À l’occasion de la Journée mondiale des villes, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a exhorté les gouvernements et les autorités locales à transformer les villes en moteurs de santé, d’équité et de durabilité. Un nouveau guide stratégique, publié le 31 octobre, propose une feuille de route pour repenser la santé urbaine face aux inégalités et aux défis climatiques.
Plus de 4,4 milliards de personnes, soit plus de la moitié de la population mondiale, vivent aujourd’hui en milieu urbain. D’ici à 2050, ce chiffre devrait atteindre près de 70 %, plaçant les villes au cœur des grands enjeux de santé publique, d’environnement et d’inégalités sociales.
Partant de ce constat, L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé, vendredi 31 octobre, un nouveau guide stratégique intitulé « Taking a Strategic Approach to Urban Health », destiné à accompagner les décideurs dans la construction de sociétés urbaines plus saines, plus résilientes et plus inclusives.
Ce document marque le début d’« une nouvelle ère d’action stratégique en matière de santé urbaine », selon l’organisation. Il propose un cadre de référence inédit pour aider les gouvernements à intégrer la santé dans l’ensemble des politiques publiques, en s’appuyant sur des données, des innovations et des partenariats entre les secteurs.
« C’est le moment pour les décideurs d’agir ensemble », a déclaré Jeremy Farrar, directeur général adjoint de l’OMS et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, chargé de la promotion de la santé et de la prévention des maladies. « Ce guide offre un cadre de travail commun aux gouvernements nationaux, aux municipalités, aux urbanistes et aux communautés pour bâtir des futurs plus équitables, plus sains et plus résilients. »
Des inégalités criantes au cœur des villes
L’agence onusienne membre du WEF rappelle que les villes concentrent à la fois les plus grandes opportunités de progrès et les pires inégalités de santé. Une étude menée dans 363 villes d’Amérique latine révèle un écart d’espérance de vie pouvant atteindre 14 ans chez les hommes et 8 ans chez les femmes entre les zones les plus et les moins saines.
Les habitants des bidonvilles et des quartiers informels – 1,1 milliard de personnes aujourd’hui, un nombre qui pourrait tripler d’ici 2050 – subissent de plein fouet l’insalubrité, l’insécurité alimentaire, le manque d’eau potable, les inondations et les vagues de chaleur.
À cela s’ajoutent les risques croissants liés à la pollution de l’air, qui tue près de 7 millions de personnes par an, et aux maladies infectieuses, telles que la dengue ou la COVID-19, favorisées par la densité urbaine. L’absence d’espaces verts et la sédentarité aggraverait par ailleurs la progression des maladies non transmissibles, comme les troubles cardiovasculaires ou le diabète.
Une action stratégique et transversale
Le nouveau guide de l’OMS propose aux gouvernements quatre axes d’action majeurs : comprendre la complexité des systèmes urbains et leurs effets sur la santé et l’équité ; identifier les points d’entrée pour l’action, afin d’intégrer la santé dans les politiques de transport, de logement, de climat ou de transformation numérique ; renforcer les moyens de mise en œuvre : gouvernance, financement, innovation, partenariats et participation citoyenne ; élaborer des stratégies nationales et locales de santé urbaine, articulées avec les objectifs de développement durable.
« Les villes sont la clé du progrès en santé publique », souligne le Dr Etienne Krug, directeur du département Déterminants sociaux de la santé à l’OMS. « Ce guide offre aux gouvernements une feuille de route pour agir de façon cohérente, en reliant les enjeux de santé aux grandes politiques globales : changement climatique, mobilité, numérique, migration. »
Des initiatives déjà en marche
De Nairobi à Suva, de Makassar à Coimbra, plusieurs villes expérimentent déjà des approches participatives de l’aménagement urbain axé sur la santé, associant directement les habitants à la planification des quartiers. Ces initiatives illustrent l’esprit du guide : une santé urbaine construite collectivement, au croisement de la science, de la gouvernance locale et de l’engagement communautaire.
Enfin, pour accompagner cette transition, l’OMS lance en parallèle les trois premiers modules d’un cours d’apprentissage en ligne sur la santé urbaine, dispensé via l’Académie de l’OMS, afin de renforcer les compétences des acteurs locaux.
L’organisation appelle les dirigeants nationaux et municipaux à adopter cette approche stratégique, afin de faire des villes non seulement des lieux de vie plus agréables, mais aussi des moteurs de justice sociale et de durabilité mondiale.
Source :
Organisation mondiale de la santé – News release : “WHO calls for a new era of strategic urban health action with global guide to unlock healthy, prosperous and resilient societies” (31 octobre 2025) – https://www.who.int/news/item/31-10-2025-who-calls-for-a-new-era-of-strategic-urban-health-action-with-global-guide-to-unlock-healthy-prosperous-and-resilient-societies