Alors que des milliers de supporteurs étrangers peinent à obtenir un visa pour assister au Mondial 2026, Washington tente de désamorcer la polémique. Le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald Trump a annoncé la création d’un dispositif de rendez-vous prioritaires destiné aux détenteurs de billets, reconnaissant implicitement l’ampleur des retards consulaire. Une réponse politique sous pression, à quelques mois d’un événement planétaire.
La Maison Blanche a changé de ton. Après avoir affirmé en août qu’il serait « très facile » pour les fans internationaux de se rendre aux États-Unis durant la Coupe du monde 2026, Donald Trump a fini par reconnaître, avec prudence mais sans ambiguïté, l’ampleur des difficultés rencontrées par une partie du public étranger. Les délais exorbitants pour obtenir un visa, dénoncés depuis des mois par les fédérations comme par les supporteurs, menaçaient de transformer le Mondial nord-américain en casse-tête diplomatique.
Lundi 17 novembre, le président américain a ainsi dévoilé le FIFA Priority Appointment Scheduling System, ou FIFA PASS, un dispositif permettant aux détenteurs de billets pour les matchs organisés sur le sol américain de solliciter un rendez-vous prioritaire dans les ambassades et consulats. L’annonce, faite à Washington aux côtés du président de la FIFA, Gianni Infantino, marque une tentative claire de désengorger des services consulaires saturés. L’instance internationale a indiqué que ce système serait opérationnel début 2026.
Gianni Infantino s’est félicité d’un outil destiné à « garantir que les véritables fans puissent accéder au tournoi dans les meilleures conditions ». Entre cinq et dix millions de spectateurs sont attendus, un flux colossal pour une compétition qui, avec 78 rencontres organisées aux États-Unis sur un total de 104, repose largement sur l’afflux international.
L’administration américaine insiste toutefois sur les limites du dispositif. « Votre billet n’est pas un visa », a rappelé le secrétaire d’État Marco Rubio, précisant que la procédure de contrôle resterait inchangée. Le FIFA PASS n’offre qu’un accès prioritaire au rendez-vous, « en haut de la pile », mais ne réduit en rien les vérifications de sécurité, déjà renforcées depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Pour faire face à l’afflux de demandes, Washington affirme avoir déployé 400 agents consulaires supplémentaires dans le monde, certains postes ayant vu leurs effectifs doubler. Une mesure d’urgence alors que les retards continuent de pénaliser de nombreux supporteurs : les Colombiens doivent aujourd’hui attendre près de neuf mois et demi pour un rendez-vous, les Ghanéens environ huit mois, et les Marocains six mois et demi. Des délais tels qu’ils menacent purement et simplement la venue de fans dont les sélections sont pourtant qualifiées.
Ce climat de tension est renforcé par le durcissement de la politique migratoire américaine. Le travel ban instauré le 9 juin interdit déjà l’accès au territoire à des ressortissants de douze pays, dont l’Iran, privant a priori leurs supporteurs de toute participation au tournoi. Les conséquences de cette ligne dure se font sentir au-delà du football : en juin, l’équipe féminine de basket du Sénégal a dû renoncer à un stage d’entraînement aux États-Unis, faute de visa.
À quelques mois d’un Mondial annoncé comme l’un des plus fréquentés de l’histoire, la capacité de Washington à fluidifier le traitement des visas sera déterminante. Le FIFA PASS se veut un signal d’ouverture. Reste à vérifier si ce geste suffira à dissiper la frustration grandissante d’une partie du public international, déjà échaudé par l’ampleur des obstacles administratifs.
Sources :
Le Monde – Coupe du monde 2026 : Donald Trump promet d’accélérer le traitement des demandes de visas des supporteurs (18 novembre 2025) – lien.