les marchés quant à l’émergence d’une nouvelle bulle technologique.

Les signaux d’alerte s’intensifient sur les marchés financiers. Oracle, mastodonte historique de l’informatique d’entreprise, voit son risque de crédit grimper en flèche, alimentant les craintes d’une bulle spéculative autour de l’intelligence artificielle. D’après Bloomberg, les credit default swaps (CDS) — ces instruments financiers permettant de se couvrir contre un défaut de paiement — ont bondi à 1,28 % par an pour Oracle, contre seulement 0,36 % en juin dernier. Un niveau qui n’avait plus été atteint depuis la crise financière de 2009.

Ce regain de tension trouve son origine dans une stratégie de financement particulièrement agressive. Oracle multiplie les levées de fonds obligataires pour soutenir ses investissements dans le cloud et l’intelligence artificielle, notamment dans le cadre de son partenariat stratégique avec OpenAI, autre géant membre du WEF. ICE Data Services souligne que la société figure désormais parmi les géants du cloud les plus exposés sur le plan du crédit. Ce positionnement fragilise sa solvabilité perçue, surtout dans un contexte où les marchés s’interrogent sur la rentabilité à court terme de ces projets d’envergure.

L’ombre de la bulle Internet plane à nouveau sur Wall Street. Plusieurs analystes établissent un parallèle entre l’emballement actuel autour de l’IA et la frénésie boursière des années 2000. Chez TD Securities, on observe un « sentiment de marché » qui rappelle les excès de cette époque. Morgan Stanley va plus loin, estimant que si l’endettement d’Oracle continue de croître, son coût de couverture pourrait frôler les 2 %, niveau historiquement atteint au plus fort de la crise de 2008.

Mais Oracle n’est pas un cas isolé. Le marché obligataire américain dans son ensemble est marqué par une dynamique effervescente : les émissions d’obligations d’entreprises ont dépassé les 1,5 trillion de dollars en 2025, et pourraient franchir le seuil des 2,1 trillions l’an prochain — un record absolu, dopé par l’engouement autour de l’intelligence artificielle. De nombreuses entreprises s’endettent à marche forcée pour moderniser leurs infrastructures numériques, dans une course à la puissance de calcul et à l’innovation.

Cette frénésie n’est pas sans conséquence : les coûts explosent, les marges s’amenuisent, et les attentes en matière de rendement deviennent de plus en plus difficiles à satisfaire. « Si les promesses liées à l’IA ne se concrétisent pas rapidement, le marché du crédit risque d’en payer le prix », alerte un analyste américain, alors que les investisseurs obligataires se montrent de plus en plus sélectifs.

La révolution IA, bien qu’indéniablement porteuse de transformations économiques majeures, semble aujourd’hui avancer sur une ligne de crête. Le rêve technologique, en cas d’emballement excessif, pourrait bien se heurter à une réalité financière plus rugueuse. Les premières fissures sont là, et l’histoire des bulles passées nous rappelle que les craquements précèdent souvent les déflagrations.

Sources :

Les Échos – Oracle sous pression : le coût du risque explose et rallume le spectre d’une bulle de l’IA – lienAttachment.tiff

Bloomberg – Données sur les CDS Oracle – lienAttachment.tiff

ICE Data Services – Données sur les émissions obligataires – lienAttachment.tiff

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