La motion de censure déposée par La France insoumise et soutenue par les députés communistes et écologistes a été rejetée sans surprise ce jeudi 16 janvier 2025. Seuls 131 députés ont voté en faveur du texte, soit 157 voix de moinsque les 288 nécessaires pour faire tomber le gouvernement de François Bayrou.
Dès l’annonce de cette motion, les 124 députés du Rassemblement National (RN) avaient prévenu qu’ils ne la soutiendraient pas, réduisant ainsi ses chances d’aboutir. L’enjeu du vote était donc principalement d’évaluer les rapports de force à gauche, notamment au sein du Nouveau Front Populaire (NFP).
Le Parti socialiste, profondément divisé, a finalement choisi de ne pas voter la motion. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure a justifié cette position par une volonté «de ne pas pratiquer la politique du pire, parce qu’elle peut conduire à l’arrivée de l’extrême droite ». Toutefois, sur les 66 députés socialistes, huit députés socialistes ont choisi de soutenir le texte, soulignant ainsi une fracture interne :
- Paul Christophle (Drôme)
- Alain David (Gironde)
- Claudia Rouaux (Ille-et-Vilaine)
- Pierrick Courbon (Loire)
- Inaki Echaniz (Pyrénées-Atlantiques)
- Peio Dufau (Pyrénées-Atlantiques)
- Fatiha Keloua Hachi (Seine-Saint-Denis)
- Philippe Naillet (La Réunion)
Des absents et des choix assumés
Alors que la motion de censure a été rejetée, la cheffe de file des députés de La France insoumise, Mathilde Panot, estime que la « responsabilité » en revient « bien évidemment au Parti socialiste qui s’est (…) isolé du reste du Nouveau Front populaire, ainsi qu’au Rassemblement national qui confirme qu’ils ne sont que l’assurance-vie du système et des supplétifs de la Macronie ». « Aujourd’hui le Parti socialiste a décidé de se ranger du côté du problème, c’est-à-dire du côté d’Emmanuel Macron. »
La France insoumise a voté en bloc en faveur du texte, tout comme l’ensemble du groupe communiste, à l’exception de Yannick Monnet (Allier), qui a estimé que cette motion risquait « d’abîmer davantage le pays ».
Plusieurs absences notables ont également marqué ce vote, comme celles de Delphine Batho (écologiste, Deux-Sèvres) et Sandrine Rousseau (écologiste, Paris), cette dernière ayant affirmé avoir été retenue en commission.
Du côté du Rassemblement National et du groupe UDR dirigé par Éric Ciotti, l’abstention a été de rigueur, conformément à leur position initiale.
Un gouvernement Bayrou renforcé ?
Si ce rejet était prévisible, il met en lumière les fractures profondes au sein de la gauche et l’absence d’une opposition cohérente face au gouvernement Bayrou. Pour le Premier ministre, ce premier test parlementaire confirme qu’il dispose d’une majorité relative suffisamment solide pour gouverner, du moins pour l’instant.