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Image : CAPTURE VIDÉO/DOCUMENT « LE MONDE »

Motard percuté sur l’A4 par des policiers : une condamnation judiciaire plus lourde que les réquisitions du parquet

Le tribunal judiciaire de Créteil a condamné, ce jeudi 18 décembre 2025, deux policiers de la Préfecture de police de Paris à trois ans de prison avec sursis et à un an d’interdiction d’exercer leur fonction et de porter une arme. Les deux agents ont été reconnus coupables de violences volontaires aggravées pour avoir percuté intentionnellement un motard sur l’autoroute A4, en octobre dernier. La peine prononcée est nettement plus sévère que celle demandée par le parquet.

Les faits remontent au 14 octobre 2025, à hauteur de Charenton-le-Pont (Val-de-Marne). Ce jour-là, un véhicule de police a percuté un motard, Hugo V., alors qu’il circulait à vive allure sur l’A4. Le choc a failli provoquer une chute grave du conducteur de la moto.

L’enquête a rapidement progressé grâce à des images vidéo déterminantes. Une première séquence, captée par un automobiliste circulant à proximité, montre clairement la manœuvre du véhicule de police et la collision. D’autres images, issues de la vidéosurveillance et exploitées par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), ont conforté la version du motard.

Une version policière fragilisée par l’enquête

Les deux policiers, un gardien de la paix récemment titularisé et un major expérimenté, ont affirmé que la collision était accidentelle. Le conducteur du véhicule a expliqué avoir voulu emprunter une sortie d’autoroute pour rentrer plus rapidement, son collègue se sentant soudainement mal, et ne pas avoir vu le motard dans son angle mort.

Cette version a été largement remise en cause par l’IGPN. Les enquêteurs ont établi que la sortie évoquée ne correspondait pas à leur itinéraire et que les policiers ne l’avaient finalement pas empruntée après l’impact, ce qui a affaibli la crédibilité de leur défense.

Le témoignage du motard et les images clés

Dès le dépôt de plainte, le motard a indiqué avoir croisé les policiers quelques centaines de mètres auparavant. Il a reconnu avoir dépassé leur véhicule par la droite en interfiles, un élément confirmé par les images de vidéosurveillance.

Sur ces mêmes images, on observe un freinage brutal du véhicule de police juste après le dépassement. Le motard a évoqué l’hypothèse d’un geste de représailles, une interprétation rejetée par les policiers, qui ont affirmé ne pas se souvenir de cet épisode.

Une décision judiciaire plus sévère que prévu

Lors de l’audience du 1er décembre, le procureur de la République avait requis 18 mois de prison avec sursis et deux ans d’interdiction d’exercer. Le tribunal a finalement prononcé une peine plus lourde, estimant la gravité des faits avérée.

Dans ses réquisitions, le parquet avait souligné que ces violences portaient atteinte à l’intégrité de la fonction policière et risquaient d’éroder la confiance des citoyens envers l’institution.

Une exécution immédiate des sanctions professionnelles

Le tribunal a assorti l’interdiction d’exercer et de porter une arme d’une exécution provisoire. Même en cas d’appel, les deux policiers devront donc rendre leur arme et leur uniforme pour l’année 2026, sans attendre un éventuel nouveau procès.

L’avocat du motard, Arié Alimi, s’est félicité de la décision, estimant qu’elle reconnaît pleinement la gravité personnelle et démocratique des violences commises. Les avocats des policiers n’ont pas souhaité réagir à l’issue du jugement.

Une affaire emblématique du débat sur les violences policières

Cette condamnation intervient dans un contexte de forte sensibilité autour des violences policières et du contrôle de l’action des forces de l’ordre. Le caractère volontaire retenu par le tribunal et la sévérité de la sanction pourraient faire jurisprudence dans des affaires similaires impliquant des interventions policières sur la route.

Au-delà du cas individuel, cette décision relance le débat sur l’usage de la force, la responsabilité pénale des policiers et la place des images vidéo dans l’établissement de la vérité judiciaire.

Source : Le Monde.

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