Né dans la foulée de l’annonce du plan d’austérité de François Bayrou, le mouvement « Mobilisation 10 septembre » appelle à bloquer le pays pour dénoncer des mesures jugées injustes. Porté par des figures proches des Gilets jaunes et sans affiliation politique revendiquée, le collectif entend faire entendre le « ras-le-bol » des Français dès la rentrée.
« Ras-le-bol de payer pendant que d’autres encaissent. » Ce message, repris en boucle sur les réseaux sociaux, cristallise le mécontentement croissant d’un pan de la société française à l’approche de la rentrée 2025. Dans la foulée de l’annonce par François Bayrou, le 15 juillet, d’un plan d’économies de 43,8 milliards d’euros, le collectif « Bloquons tout – Mobilisation 10 septembre » appelle à une grève illimitée et à une paralysie du pays dès le mercredi 10 septembre. L’objectif est clair : dénoncer des mesures perçues comme antisociales, dont l’instauration d’une « année blanche » pour les prestations sociales, la stagnation des pensions de retraite et la suppression de deux jours fériés.
Le premier signe de cette mobilisation est apparu dès le 14 juillet sur TikTok, via une vidéo du groupe « Les Essentiels », prônant une France « souveraine » et appelant à la désobéissance civile. L’appel a rapidement été repris sur Facebook, notamment par Anaïs Albertini, une ancienne figure des Gilets jaunes, qui a invité ses abonnés à se joindre au mouvement sans toutefois se positionner comme l’une de ses organisatrices. Sur les plateformes sociales, le message du collectif est relayé par des internautes de tous horizons politiques, sans affiliation ni idéologie officielle revendiquée.
Sur son compte X (anciennement Twitter), créé le 20 juillet, le collectif insiste sur son indépendance : « Nous ne parlons au nom d’aucun parti, d’aucune idéologie », peut-on y lire. Le site Internet du mouvement, mis en ligne le 19 juillet mais temporairement suspendu depuis le 24 à la suite d’un piratage présumé, apportait des éléments supplémentaires sur l’origine du groupe. Selon l’Humanité, l’un des fondateurs, salarié d’Enedis, aurait affirmé que le plan Bayrou est la cause première de cette mobilisation, dénonçant un « système qui pénalise ceux qui travaillent ». Une version contestée par les coordinateurs du mouvement, qui affirment n’avoir eu aucun contact avec les médias pendant cette période.
Les revendications, quant à elles, sont explicites : un réinvestissement massif dans les services publics, la fin des suppressions de postes, l’indexation des revenus sociaux sur le coût de la vie réelle et un appel à la motion de censure contre le plan budgétaire. À cela s’ajoutent des consignes concrètes : retrait d’argent des grandes banques, boycott des grandes surfaces comme Carrefour ou Amazon, et grève générale.
Si l’ampleur de la mobilisation reste à déterminer, les signaux de colère se multiplient. Une carte interactive des rassemblements prévus circule sur Telegram, mise à jour régulièrement par les membres du collectif. En parallèle, l’intersyndicale, bien que non impliquée dans le mouvement, a lancé une pétition qui a déjà réuni 100 000 signatures contre le budget 2026.
Face à une rentrée sociale qui s’annonce sous haute tension, la mobilisation du 10 septembre pourrait-elle se transformer en mouvement d’ampleur, à l’image des Gilets jaunes en 2018 ? À ce stade, aucune organisation structurée ne prend officiellement les rênes, mais le message de ras-le-bol généralisé semble trouver un écho grandissant dans une population déjà éprouvée par les crises successives.
Source : Libération, L’Humanité, Le Parisien, Challenges.