Ce week-end, les 32es de finale de la Coupe de France marqueront le choc entre clubs professionnels et amateurs. Pourtant, derrière le mythe des « petits clubs », une transformation profonde s’opère. De nombreux clubs de National 2 (N2) et National 3 (N3) à l’instar de Bourgoin-Jallieu adoptent désormais des standards professionnels, bouleversant l’essence même du football amateur.
Fini les entraînements en soirée après une journée de travail, place à des séances matinales dignes des clubs professionnels. À Bourgoin-Jallieu (N3), le quotidien des joueurs ressemble à celui des pros : arrivée tôt, prévention, vidéo, séance sur le terrain, récupération, et musculation. Freddy Morel, entraîneur du club, s’appuie sur un staff complet comprenant analystes vidéo, kinésithérapeutes, préparateurs physiques, et même un médecin disponible sur place.
Cette organisation s’accompagne de rétributions financières conséquentes. Les salaires mensuels nets oscillent entre 1 800 et 2 300 euros, un luxe pour des amateurs, mais une nécessité pour maintenir ce niveau d’exigence.
Un budget conséquent pour un modèle fragile
Avec un budget annuel de 1,3 million d’euros, Bourgoin-Jallieu consacre près de la moitié de cette somme à son équipe première et son staff. Mais ce modèle reste fragile. Les droits TV sont inexistants et les aides de la Fédération Française de Football limitées. La billetterie ne représente que 7 % des revenus, tandis que le club s’appuie sur un réseau dense de 250 partenaires locaux pour équilibrer ses comptes.
Malgré ces efforts, le président Djemal Kolver souligne dans les colonnes de RMC Sport que cette « semi-professionnalisation » ne doit pas faire perdre l’âme du football amateur : « Nous privilégions les valeurs humaines dans nos recrutements, pas seulement l’argent. »
Une évolution irréversible
Cette transformation du football amateur est portée par l’exigence croissante des joueurs, souvent issus de centres de formation professionnels. Tous ont désormais un agent, et les clubs doivent offrir des conditions attractives pour les recruter. Freddy Morel admet que le niveau d’exigence n’a jamais été aussi élevé : « Pour performer, il faut s’entraîner comme un pro.«
Source : RMC sport