Face à la recrudescence des attaques d’ours dans certaines régions du Japon, les autorités locales peinent à contenir le phénomène. Pour répondre à cette menace grandissante, des chercheurs nippons ont mis au point un système d’intelligence artificielle capable d’identifier la présence des animaux en temps réel, dans l’espoir de prévenir les incidents avant qu’ils ne surviennent.
Le Japon fait face à une augmentation spectaculaire des attaques d’ours, parfois mortelles, dans plusieurs régions du pays. Depuis le début de l’année 2025, sept personnes ont perdu la vie et 108 ont été blessées, selon l’agence Jiji Tsushin. Il s’agit d’un record depuis 2006, date à laquelle le gouvernement a commencé à suivre officiellement ces incidents.
Ce phénomène s’explique notamment par le déclin démographique du pays : les zones rurales et montagneuses, désormais peu habitées, laissent plus de place à la faune sauvage.
Les ours noirs asiatiques, autrefois confinés dans les forêts, s’aventurent désormais dans les zones urbaines et résidentielles, à la recherche de nourriture.
Une IA prédictive développée à Tokyo
Pour tenter de contenir cette menace, des chercheurs de l’université Jochi (Sophia University), à Tokyo, ont mis au point une intelligence artificielle capable de prédire la présence d’ours avec une précision de 65,5 %, rapporte le Mainichi Shimbun.
Sous la direction du chercheur Yusuke Fukazawa, spécialiste de l’apprentissage automatique, l’équipe a analysé des données de 2021 et 2022 issues de la préfecture d’Akita (nord du Japon) comme les conditions météorologiques, les horaires d’activité animale, le relief et la végétation, ainsi que la proximité de zones urbaines.
L’IA a ensuite été testée sur les données réelles de 2023, et a correctement anticipé plus de six apparitions d’ours sur dix.
Des applications concrètes pour la sécurité publique
Cette IA pourrait devenir un outil d’alerte préventif pour les collectivités locales et les habitants. Grâce à des cartes de probabilité mises à jour en temps réel, les citoyens pourraient être avertis par notifications mobiles en cas de risque accru de présence d’ours.
Le gouvernement de Hokkaido, région du nord particulièrement touchée par les attaques, envisage déjà de développer un système similaire.
“Nos estimations ne sont pas parfaites, mais elles peuvent contribuer à sauver des vies”, a déclaré Yusuke Fukazawa au Mainichi Shimbun.
Entre technologie et écologie : un équilibre à trouver
Si la technologie offre une réponse prometteuse, elle soulève aussi des questions éthiques et écologiques. Certains défenseurs de la nature rappellent que ces attaques traduisent surtout une désorganisation de l’écosystème, liée à la désertification humaine et au manque de ressources naturelles dans les montagnes.
L’intelligence artificielle pourrait ainsi jouer un rôle clé, non seulement pour prévenir les incidents, mais aussi pour mieux comprendre les interactions entre humains et animaux sauvages dans un Japon en mutation démographique rapide.
Source : Courrier international.
