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Jakobus Onnen. Photo : @Metropol

Intelligence artificielle : l’identité du bourreau nazi d’une photo emblématique de la Seconde Guerre mondiale enfin révélée après 80 ans

Grâce à l’intelligence artificielle, un historien allemand est parvenu à identifier le soldat nazi figurant sur l’une des photographies les plus terrifiantes de la Shoah. Huit décennies après les faits, la technologie éclaire d’un jour nouveau un épisode tragique de l’histoire européenne.

Longtemps, son visage est resté celui de l’anonymat du mal. Dans un cliché glaçant pris en 1941, un soldat nazi, lunettes rondes et pistolet au poing, s’apprête à exécuter un homme agenouillé au bord d’une fosse commune, sous le regard indifférent de ses camarades de la SS. Connue sous le nom du « Dernier Juif de Vinnitsa », cette photographie est devenue l’un des symboles les plus saisissants de la barbarie nazie. Aujourd’hui, grâce à l’intelligence artificielle, son bourreau a enfin un nom : Jakobus Onnen.

L’enquête, menée par l’historien allemand Jürgen Matthäus, s’appuie sur les dernières avancées en reconnaissance faciale et sur un patient travail d’archives. Publiée dans le Journal of Historical Studies, elle révèle que la scène ne s’est pas déroulée à Vinnitsa comme on le croyait, mais dans la citadelle de Berdytchiv, en Ukraine, le 28 juillet 1941. Le régiment impliqué, Einsatzgruppe C, avait reçu pour mission d’éliminer les « Juifs et partisans » avant une visite d’Adolf Hitler dans la région.

Né en 1906 à Tichelwarf, en Allemagne, Jakobus Onnen enseignait l’anglais, le français et la gymnastique avant de rejoindre le parti nazi dès 1931. Décrit comme un militant fervent, il s’enrôle en 1939 dans l’unité de la SS-Totenkopf à Dachau, avant d’être affecté en Pologne occupée au sein de la police d’ordre, puis à l’Einsatzgruppe C en 1941, peu après l’invasion de l’Union soviétique. Ce détachement est responsable de l’extermination quasi totale des 20 000 Juifs présents à Berdytchiv à l’arrivée des troupes allemandes.

C’est un témoignage fortuit qui a mis l’historien sur la piste : après la publication d’articles allemands évoquant la véritable localisation du massacre, un lecteur a reconnu le visage du soldat sur la photo. Selon des lettres familiales conservées depuis la guerre, le tireur ressemblait étrangement à l’oncle de sa femme : Jakobus Onnen. Les correspondances et données biographiques transmises ont permis de confirmer cette intuition.

Matthäus a ensuite collaboré avec les bénévoles du collectif d’investigation Bellingcat, réputé pour ses analyses d’images en sources ouvertes. Grâce à un algorithme de reconnaissance faciale, les chercheurs ont comparé les traits du soldat à plusieurs portraits connus d’Onnen. Le taux de correspondance, « exceptionnellement élevé » selon les experts, a convaincu les chercheurs de publier leur conclusion.

Pour autant, l’historien reste prudent : « L’intelligence artificielle n’est pas une solution miracle, mais un outil parmi d’autres », souligne-t-il. « Le facteur humain demeure essentiel. »

Onnen, qui n’a jamais dépassé un rang subalterne, a été tué en 1943 lors de combats contre des partisans ukrainiens dans la région de Jytomyr. Quant à sa victime, dont l’identité demeure inconnue, Matthäus entend poursuivre ses recherches à l’aide d’archives soviétiques — et peut-être, une nouvelle fois, du concours de l’IA.

Cette découverte illustre la manière dont la technologie, souvent critiquée pour ses dérives, peut aussi servir la vérité historique. En mettant un nom sur le visage d’un bourreau, elle rappelle que la mémoire des crimes du XXe siècle repose autant sur la science que sur la conscience.

Source : New York Post.

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