Face à la diffusion de vidéos offensantes créées via son application Sora, OpenAI a décidé d’interdire toute utilisation de l’image de Martin Luther King Jr. Une mesure prise après la plainte des héritiers du leader des droits civiques, choqués par les détournements de son image à des fins parodiques.
OpenAI a tranché. L’entreprise américaine, à l’origine de ChatGPT et du générateur vidéo Sora, a annoncé dans la nuit du jeudi 17 au vendredi 18 octobre qu’elle bloquait désormais la création de contenus utilisant l’image du révérend Martin Luther King Jr. Cette décision intervient après plusieurs plaintes déposées par les héritiers du célèbre militant afro-américain pour atteinte à son image et à sa mémoire.
Depuis le lancement de Sora, un réseau social dédié aux créations générées par intelligence artificielle, des vidéos hyperréalistes montrant Martin Luther King Jr dans des situations dégradantes ou choquantes avaient envahi les plateformes. Selon la radio publique américaine NPR, certaines séquences le représentaient en train de voler dans une épicerie, de fuir la police ou encore de prononcer des discours racistes, parodiant son légendaire I Have a Dream.
Ces détournements ont suscité une vive indignation, tant dans les milieux universitaires que parmi les défenseurs des droits civiques. Les ayants droit de King ont exigé qu’OpenAI empêche toute utilisation non autorisée de son image. L’entreprise s’y est conformée, tout en affirmant qu’elle restait attachée à la liberté d’expression et à la possibilité d’explorer l’histoire à travers les outils de l’IA.
« Nous pensons qu’il existe une valeur artistique et éducative à représenter des figures historiques via l’intelligence artificielle », a expliqué un porte-parole d’OpenAI, « mais nous estimons également que les héritiers doivent garder le contrôle sur l’usage de ces images. »
Le fonctionnement même de Sora soulève d’importantes questions juridiques et éthiques. Lors de l’inscription, les utilisateurs doivent filmer leur visage sous plusieurs angles et enregistrer leur voix, donnant ainsi potentiellement accès à leur image à d’autres créateurs. Surtout, la plateforme permet de générer des vidéos de personnalités vivantes ou décédées, sans autorisation préalable. Outre Martin Luther King Jr, des figures comme la princesse Diana, John F. Kennedy, Kurt Cobain ou Malcolm X ont déjà fait l’objet de reconstitutions numériques parfois douteuses.
Pour Kristelia García, professeure de droit de la propriété intellectuelle à l’université de Georgetown, OpenAI reste fidèle à sa stratégie consistant à « demander pardon plutôt que la permission ». Autrement dit, l’entreprise agit souvent après coup, sous la pression des critiques ou des plaintes, plutôt que de prévenir les dérives.
Si OpenAI n’a pas encore annoncé d’interdiction générale concernant les personnages historiques, cette affaire marque un précédent. Elle ouvre un débat plus large sur les frontières du droit à l’image, la responsabilité des plateformes d’IA générative et la protection du patrimoine symbolique de grandes figures de l’histoire.
Sources :
Courrier International – publié le 18 octobre 2025 – https://www.courrierinternational.com
NPR – « OpenAI restricts AI-generated videos of Martin Luther King Jr after family complaints » – https://www.npr.org